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L’islamisation de l’Europe : qu’en est-il vraiment?

En France, il est très compliqué d’avoir une idée de la taille de la population musulmane. Les 4,1 millions de musulmans en France affichés par l’Observatoire de la laïcité semblent constituer un chiffre sous-évalué. Les estimations du Pew Research Center américain, qui avance le chiffre de 5,6 millions, paraissent plus plausibles. D’après le sondeur et politologue Jérôme Fourquet, qui a dépouillé les données de l’INSEE, 19 % des nouveau-nés en France en 2019 portent un prénom arabo-musulman. La majorité des musulmans français est issue des anciennes colonies du Maghreb. Mais le poids des musulmans originaires d’Afrique noire (Mali, Guinée, Sénégal…) ne cesse d’augmenter.

Ingérence de nombreux pays étranger

L’islam français doit compter avec l’ingérence de nombreux pays étrangers (Maroc, Algérie, Turquie, Arabie Saoudite, Qatar, Iran, etc.). Surtout, on tend trop à négliger ou à occulter le poids de « l’islam consulaire » marocain et algérien en France. Pourtant, les gouvernements de ces deux pays rivaux entendent exporter des imams, financer des mosquées, surveiller leurs ressortissants sur le territoire français afin de peser le plus lourd possible dans l’islam hexagonal.
La volonté de tous les ministres de l’Intérieur, de gauche comme de droite depuis 1986 (Pasqua, Joxe, Chevènement, Vaillant, Sarkozy, Villepin, Valls, Darmanin…), d’organiser un culte musulman est la preuve éclatante de notre indéracinable mentalité gallicane. Or, la constitution d’un culte musulman francisé et organisé bute sur trois obstacles.

Les différents obstacles pour l’Etat

Premier obstacle : l’article 2 de la loi de 1905. Tant que les cultes seront juridiquement une affaire privée, l’État ne pourra pas véritablement les organiser. Deuxième obstacle : nos dirigeants, par habitude historique de vieux pays catholique, projettent à tort sur l’islam l’image du clergé catholique très organisé et hiérarchisé. Or, sur le plan organisationnel, l’islam sunnite (contrairement au chiisme) est anarchique et décentralisé. N’importe qui peut se prétendre imam et il n’y a ni clergé organisé, ni hiérarchie, ni équivalent du pape. Il est fort difficile de trouver un interlocuteur qui ne soit pas immédiatement contesté par d’autres et il n’y a pas d’arbitre suprême. Troisième obstacle : les musulmans en France en 2023 sont fort nombreux et une partie d’entre eux sont gagnés par un discours islamiste, ne voulant nullement d’un islam de France dialoguant avec l’État. Le problème de l’islam de France, contrairement à ce que pensent les locataires de la place Beauvau, n’est pas simplement financier, organisationnel et institutionnel. Il est d’abord et avant tout sociologique, démographique, culturel, politique et idéologique.

Les chiffres

Toutefois, les chiffres ne sont pas aisés à établir. Si l’on veut rester scientifique et factuel, ce n’est pas en constatant la popularité du prénom Mohamed que l’on avancera. C’est là une fallace statistique classique — dénoncée à juste titre par Nassim Nicholas Taleb : la popularité du prénom Mohamed reste très élevée parmi les musulmans, donc à populations égales il y aura plus de Mohamed que de Pierre, Jan et Eric. Ce qui ne « prouve » strictement rien.

La dernière étude fiable sur le sujet date malheureusement de 2015/2016. C’est l’étude du Pr. Jan Hertogen, généralement considérée comme fiable et reprise par le Département d’État américain. Selon cette étude, le pourcentage de musulmans à Bruxelles était en 2015 de 24 %. Des chiffres plus récents sont fournis par le Pew Research Center, mais seulement pour la Belgique dans son ensemble, sans détail par ville. En 2016, 29 % des Bruxellois se revendiquaient musulmans. Si l’on contemple la courbe de progression, on peut estimer que le pourcentage de musulmans à Bruxelles se situe très probablement aujourd’hui en 2023 au début des 30 %.

Les chiffres n’attestent donc en rien une majorité musulmane à Bruxelles — ni sa réalité ni son imminence. Contrairement aux fantasmes d’une certaine droite qui réfléchit aussi mal que la gauche, en Europe, le taux de fécondité des femmes musulmanes s’est effondré, suivant en cela la courbe générale (même s’il reste plus élevé que chez les « natifs » : la faute à qui ?). Le fantasme d’une fécondité musulmane explosive en Europe est un pur mythe. Les préventions légitimes à l’égard de l’islam comme doctrine politique ne doivent pas nous éloigner des catégories élémentaires du raisonnement.

L’immigration

Bruxelles n’est pas majoritairement musulmane, et rien ne permet d’affirmer avec certitude qu’elle le deviendra. Car l’immigration n’est pas une donnée invariable, à l’instar de la gravitation universelle. Force est de constater que, dans l’ensemble de l’Europe sauf la Wallonie, nous assistons à l’ascension au pouvoir de partis et personnalités qui tendent vers l’immigration zéro, à tout le moins un moratoire sur l’immigration. Qu’on approuve ou pas cette tendance, c’est un fait.

Car, en dépit des allégations de la gauche, qui présente l’immigration vers l’Europe comme inéluctable, l’immigration n’a strictement rien d’inéluctable. C’est la jurisprudence de la CEDH qui a créé le chaos migratoire actuel, en combinaison avec le Wir Shaffen Das de Angela Merkel.

L’immigration n’est pas une sorte de catastrophe naturelle qui s’abattrait sur l’Europe, inévitablement, à l’instar d’une invasion de sauterelles ou d’un orage d’été. Le chaos migratoire que nous connaissons, en Europe, est un phénomène purement humain, causé par des politiques et des juges.

Or, ce qui a été fait peut-être défait. L’afflux de migrants que nous connaissons actuellement peut s’interrompre — après-demain, en neutralisant la CEDH. De ce point de vue, il sera intéressant d’observer ce que fera aux Pays-Bas Geert Wilders, qui a certes mis de l’eau dans son vin, mais qui souhaite mordicus mettre un terme au déferlement migratoire que connaît son joli pays. Sortir de la CEDH est une option — parmi d’autres.

 

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