Mais pourquoi Fiat a-t-il choisi PSA ?
Le grand mariage à l’italienne dans le secteur automobile ne sera pas celui qu’on croit. Si les discussions se poursuivaient bien entre Paris et Rome, l’heureuse élue du côté français est finalement le groupe PSA Peugeot Citroën, au détriment de Renault.
Face à l’imbroglio causé par le gouvernement français dans les négociations franco-italiennes, face aussi à la gouvernance instable que connait Renault depuis presque un an – la chute de Carlos Ghosn, la mésentente du duo Senard-Bolloré et finalement la destitution de ce dernier, face à l’avenir incertain d’une alliance avec Nissan en perdition, Renault paraissait un partenaire trop compliqué, pas assez sûr.
Fiat a donc choisi l’assurance avec Peugeot-Citroën, un groupe franco-français qui n’en a pas oublié d’être international.
Car Peugeot, c’est le nouveau riche de l’automobile européenne.
Un groupe vieux de plus de 100 ans, mais qui a su évoluer au gré des mutations mondiales. L’entreprise est toujours familiale à l’heure actuelle, mais a su faire rentrer d’autres actionnaires – et pas des moindres – en temps voulu et s’en servir pour repartir de plus belle. En 2013, PSA se relevait très difficilement de la crise, on imaginait le pire pour l’entreprise et même une faillite. Il aura fallu beaucoup d’audace pour relever le groupe.
Et un pari, celui de faire rentrer l’Etat actionnaire. Cette même année donc, un pacte d’actionnaires réunit l’Etat, la famille mais surtout l’arrivée d’un partenaire chinois Dongfeng. Et depuis, le groupe a retrouvé ses marges, excellentes par rapport à d’autres concurrents. Il s’est même permis de reprendre l’allemand Opel, qui avait été un temps détenu par General Motors. Les anciennes équipes, qu’il a fallu remanier ont quand même apporté l’expertise de l’automobile américaine, ce n’est pas rien. Ca marche bien, à tel point qu’aujourd’hui, PSA se demande sérieusement s’il ne va pas produire directement ses véhicules aux Etats-Unis. Le pays de Trump ne lui fait même pas peur.
Du côté financier, Carlos Tavares continue de surprendre régulièrement les marchés, les analystes financiers mais surtout ses actionnaires avec des résultats record pour le groupe PSA. L’an dernier, le groupe a signé un bénéfice net record à 2,8 milliards d’euros, en hausse de 43% depuis l’an dernier. Mais aujourd’hui aussi et depuis 2017, l’Etat n’est plus actionnaire, les actions ont été revendues à BPI France. La Banque Publique d’Investissement est un actionnaire silencieux, qui soutient la stratégie en place et ne souhaite pas augmenter sa part au capital. Avec les Chinois, les relations sont stables, même si les attentes ont un peu diminué de ce côté-là.
Deuxième critère, la qualité que recherchait Fiat Chrysler chez sa promise, c’était d’être déjà convertie à l’électrique. PSA présentait cette qualité, comme en témoigne la commercialisation depuis quelques semaines de la 208 en version électrique.
Enfin, PSA, c’était 3 millions et demi de véhicules vendus par an. Et ça n’est pas rien quand on les ajoute aux 4,7 millions vendus par FCA.
Un point sur le marché de l’automobile mondial :
Volkswagen : 10,9 millions de véhicules
Toyota : 10,60 millions de véhicules
Renault-Nissan-Mitsubishi : 10,5 millions de véhicules
PSA – Fiat-Chrysler : 8,80 millions de véhicules
General Motors : 8,38 millions de véhicules
Dans un marché automobile complètement concentré, pour les Européens, c’est tout bénéfice : mieux vaut trois groupes dans les cinq mondiaux que deux.
Cédric Leboussi
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