Naissance de la politique Par Bill Bonner
D’où vient la politique et à quoi sert-elle ? Pur produit de la civilisation, elle permet de contrôler les “instinct primitifs”… mais il y a des effets secondaires.
Nous voilà en septembre. Historiquement, c’est le pire mois pour les actions.
Les marchés financiers ont sommeillé tout l’été. Ils ne devraient pas tarder à se réveiller. Ce mois-ci, il y a le sommet du G20. Les principales banques centrales vont faire des annonces. Et aux Etats-Unis, le premier débat présidentiel va avoir lieu.
Personne ne va vouloir faire tanguer le navire. Mais les navires tanguent malgré tout.
Prenons les investisseurs, par exemple, ils se précipitent tous du même côté en même temps. Et l’instant d’après, le navire prend l’eau.
En ce qui nous concerne, nous parions sur la baisse du marché actions, les obligations nous rendent nerveux, et les élections irritable. Mais notre esprit et nos yeux sont grands ouverts, et nous nous demandons ce qu’il va se passer ensuite. En attendant, nous méditons sur la naissance de la politique.
Comment devenir riche et puissant
Il n’existe réellement que deux façons de devenir riche et puissant. Vous pouvez offrir des biens et des services aux autres… en réalisant un profit. Ou bien vous pouvez voler.
L’échange volontaire de biens et de services contre de l’argent a toujours été une façon productive et honnête de réussir. Mais les occasions de le faire n’ont pas été si nombreuses, tout au long d’une bonne partie de l’histoire de l’humanité.
Les gens vivaient dans de petites tribus qui avaient peu de relations entre elles.
Les anthropologues et les archéologues pensent que les membres d’une tribu coopéraient entre eux, mais qu’ils étaient souvent en guerre perpétuelle avec les autres groupes.
L’idée d’un échange où tout le monde trouve son compte était encore vague. Il existait peu de moyens d’augmenter votre richesse en fournissant de meilleurs services ou de meilleurs produits à vos voisins.
La société était plutôt statique, presque dépourvue d’excédents économiques et dominée par la “politique”. La seule façon d’augmenter sensiblement votre richesse ou votre puissance consistait à la dérober à quelqu’un d’autre.
Nous ne savons pas grand-chose des cultures et organisations qui existaient avant que l’on ait commencé à consigner l’histoire. Mais en lisant entre les lignes de la préhistoire, nous percevons un monde où tuer le membre d’une autre tribu, puis prendre ses biens, ses femmes et son territoire, était sûrement considéré d’un bon oeil.
Dans certaines tribus primitives, même encore aujourd’hui, un jeune homme n’atteint pas totalement le statut d’adulte tant qu’il n’a pas tué quelqu’un.
La notion de meurtre n’existait pas lorsqu’il s’agissait d’un étranger, pas plus que l’idée de pouvoir “aimer son voisin” ou de “traiter les autres comme tu aimerais être traité”.
Et il n’y avait pas de “monnaie”. Alors il était difficile de thésauriser, ou de faire du commerce avec des gens que l’on ne connaissait pas.
Des instincts primitifs
La civilisation — avec son cortège de lois contre le vol et le meurtre, d’argent, d’entreprises et d’institutions — a évolué lentement.
Mais les instincts primitifs sont toujours présents. Et ils s’expriment actuellement au travers de l’Etat.
Seul l’Etat (ou des groupes quasi-étatiques, tels que la Mafia) revendique encore le droit de tuer des gens et de leur prendre leurs biens.
Généralement, ce droit est restreint. Certaines conditions s’appliquent. Il peut y avoir un “respect” de la légalité, par exemple. Des élites de premier plan – l’aristocratie, l’église ou les propriétaires terriens – peuvent être consultées. Autrefois, aux Etats-Unis, une déclaration de guerre émanant du Congrès était exigée… et ainsi de suite.
Mais avec le temps, les gens trouvent toujours le moyen d’exploiter le pouvoir de l’Etat à leurs propres fins. Ils s’en servent pour obtenir des subventions, des traitements de faveur, des privilèges… et des rentes !
Ils le déforment, également… de sorte qu’il n’est plus utilisé afin de protéger la propriété individuelle mais pour s’en emparer.
Ces malins qui trouvent le moyen d’exploiter le système, ce sont les “renards”, comme les nomment Vilfredo Pareto, l’économiste.
La tentation de “gouverner” est presque irrésistible.
C’est comme posséder une arme alors que tout le monde est désarmé. Tôt ou tard, vous avez envie d’appuyer sur la détente.En plus, gagner de l’argent et conquérir le pouvoir avec honnêteté, c’est difficile. Il faut servir les clients. Il faut trouver quelque chose de nouveau. Il faut travailler avec les autres, faire de longues journées, économiser de l’argent, se concentrer sur le long terme et, surtout, avoir de la chance.Personne ne sait si un investissement ou une innovation seront porteurs.Et si vous avez la chance de devenir riche, le futur arrive un jour, avec son inévitable “destruction créatrice” et votre fortune s’envole !Il vaut mieux se tourner vers la politique. Si vous obtenez les faveurs de l’Etat, vous pouvez faire bouger l’argent et le pouvoir dans votre direction.Et alors, vous pouvez l’utiliser pour tenter d’empêcher le futur de se réaliser.
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Bill Bonner est le fondateur d’AGORA, le plus large réseau d’entreprises indépendantes de presse spécialisée au monde.
En 1978, depuis sa ville natale, Baltimore (Maryland, Etats-Unis), Bill Bonner a voulu développer un « marché » (« Agora » en grec) des idées. Pas de l’information homogénéisée telle que les médias grand public relayent sur nos écrans et journaux, mais une source d’idées diverses avec des opinions et des avis originaux, alternatifs et surtout utiles. Bill a à cœur d’aider les lecteurs à mieux comprendre le monde dans lequel ils vivent, et à agir dans en conséquence. Que ce soit en matière de géopolitique, de macro-économie ou tout simplement le domaine de l’épargne, Bill incite ses lecteurs à cultiver un esprit vif et anticonformiste.
Bill a également co-écrit des livres qui ont tous figuré dans la liste des best-sellers du New York Times et du Wall Street Journal : L’inéluctable faillite de l’économie américaine (2004), L’Empire des dettes. À l’aube d’une crise économique épique (2006) et Le Nouvel Empire des dettes. Grandeur et décadence d’une bulle financière épique (2010)