Lyon : réminiscences Exposition du 2 au 26 février 2017
Les six artistes réunis pour cette exposition « Réminiscences » ont en commun cette volonté de faire resurgir une sorte de mémoire enfouie à la fois collective et personnelle, pour s’y ressourcer et y retrouver l’émotion d’une vérité intemporelle.
Leurs œuvres sont réincarnations de souvenirs fugitifs, d’irréalités rêvées, de figures disparues mythiques ou familières. Les regards des portraits de Martine Bligny viennent du plus profond de l’être et du plus loin de notre histoire commune. Ils sont sont ceux du recueillement, du mystère, de la prière, de l’apaisement et de l’intériorité sereine.
Quelque chose comme une fragilité, qui permettrait de s’introduire à l’intérieur de l’image et dans ce qu’elle sous-tend d’irréalité, de rêve et d’intemporalité. De l’argile pétrie par la main d’Evelyne Galinski, surgissent des humains hors du temps, primordiaux, vêtus de la Terre même dont ils sont faits.Ils questionnent assurément nos origines, notre raison d’être, nos vanités contemporaines. Ils sont de matière autant terrestre que céleste, autant corporelle que spirituelle. La peinture de Guy Brunet scrute les corps et les visages sans nom, les étreint, les bouleverse, les dépèce, les confronte, à la recherche d’une raison profonde, d’une vérité intime, d’un être intérieur.
Ce qui fascine dans cette peinture , c’est cette sur-réalité de l’irréel, cette manière de pousser à son extrême la représentation visible pour capter l’invisible et saisir dans la pénombre de l’atelier,. Il y a de la magie et de l’envoûtement dans cette peinture faite de chair et de pensée. Les créatures contemplatives de Nili Pincas, à la fois distantes et étrangement familières, sont métaphores, quêtes spirituelles et rêves tout autant d’évasion que de retour apaisant à un bonheur terrestre révolu. Dominique Bajard se réapproprie l’étrange beauté et la puissance mémorielle des squelettes de crânes, en les recréant dans une nouvelle dimension plastique, donnant ainsi libre-cours à son imagination et à ses talents de sculpteur-céramiste.
L’utilisation du raku confère à ces Vanités une matérialité d’une fascinante présence. Comme les œuvres d’Hubert Robert, peintre dessinateur du XVIII e siècle, « chasseur insatiable » des ruines de l’Europe Antique, les photographies de Frédéric Jean, par leur cadrage et cette lumière dont il a su les nimber, sont une exaltation de cette mélancolie de nature « romantique » assurément que l’on éprouve à la vue des sites des somptueuses architectures gréco-romaines. Il y a, en effet, chez ces six artistes, une mélancolie infuse propre à ce « nouveau romantisme » qui imprègne tout un pan de la création actuelle.
Pierre Souchaud