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Pour Rousseau comme pour Nietzsche, l’attrait exercé par le premier des arts était si grand que, dans leur jeunesse, tous deux ont composé opéra, pièces pour piano, violon et chœurs. Mais, « Les Fêtes Galantes », « Le Devin du Village » et pas moins de six cents pages du « recueil Benoît » écrites par l’auteur du « contrat Social » ont souvent fait l’objet de critiques, les plus acerbes venues de Rameau.
Quant à Nietzsche, il fut amené, lui aussi à renoncer à une carrière musicale dans laquelle il s’était engagé, sur l’avis de Wagner et du Chef d’orchestre von Bülow. Ses œuvres que l’on trouve pourtant sur CD, répertoriées sous le sigle NWV dont un « hymne à l’amitié » et des lieder interprétés par le grand Fischer-Diskau, n’ont pas suscité d’engouement chez ses pairs ni le public d’alors.Certes, Rousseau se verra bien confier par Diderot les articles consacrés à la musique dans « L’Encyclopédie » et sa notation des partitions est encore respectée de nos jours mais il n’assistera pas à la première de son opéra à Versailles, ne portera plus ni catogan ni Bas blancs, signes distinctifs des gens de cour. Et il va s’interroger sur « L’Origine et les fondements de l’inégalité entre les Hommes » tout en devenant chef de file d’un nouveau mouvement littéraire, le romantisme, avec « Les Rêveries du Promeneur Solitaire ». On sait l’influence que ses écrits auront sur ses congénères dans leur quête de liberté.
Nietzsche restera dans le voisinage du couple que forme Wagner avec Cosima, fille de Liszt. La musique, encore elle, va accompagner sa recherche de vérité dans la philosophie qui va marquer la pensée moderne en cette fin du 19e siècle. Fils de pasteur, il fait le constat que « Dieu est mort » et donne naissance au surhomme, non pas comme incitation à la volonté de puissance mais comme idéal de surpassement ne soi, un contresens qui servira de faire-valoir du nazisme.
– Quel autre cours aurait eu l’Histoire sans que deux musiciens ne se soient égarés .