Comment et pourquoi on écrit un livre sur Libéralisme?

J’ai écris un livre sur la notion de bien commun dans la pensée économique depuis l’avènement des premières sociétés humaines, nonstricto-sensu sur le libéralismeJe détaille en particulier ce que j’appelle la longue phase théologique de l’édification de l’économie au cours de laquelle l’essentiel de ses principes et mécanismes actuels sont mis en place. Cela dit, il fallait bien entendu que je consacre une partie importante de mon étude au libéralisme, à son quadruple socle anthropologique, philosophique, politique et économique. En effet, l’essentiel du monde moderne a adopté au moins la dimension économique du libéralisme. De plus, la pensée anthropologique et philosophique du libéralisme soulève une difficulté intrinsèque en regard de la poursuite du bien commun, difficulté bien perçue par les pères fondateurs : comment un tel dessein est-il possible, est-il désirable, de la part d’une société prenant l’Homme tel qu’il est, c’est à direnotamment égoïste et cupide.

Comment definissez-vous le bien-commun?

Le bien commun ne se limite pas pour moi à la somme des intérêts individuels comme le propose une certaine école du libéralisme, il comporte aussi la prise en compte de tous les besoins dont la satisfaction n’a aucune chance d’être satisfaite seulement par la libre compétition entre les personnes et leurs entreprises, c’est à dire par les mécanismes de marché. Je peux citer, comme exemple de desseins de l’ordre du bien commun, la préservation de l’environnement pour les générations futures, le respect des droits humains d’être nourris, soignés et éduqués sans préjudice de la situation socio-économique des personnes, les grandes infrastructures utiles au plus grand nombre dans le futur, etc. 

Quel est pour vous le rôle de L’Etat?

En fait, le rôle de l’État est pour moi de même ordre que pour les fondateurs de l’école classique du libéralisme, Adam Smith en tête. Il diffère en revanche de la vision qu’en a l’école néo-classique et ses thuriféraires modernes se réclamant des écoles de Vienne et de Chicago, les « nouveaux classiques », sans parler bien sûr des libertariens. L’état fait respecter les règles du « doux commerce » dans le respect de la liberté des citoyens, notamment de celle d’entreprendre, il se donne les moyens politiques et financiers de poursuivre les objectifs de l’ordre du bien commun tels que définis ci-avant.

Ce livre est-il un plaidoyer de la social-democratie?

Ce livre est un plaidoyer en faveur de la prise en considération des objectifs du bien commun dans les finalités de l’économie, indépendamment sinon des modalités de son organisation. Pour en rester avec la réalité des définitions historiques qui diffèrent des acceptions actuelles, Roosevelt, son New-deal d’avant guerre aussi bien que les principes du « Second bill of rigths » de 1945, et John Maynard Keynes sont des sociaux-libéraux. La social-démocratie est, il faut le rappeler, marxiste à ses origines. Le libéralisme moderne est issu de la réaction dans les années 1980 des libéraux néo-classiques contre la conception d’une politique sociale de marché de Roosevelt et de Keynes. Le retour à une politique « sociale-libérale » de ce type me conviendrait largement autant qu’une sociale-démocratie du type de celle appliquée dans les pays du nord de l’Europe jusqu’à il y a peu.

Agathe Tuppin