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MIGRANTS : Les données du problème

 

La question des migrants est une question complexe. Des principes sont en jeu, qui doivent être clairement définis. Il y a à cet égard des insuffisances tant à droite qu’à gauche.

 

Il n’y a d’abord pas entente sur les mots. Là où certains parlent de « migrants » selon le terme désormais convenu, d’autres parlent plutôt d’« étrangers » ou d’« immigrés » selon un plus vieux vocabulaire. Cela n’a pas les mêmes conséquences. Si l’on voulait résumer, façon café du Commerce, tandis que les forces de gauche et progressistes manifestent une forte compassion pour les « migrants », qui leur font souvent de la « peine », les forces de droite et conservatrices expriment une grande méfiance pour ces « étrangers » qui suscitent chez eux de l’animosité sinon de la haine quelquefois selon leurs origines, leur culture ou leur religion. Bien entendu, chaque camp politique peut, sur cette question, développer des sentiments mêles à la fois de « peine » et de « haine » tant il est vrai qu’en matière politique aussi l’uniformité n’est plus de mise.

 

Il y a ensuite désaccord sur les principes. Là où certains évoquent le droit d’asile et le devoir d’humanité, d’autres énoncent un devoir de sécurité et invoquent les faibles capacités d’hébergement, prétexte souvent pour ne pas accueillir les « migrants » sur notre sol. S’il y a une relative unanimité sur le principe du droit d’asile, son interprétation donne lieu à des divergences selon le positionnement politique. Interprétation plutôt stricte et restrictive à droite, plus souple et libérale à gauche.

Il y a enfin désaccord sur les motifs pouvant donner droit à accueil sur le territoire national. Deux grands motifs se font face et concurrence : des motifs politiques et des motifs économiques. Si la gauche, traditionnellement, ne fait pas de discrimination entre ces motifs – quoique … nul n’a oublié ce propos du Premier ministre socialiste, Michel Rocard, déclarant que la France ne pouvait accueillir toute la misère du monde, la droite ne reconnaît souvent que les motifs politiques pour accueillir les « migrants » ; pour elle, il faut être persécuté dans son pays et pas en proie à la misère pour revendiquer l’obtention d’un séjour en France.

Les propositions d’Emmanuel Macron brouillent encore un peu plus des clivages partisans déjà fragiles – mais n’est-ce pas le propre du macronisme ? Ces propositions sont axées en effet sur une réforme des conditions d’expulsion des étrangers en situation irrégulière, prévoyant par exemple les raccourcissements des délais de recours et d’appel en cas de refus d’autorisation de séjour, etc. La circulaire Collomb ajoute à ces mesures le contrôle des personnes hébergées en centres d’accueil, manière indirecte, quoique le ministre s’en défende, de faire le « tri » entre celles entrées pour des motifs politiques (légitimes ?) et les autres arrivées pour des raisons économiques (illégitimes ?).

Sur cette question des « migrants » se dégage finalement une impression de cacophonie et donc de réponses bricolées, souvent de surcroît dans l’urgence. Prenons l’exemple de Calais, chassés de la « jungle » (mot ignoble s’il en est), les « migrant »s, même en moins grand nombre, sont revenus sur place ou gagnent des villes voisines. A paris, régulièrement refoulés de leurs lieux de stationnement (sous les lignes de métro par exemple), ils réapparaissent ailleurs. Certains ont droit, mais ils sont peu nombreux, à des hébergements neufs (voir les bâtisses étagées dans le Bois de Boulogne). Réponses ponctuelles, spontanées, émotionnelles – désordonnées en somme.

La France n’a toujours pas de politique migratoire !

Michel FIZE, Sociologue
Dernier livre paru : Les Larmes de Charlie et cie (éd. LGO, 2017)

Comments

  • Anonyme
    janvier 18, 2018

    1

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