Michel Berr : Entre lumières et ombres, le voyage d’une vie de soin et de passion photographique
Durant 47 ans – presque un demi-siècle – j’ai exercé mon métier de masseur-kinésithérapeute et ostéopathe avec un plaisir jamais émoussé. Ce fut bien plus qu’une profession : une véritable danse entre la science et l’humain, le soin et l’écoute. Mais ce n’est pas tout. Transmettre fut une autre joie : des cours d’homéopathie, offerts à des étudiants curieux ; des enseignements d’ostéopathie à des médecins avides d’élargir leur pratique, dans le cadre de la Formation Médicale Continue ; et quelques conférences sur la médecine traditionnelle chinoise, données à l’hôpital Purpan de Toulouse, sous l’ombre bienveillante de mon maître, le Dr Bernard Auteroche.
Le passage à une nouvelle étape : la retraite
Mais le temps a filé, et l’heure de la retraite a sonné, emportant avec elle ce chapitre d’une vie. Toutefois, une passion d’autrefois, assoupie mais intacte, s’est réveillée : celle de la photographie. Elle m’avait envoûté dès mon adolescence, à travers l’objectif du Retinette Kodak de mon père, chargé du mythique Kodachrome 25. Ce voyage dans l’image, commencé à tâtons dans l’éclat tamisé d’une chambre noire, m’a accompagné à travers les révolutions technologiques, de l’argentique au numérique.
Tous droits réservés Photo/Michel Berr
L’essence de la photographie : entre nostalgie et modernité
Que reste-t-il de ce temps où le négatif, précieux et unique, baignait dans le révélateur ? Ce frisson, ce suspense, ce moment suspendu où l’image se dévoile ; chaque cliché, une histoire figée dans sa singularité. Aujourd’hui, le numérique a remplacé cette attente, offrant une liberté sans limite : l’image peut être sculptée, corrigée, revisitée sous la lumière du jour, au gré des sensibilités et des humeurs changeantes.
L’art derrière l’objectif
Mais posséder un appareil sophistiqué, aussi performant soit-il, ne garantit pas l’émotion d’une belle photographie. Ce serait trahir l’essence de cet art. Composer une image reste une alchimie : comprendre la lumière, apprivoiser la focale, jouer avec la profondeur de champ, et doser l’exposition face à des contrastes que le capteur peine à saisir. Ce n’est pas seulement appuyer sur un bouton, mais capturer une vibration du monde.
Une boussole intemporelle : l’héritage d’Ansel Adams
Dans cette quête, je demeure fidèle à l’enseignement des maîtres de l’argentique. Ansel Adams, poète de l’ombre et de la lumière, nous a légué son « zone system », un art de dompter les nuances pour transcender les limites techniques. Ce savoir, loin d’être relégué au passé, reste une boussole dans l’immensité du numérique ; un hommage à l’invisible et à l’intemporel.
Un dialogue entre ce qui se voit et ce qui se ressent
Ainsi, ma passion pour la photographie se déploie à nouveau, comme un fil rouge tissé à travers les âges, un dialogue silencieux entre ce que l’on voit et ce que l’on ressent.