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Munich: Donner du sens à sa mort quand on n’a pas réussi à en donner à sa vie

La tragédie de Munich confirme une tendance générale : nous assistons tous, ébahis et tétanisés, a l’indicible banalisation des actes individuels de folie meurtrière, à résonance immédiatement globale. Dans un monde, devenue minuscule, aplati par les réseaux sociaux, les gens, qui préfèrent la vie, sont désormais, partout et à tout moment, confrontés aux autres gens, qui choisissent la mort. C’est une guerre mondiale d’un type absolument nouveau.
Dans ce contexte,  » ethniciser « , « confessionnaliser » ou encore rattacher l’ennemi a un territoire sur la carte d’un monde devenu, à l’image de Facebook un lieu sans lieu, c’est céder au premier réflexe de facilité qui occulte l’insondable mystère du suicide humain. Eternel, ce mystère est, aujourd’hui, décuplé par la toute-puissance d’un clic qui rend, en l’espace d’un instant, public et visible pour l’ensemble des habitants de la Terre ce qui était, hier, strictement intime et caché dans les méandres d’une vie privée.
En mettant son suicide en scène, en direct, devant la planète entière, un total anonyme en état de souffrance personnelle, qui n’a pas réussi – face à la déroutante complexité du monde moderne – à donner du sens à sa vie, tente d’en donner à sa mort, en entraînant dans l’abîme les innocents, choisis au hasard.
Aucune opération punitive, aucune stratégie sécuritaire, aucun service de renseignement n’est capable de remédier durablement à ce mal, qui tout en puisant sa racine dans l’ADN humain, mue et change de forme, au gré des évolutions de l’Histoire. Ainsi, la globalisation en cours, la quintessence du XXI siècle avec son corollaire de la révolution digitale, ne fait, au fond, que lui donner une tribune inédite. « 

Comments

  • Stéphane Geyres
    juillet 24, 2016

    Pas d’accord. Il y a une manière simple de ne pas donner à ces fous l’écho qu’ils recherchent : il suffit de ne pas en parler, de ne pas en faire les unes et les manchettes, il suffit de les considérer comme des actes de droit commun et de ne pas diffuser cette peur que précisément ils espèrent. Ce n’est pas une fatalité, la décision ne leur appartient pas, elle est entre nos mains.

  • sorana chassagne
    juillet 24, 2016

    Tout a fait d’accord. Et pour reprendre l’affirmation de Stéphane Geyres,je dirais que pour l’instant la triste réalité nous montre le contraire, la décision leur appartient et elle n’est pas du tout entre nos mains. Pour l’instant nous sommes en train de subir …

  • Melnik
    juillet 25, 2016

    Merci pour vos commentaires. Bien sûr, l’idéal aurait été de « ne pas en faire les unes et les manchettes », mais le probleme est que nous vivons actuellement, tous et partout, dans un
    univers inter interdépendant et interconnecté en permanence, rythmé par un clic et  » instantaneisé  » par les réseaux sociaux qui font de chaque individu un émetteur d’informations et donc un « média » d’un nouveau type, absolument incontrôlable, et qui sera toujours un relais – multiplicateur des actes de folie spectaculaires.
    L’incontrolable tsunami des informations d’un côté fournit à tout le monde la possibilité d’être « branché » sur l’évolution du monde, mais de l’autre côté rusque de multiplier les folies meurtrieres en donnant une visibilité immédiate et inédite dans l’Histoire aux individus paumés, désaxés, déboussolés face à la complexité du monde où ils vivent.
    C’est une nouvelle quadrature du cercle à laquelle l’Humanité est actuellement confrontée.

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