« Ne restons pas dans notre éternel déni de réalité. Le Socialisme, dans sa version orthodoxe, pure et dure, a été un échec économique cuisant, partout et de tous temps » Michel B.
Que mes fidèles lecteurs se rassurent, je ne suis pas en train de retourner ma veste ou, pire encore, d’abandonner mes convictions « libérales », mais les critiques à l’égard de François Hollande, qui deviennent de plus en plus violentes et quasi générales, finissent par me paraître relativement injustes.
Pour commencer, et à sa décharge, après cinq années d’une personnalité aussi vibrionnante et omniprésente que Nicolas Sarkozy, « franchir la rampe », comme on le dit au théâtre, et parvenir à ne pas rappeler René Coty, voire Jean Nohain, ne doit pas être une mince affaire…
D’autre part, il se pourrait fort bien que l’électorat, après avoir été bercé durant toute la campagne, d’un « Moi, Président, je… « , « Moi, Président, je… », Moi, Président, je… » en réponse à chaque question, en arrive à penser « Toi, Président maintenant ! Alors… ».
En effet, et sans vouloir jouer les « politologues » avertis, ce sondage, à l’image de tous les autres, ne comptabilise que le nombre de « mécontents » et non le degré du mécontentement de chacun ce qui traduit le fait que c’est bien plus dans son propre électorat qu’il faut rechercher les déçus que dans rangs d’une droite qui, pour une bonne part, était sans illusion dès le 6 mai 2012 !
Mais alors, pourquoi un tel désamour et, surtout, aussi rapide ? Très probablement pour avoir, non seulement et imprudemment, tout promis mais aussi tout laissé espérer et avoir tellement critiqué l’action du gouvernement précédent que l’électorat, tant de gauche qu’une petite frange de celui de droite, retombant avec délectation dans l’enfance, s’est plu à croire de nouveau au Père Noël et, manque de chance, celui-ci s’est pointé avec une hotte vide et, comble de l’arnaque, il fallait, en plus, payer pour des cadeaux inexistants !
Reconnaissons qu’il y a de quoi être particulièrement désappointé au point, d’ailleurs, de pulvériser boules, guirlandes et sapin puis, dans la foulée, se ruer sur le premier bonnet rouge encore disponible en magasin !
Peut-être, également, parce que ce fantasme populaire et, donc, électoral que constitue le mot « Socialisme », s’il contribue souvent à faire basculer un scrutin en faveur de celui qui s’en réclame, n’est, par contre et en aucun cas, celui qui, mis en application, permet de produire de la « Richesse » en quantité nécessaire et suffisante pour pouvoir la « redistribuer » sans bloquer la consommation, décourager ceux qui la créent ou qui, comme actuellement, rêvent d’avoir le courage d’aller voir ailleurs, là où ils pourront entreprendre et réussir sans être montrés du doigt, sans être vus comme des « ennemis de classe » et entretenir ce qu’il faut bien appeler une « émigration » économique et de matière grise compensée par une « immigration » sociale et quelque peu électorale dont nous n’avons plus les moyens.
Ne restons pas dans notre éternel déni de réalité. Le Socialisme, dans sa version orthodoxe, pure et dure, a été un échec économique cuisant, partout et de tous temps.
Laissons pudiquement de côté l’ex-URSS, Cuba, l’Albanie, l’ex-RDA, l’Algérie, le Vietnam et le Cambodge en leurs temps, la Corée du nord et quelques autres qui persistent à bénéficier d’une aura « romantique » aux yeux d’une extrême-gauche Française et intellectuelle qui, pour rien au monde, n’en voudrait pour elle-même au quotidien, mais dont le marketing politique, fondé sur une éternelle et très humaine « lutte des classes » permet, encore aujourd’hui, de glaner quelques bulletins de vote et de sauver l’honneur.
Chez nous, en mai 1936, le Front Populaire, ce célèbre et grand moment de l’inconscient collectif, après sa cohorte de nationalisations, que l’on traîne encore aujourd’hui, et ses fantastiques avancées sociales, n’a duré que jusqu’en juin 1937 puis, faute de pouvoir encore payer les fonctionnaires, s’est effondré de lui-même en contribuant, très probablement, à la débâcle de 1940.
En mai 1981, l’élection de François Mitterrand, l’application d’un programme commun de gouvernement avec les communistes et, bien évidemment, leur obsession des nationalisations nous a permis de passer de « l’ombre à la lumière »…
De l’ombre à la lumière pendant deux ans… après, et en dépit d’un « héritage » Giscardien positif, confirmé par la commission Bloch-Lainé, nous n’avions plus de quoi payer le courant !
Aussi, dès 1983, après la dote, l’antidote des « dé-nationalisations », le virage à 180 degrés vers une politique d’austérité, plusieurs dévaluations successives, un contrôle des changes plutôt cogné, l’apparition du phénomène des nouveaux pauvres et quelques autres petits effets pervers mais dont, bien évidemment, la mémoire collective, se réfugiant dans l’amnésie sélective, ne préfèrera encenser que les aspects « positifs »… au point, d’ailleurs, que ceux qui se sont retrouvés sur la touche à cause de cette politique, confondant cause et conséquence, ne manqueront pas, tôt ou tard, de remettre au pouvoir ceux-là même qui, pourtant, les ont mis dans cette situation.
Depuis mai 2012 et sans doute grâce à Bruxelles, nous avons échappé, cette fois, aux nationalisations car le Traité de Maastricht que, paradoxalement, François Mitterrand appelait de tous ses vœux, nous en protège. Par contre, nous n’avons pas échappé à l’embauche de fonctionnaires au même rythme que les usines Ford fabriquaient des modèles « T », ni à l’augmentation de tous les prélèvements et l’invention d’une kyrielle de nouveaux sans donner l’impression d’en mesurer l’efficacité économique, pas plus qu’à voir repousser aux calendes électorales le fait de tenter de resserrer, en urgence, les boulons d’un pays qui détruit plus d’emplois qu’il n’en créé depuis des années, ou à s’en prendre réellement aux causes, identifiées mais tellement impopulaires à simplement évoquer, de notre perte de compétitivité face aux pays émergents mais aussi, et c’est bien plus grave, également face aux autres pays industrialisés.
« … Ceux-ci doivent consulter leurs moyens, en même temps que leur cœur, afin de ne pas dépasser ce que leurs ressources leur permettent d’offrir. La charité cesse, en effet, d’être une vertu si elle est faite au préjudice de devoirs plus sacrés et plus pressants : une famille à entretenir, des enfants à élever, de vieux parents à soutenir des engagements civils à remplir ; ce sont là les premiers devoirs que la nature et la conscience nous imposent … »
Se contenter du cataplasme lénifiant de la création d’emplois dans chacun des trois volets de la Fonction Publique en guise de remède au chômage ne consiste en rien d’autre, avec l’augmentation des prélèvements qui s’ensuivent, qu’à siphonner le réservoir d’un automobiliste tout en lui demandant, ensuite, de rouler le plus vite et le plus loin possible avec le frein main des lourdeurs administratives et normatives serré à bloc.
Cette jolie « Règle d’Or », ci-contre, que nombre de nos ministres doivent connaître, y compris dans son contexte philosophique, devrait servir de ligne de conduite à tout gouvernement, de droite, certes, mais surtout de gauche pour le voir, chroniquement, oublier le seuil fatidique au-delà duquel la « solidarité et la redistribution » cesse d’être une vertu pour entrer, de plein pied, dans l’antichambre de la faillite économique.
Nous vivons, depuis des dizaines d’années, en nous gargarisant d’un modèle social que nous finançons à crédit or, pour « redistribuer » de la richesse, et le faire d’une manière durable sans se borner à vider les caisses, il est impératif de tout mettre en œuvre pour en fabriquer et, si la droite est paralysée par l’extrême-droite, les Socialistes, eux, le sont par leur aile gauche et ce qu’il reste des communistes.
Et c’est cette situation qui semble leur interdire de tourner le dos à ce que nous savons tous, mais que Fleur Pellerin, elle-même, vient de reconnaître dans sa toute récente interview : « Nous avons une vision trop idéologique de l’entreprise » ( Le Monde.fr | 04.11.2013 à 15h43 ). Cela me semble relativement évident et indiscutable !
Trop de lourdeurs, trop d’administration, trop de dépenses, trop d’idéologie, trop de fonctionnaires ou assimilés, trop de secteur public ou para-public, trop de redistribution à l’aveugle, trop de réglementations, trop de prélèvements, trop de taxes qui, frappant trop certains, imposent de leur allouer une subvention financée par une nouvelle taxe, trop d’inertie, et je suis certain d’en oublier, bref… trop d’État et, surtout, trop d’un État « centralisateur » qui persiste à se croire omniscient et omnipotent !
Et pourquoi pas un nouveau congrès de Tours ?
Les expériences Suédoise, Danoise et Norvégienne constituent l’exemple même du « modèle scandinave » social-démocrate réussi, « social » mais pas Socialiste ! En effet, fondé sur la recherche de l’harmonie et du consensus, ce modèle reste très éloigné d’une vision révolutionnaire des rapports sociaux alors que la France, de son côté, voue un culte quasi historique au « conflit » au point de l’avoir érigé en « préalable » incontournable avant la moindre négociation. Ne revenons pas sur le système de la cogestion en Allemagne qui a permis d’aplanir bien des conflits et d’éviter le jusqu’au boutisme, tant patronal que syndical, tel que nous le cultivons.
Force est de reconnaître que nos principaux syndicats ont bien souvent joués les « pyromanes sociaux » pour justifier le rôle de pompiers des partis politiques dont ils constituent le bras armé au point, d’ailleurs, que les conséquences sur l’emploi, nées de la surenchère, seront vite occultées pour ne laisser place qu’à la « victoire des Travailleurs sur le Patronat et les force du Capital » !
Et, malheureusement pour mes opinions politiques, je ne vois pas très bien qui d’autre que le Parti Socialiste serait à même de parvenir à réformer notre pays. Il est au pouvoir, il est puissant en terme de nombre d’adhérents, il incarne, à tort ou à raison, l’action en faveur du Peuple et des Travailleurs, et il est le seul, avec un minimum de dialectique, à pouvoir s’adresser au « Peuple de gauche » et lui faire accepter des orientation qui seraient, par avance, refusées émanant de la … droite.
Il est, bien évidemment et pour cause, le seul à pouvoir, ou devoir, divorcer d’une aile gauche marquée d’un socialisme plus ou moins « révolutionnaire » et d’un autre temps et ce qu’il y perdrait serait, très probablement, compensé par nombre d’électeurs centristes voire peut-être, même, par des Républicains humanistes qui, comme moi, le rejettent par avance de crainte de le voir accéder au pouvoir le couteau, même émoussé, entre les dents.
A lui d’entrer dans l’Histoire en ayant le courage de devenir un Parti Social-démocrate et, à l’image de bien des pays autour de nous et de quelques grands leaders, tels Tony Blair ou Gerhard Schröder, savoir franchir le Rubicon d’une ligne quasi « sociale-libérale » et parvenir à associer un capitalisme performant, en renonçant à la socialisation des moyens de production, à une politique sociale efficace.
Michel B.