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Littérature : Qui est vraiment Pia Petersen ?

Bien qu’elle n’ait rien demandé à personne, Pia Petersen est née à Copenhague. Elle aurait dû naître en France puisque ses parents y vivaient mais sa mère voulait, et on ne sait pas pourquoi, que son premier enfant voit le jour au pays d’origine. Non content d’avoir infligé une nationalité spécifique à leur fille, ses parents divorcent et sa mère l’oblige à la suivre. Pia Petersen a 5 ans lorsqu’elle intègre le pays nommé Danemark.

Depuis ce jour, Pia Petersen interroge la légitimité de l’idée d’origine afin de s’en libérer.

À l’âge de 7 ans elle annonce à ses parents qu’elle sera écrivain et qu’elle libèrera le verbe. Elle ne refuse pas sa scolarité mais jugeant qu’elle n’apprend rien d’important, ni d’essentiel, elle ne se présente à l’école qu’épisodiquement, au grand soulagement de ses professeurs qu’elle trouble avec ses questions insidieuses.

Elle ne s’y fait pas au Danemark où elle semble toujours dépasser des normes, ou circuler en marge, hors des catégories. Elle a déjà décidé qu’elle écrira en français mais c’est encore un peu tôt, elle doit d’abord découvrir le monde et la vie. A 16 ans, elle fait sa première tentative d’évasion, elle quitte le lycée et part en Grèce à la recherche de son grand amour, un personnage de fiction, Zorba la Grec, l’héros de Nikos Kazantzakis. Elle passe un an en Grèce vivant de petits boulots, femme de ménage à l’hôpital, loueuse de voitures, vendeuse dans des magasins de souvenirs, serveuse, elle est même chargée lors d’une courte période de pousser une chaise roulante avec, assise dedans, une dame âgée qu’elle n’a pas tuée, bien qu’elle y ait pensé. 

Seulement elle ne trouve pas Zorba et repart au Danemark.


Elle fait à nouveau une tentative d’adaptation à son pays d’origine mais se trouve vite cernée par le principe de précaution qui décidément l’empêche de humer la vie à plein poumons. Afin de pouvoir repartir au plus vite, elle décide de travailler dans l’hôtellerie, au Sheraton et au Codan où elle s’occupe de réception, réservation, standard sous l’œil inquiet de ses directeurs. Son sens critique inné semble peser lourd sur leur quotidien, aussi ils respirent plus librement quand elle démissionne.

Elle décide alors de partir pour la France. Elle part avec dix euros en poche et une dizaine de mots français. Le reste, elle verra sur place. Ses débuts en France sont plutôt compliqués. Après un long passage dans une secte, elle vit quelque temps dans les milieux des délinquants ou petits gangsters à Paris. Elle apprend beaucoup de choses sur la vie. En même temps elle commence son apprentissage de la langue avec le Rouge et le Noir de Stendhal et un dictionnaire. Elle relève une quinzaine de mots par page qu’elle apprend par coeur et peu à peu, elle arrive à structurer des phrases. Elle vit toujours de petits boulots, fast-food, restauration, mailings, vente par téléphone, vendeuse, intérimaire comme standardiste, réceptionniste à l’hôtel Concorde Lafayette. Les petits boulots l’arrangent. Pour écrire, il faut avoir l’esprit libre et les petits emplois ne nécessitent pas un effort intellectuel, seulement un peu de savoir faire et un esprit capable d’obéir, ce qui n’est pas de son ressort. Ses réflexions importunes l’oblige à changer très régulièrement de travail, d’autant que sa concentration ne se pose pas toujours là où elle le devrait.

On lui demande souvent pourquoi elle a choisi la langue française et voici une des réponses: la langue française est une langue très ouverte, aucune définition ne semble définitive, il y a toujours un mot à ajouter ou un truc à modifier, quelque chose à négocier. C’est une langue jamais fixée, toujours à faire. Il y a d’autres réponses mais elle les garde au cas où on lui demanderait de développer.

Après avoir appris ce qu’elle pouvait de la rue, elle s’inscrit à la Sorbonne pour une Entrée Spéciale à l’Université sur deux ans. L’hôtel où elle travaille refuse d’assouplir ses horaires et elle démissionne. Pas de compromis, il faut ce qu’il faut. Elle arrive alors à faire croire à un directeur du personnel de la SNCF qu’ils ont besoin d’une danoise qui parle français et on l’embauche à la Gare du Nord où elle débute par la vente des billets. Par manque de diplomatie, elle se trouve rapidement rétrogradée à l’information. Elle finit sa carrière fulgurante à la SNCF dans une petite bulle sur les quais de la gare où elle indique l’emplacement des toilettes aux voyageurs perdus. Les directeurs soupirent de soulagement quand elle décide de partir.

Elle obtient son diplôme de l’Entrée spéciale à l’université et s’inscrit en philosophie, toujours à la Sorbonne mais sa condition de vie ne s’améliore pas pour autant. Les premières années sont dures. Apprendre le Français et la philosophie en même temps s’avère être ardu. Elle ne sait pas bien ce que c’est, la philo puisqu’elle n’a pas appris de choses utiles lors de sa scolarité mais elle fait ce qu’elle peut pour rattraper sa culture perdue en travaillant 28 heures sur 24.
Comme le temps lui manque et qu’il faut quand même manger, bien qu’elle ait du mal à l’accepter, elle fait la manche et compte les pâtes qui constituent pendant pas mal d’années sa seule nourriture.

Les choses de la vie sont compliquées et parfois elle se dit que la vie veut en finir avec elle.

Après quelques épisodes qu’elle ne racontera pas, elle quitte Paris pour Aix-en-Provence où elle finit sa maîtrise de philo qu’elle obtient avec mention.

Début timide de l’écriture.

Elle ouvre alors une librairie-café à Marseille, Le Roi Lire, en partant de l’idée que le livre et le vin font  bon ménage et incitent à la discussion et à la polémique. La librairie ouvre le lieu à des activités diverses: lectures, débats, pièces de théâtre, soirées contes, expositions d’artistes avec vernissages, soirées musicales, débats. Seulement il est temps de se mettre à l’écriture, cesser de la fuir, elle ferme la librairie et commence à écrire à plein temps.

Désormais elle vit de l’écriture, tout en refusant les compromis, que cela soit dit

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