«Oui au maintien des trottinettes électriques à Paris. » Pierre-Yves Bournazel
Le 2 avril prochain, les Parisiennes et les Parisiens seront appelés à se prononcer sur l’avenir des trottinettes en libre-service. Malgré tous leurs inconvénients, le co-Président du Groupe Indépendants et Progressistes au Conseil de Paris, votera en faveur de leur maintien. Voici pourquoi.
Photo@Alain Guizard
Qui ne s’est jamais inquiété de voir deux conducteurs sur la même trottinette slalomer entre les piétons et n’a craint l’accident ?
Qui n’a jamais pesté en voyant des trottinettes jonchées sur des trottoirs ou bien plongées dans la Seine ou le canal Saint-Martin ?
À Paris en 2022, la préfecture de police a recensé 459 accidents corporels et 3 décès d’usagers de trottinettes.
Dès 2018, j’ai alerté l’exécutif parisien sur les difficultés créées par les trottinettes en libre-service sur l’espace public et la nécessité de protéger davantage les piétons qui sont les plus vulnérables.
En 2019, comme député de Paris, j’ai soutenu, contribué et voté la loi d’orientation des mobilités qui offrait aux communes un pouvoir de régulation inédit (vitesse maximale, zones de stationnement, nombre de véhicules, zones spécifiques à basse vitesse…).
Las ! Malgré des premières mesures prises à l’été 2019, la Mairie de Paris n’a pas réussi à organiser ni à réguler les trottinettes en libre-service. Comme souvent avec l’exécutif parisien, les intentions sont parfois intéressantes mais l’exécution laisse toujours à désirer.
En parallèle, l’absence de volonté politique pour renforcer la police municipale parisienne n’a pas permis de délivrer les indispensables sanctions aux contrevenants aux comportements dangereux. On ne le répètera jamais assez, l’apaisement global de l’espace public passera par une police municipale suffisamment dotée en moyens et en effectifs.
Tout semble donc plaider en faveur de la solution de facilité : l‘interdiction pure, simple et totale des trottinettes en libre-service. Pour autant, l’échec de la Maire de Paris doit-il conduire à l‘interdiction ? Je ne le pense pas.
Une solution de mobilité alternative et zéro carbone
Métros bondés, RER en retard, offre de bus qui se raréfie, aides à l’achat de vélo fortement diminuées, les moyens de transports des Parisiennes et des Parisiens sont de plus en plus inefficaces et complexes.
A moins d’un an des Jeux Olympiques et Paralympiques de 2024, supprimer les trottinettes qu’utilisent 400 000 Parisiennes et Parisiens serait une grave erreur. C’est la mission des pouvoirs publics de leur assurer la libre capacité à circuler dans leur ville.
Plus encore, l‘impératif écologique donne la responsabilité à la Ville de mettre en œuvre une politique en faveur des mobilités douces, d’inciter à délaisser les modes de transports polluants mais aussi de proposer des alternatives complémentaires aux transports en commun.
Oui, le vélo et la marche sont les solutions évidentes mais la trottinette est un vecteur de liberté qui permet d’inciter à délaisser les transports polluants, notamment la voiture ou le scooter.
L’avenir ne tolérera aucune démagogie ni aucun faux-fuyant. Être élu, même d’opposition, c’est réfléchir, anticiper, proposer et agir.
Une nouvelle régulation à inventer :
écologique, technologique et sociale
Nous pouvons co-construire des solutions ambitieuses pour aller plus loin dans la sécurité des usagers et des piétons. Je pense par exemple au renforcement de la limitation de vitesse dans certaines zones géolocalisées ou à l’interdiction de circuler dans les rues piétonnes. Une technologie développée par certains opérateurs garantit l‘impossibilité pour les utilisateurs de se tenir à deux sur un même engin. Toutes les trottinettes doivent pouvoir en être dotées. Enfin, je propose la création de vraies places de parkings unitaires (comme à Poitiers, Lorient ou Evry-Courcouronnes), qui garantiraient un meilleur ordonnancement (logistique et visuel) des véhicules en libre-service.
Si d’autres villes ont réussi pourquoi Paris n’y arriverait pas ?
La Ville doit aussi se montrer à la hauteur de l’ardente obligation de transformation écologique et sociale de Paris en présentant des exigences durables, fortes et renouvelées aux opérateurs. Je pense par exemple à l‘intégration des trottinettes électriques dans une économie circulaire. Une récente étude menée par l’université de Bochum en Allemagne démontre que la longévité d’une trottinette est montée à cinq années en moyenne et que l’impact climatique de la trottinette est meilleur que celui d’un bus. Il faut aller plus loin, en demandant aux différents acteurs une transparence accrue et un travail continu en faveur de la diminution du coût carbone de chacune des étapes de la vie des trottinettes (origine des composants et des matériaux, assemblage, entretien et fin de vie).
Je plaide également pour poursuivre le travail entrepris en matière de protection et de prévention des risques professionnels pour les travailleurs de ces plateformes. C’est aussi cela le rôle de la puissance publique.
Fidèle à son histoire et à l’écho que ses gestes ont souvent eus par-delà les frontières, Paris revendique un rôle emblématique dans la transformation écologique de nos modèles de production et de consommation. Notre capitale ne doit pas reculer dans ce combat. Elle doit garantir aux Parisiennes et aux Parisiens un modèle de mobilité durable, attractif et accessible au plus grand nombre.
Pour toutes ces raisons, le dimanche 2 avril, j‘irai voter pour un oui exigeant au maintien des trottinettes en libre-service à Paris.