Vudailleurs.com

« Patrick Drahi : l’ogre des networks »


Tel est le titre du prochain livre de Elsa Bembaron aux éditions l’Archipel qui sortira le 17 octobre :
Portrait de l’homme d’affaires, à la tête du groupe Altice, spécialisé dans les médias et les télécommunications. Ses méthodes financières et industrielles sont détaillées. Avec le témoignage de proches, d’anciens partenaires et d’hommes politiques….
.
Comment ce polytechnicien, né au Maroc de parents professeurs de mathématiques, a-t-il réussi à se hisser au sommet des fortunes mondiales ? Retour sur l’ascension d’un homme d’affaires que rien ne semble arrêter.
Patrick Drahi est le huitième patrimoine professionnel de France, selon le magazine « Challenges », qui a indexé sa rémunération sur le montant de sa fortune (« aucun salaire, mais des paquets de stock-options qui doublent et triplent au même rythme que celui du cours de Bourse d’Altice ») et va ainsi gagner près de 1 milliard d’euros dans les quatre prochaines années affirme “je vis comme vous” : “Je n’ai pas changé, l’argent ne m’est pas monté à la tête » déclare-t-il….

S’il était français, Patrick Drahi serait la 14e fortune du pays. Mais voilà, l’homme ne l’est pas. M. Drahi a pris la nationalité israélienne. Au grand dam d’Arnaud Montebourg qui déclarait au micro d’Europe 1 (14 mars 2014): « Numericable a une holding au Luxembourg, son entreprise est cotée à la Bourse d’Amsterdam, sa participation personnelle est à Guernesey dans un paradis fiscal de Sa Majesté la reine d’Angleterre, et lui-même est résident suisse ! Il va falloir que M. Drahi rapatrie l’ensemble de ses possessions et biens à Paris, en France. Nous avons des questions fiscales à lui poser ! » Et Najat Vallaud-Belkacem d’exprimer, avec une fausse naïveté certaine, sa crainte de voir SFR « devenir une entreprise suisse ». Si Drahi est effectivement résident depuis quinze ans en Suisse, c’est pour Israël que son cœur bat. Discret en France, l’homme s’est rendu célèbre en Israël où il a été reçu plusieurs fois par Shimon Pérès. Il possède un appartement dans la tour Rothschild à Tel Aviv, la ville où il se sent chez lui. Il s’y déplace à bicyclette (Bloomberg TV, 6 février 2014) et la fréquentation de ses plages lui procure un « teint hâlé » (Le Point, 9 janvier 2014). En terre promise, le « tycoon du câble » a racheté feu Guysen TV pour en faire un outil de diplomatie publique « ni de gauche, ni de droite, mais pour Israël » (Jérusalem Post, 25 décembre 2012), dixit Frank Melloul, le directeur de la chaîne et organisateur de la soirée
et renoncé à la nationalité française. La perte de la nationalité lui est définitivement acquise. Il ne s’agit pas d’une double nationalité franco-israélienne » (Challenges 14 mars 2014). Pendant le rachat de SFR, Patrick Drahi assurera pourtant être toujours français et agir au nom des intérêts français.
Patrick Drahi est né en 1963 au Maroc dans une famille juive, de deux parents professeurs de mathématiques. À l’âge de quinze ans, il quitte le Maroc avec sa famille qui s’installe à Montpellier en France.
Après l’École polytechnique et poursuit après sa sortie ses études à l’École nationale supérieure des télécommunications.
Il est officiellement domicilié à Zermatt (Suisse) où il bénéficie du statut privilégié de « résident fiscal », ce qui lui permet de payer beaucoup moins d’impôts qu’en Israël ou en France.
Drahi achève ses études à SupTélécom avant de débuter chez Philips.Le futur tycoon va rapidement tout miser sur la technologie du câble. Comme l’indique BFMTV (25 septembre 2013) : « Il racontait qu’il avait regardé le classement des fortunes de Forbes et avait jeté son dévolu sur le secteur où il y avait le plus de millionnaires. » Ainsi crée-t-il un câblo-opérateur à Cavaillon (Vaucluse), Sud Câble Services. « J’ai commencé à Cavaillon, dit-il. J’ai enchaîné les réunions municipales devant les habitants – parfois devant seulement trois mamies. J’ai convaincu le maire en lui expliquant que, grâce au câble, on pourrait inventer une sorte de bourse du melon. […] Je vendais mon abonnement 79 francs pour 40 chaînes. Mais, surtout, j’avais câblé les HLM et j’ai été le premier à mettre les chaînes arabes sur le câble en France. Jusque-là, il n’y avait que des chaînes comme CNN, la RAI Uno ou ZDF !
En 1995, il crée son second câblo-opérateur, Mediaréseaux, et raccorde Marne-la- Vallée au câble C’est à cette époque que Patrick Drahi rachète pour 330 millions d’euros une série de câblo-opérateurs français qui fonctionnaient très mal (en général liés à des marchés locaux de HLM). Quand la bulle internet explose, UPC qui a racheté les parts de Drahi en 1999, met la clé sous la porte, mais le « roi des synergies » (« Le Canard Enchaîné », 26 mars 2014) se retrouve, lui, à la tête d’une petite fortune, ayant vendu ses parts à temps. Après quelques nouvelles et juteuses affaires dans l’immobilier, Drahi crée son propre fonds d’investissement, Altice.
Ayant commencé par racheter la compagnie alsacienne Est Vidéocommunication (2002), il s’emparera, en moins de quatre ans, de 99 % du câble français. Ainsi, via Altice rachète-t-il entre autres Numericable, Noos, France Télécom Câble, TDF Câble et UPC France, etc.

Patrick Drahi a signé avec différentes collectivités locales et entreprises, la délégation de service public de la boucle régionale de très haut débit comme en Alsace (2004). Plus tard, il acquiert les câblo-opérateurs des DOM-TOM. On remarquera que la construction du réseau câblé français, véritable désastre financier, a été en totalité financée par des fonds publics (en clair, vos impôts). Mais, en raison de son coût peu avantageux par rapport au satellite ou l’ADSL, le câble (pourtant un prodige technique) n’a longtemps fonctionné que grâce aux clients captifs que sont les locataires d’HLM. C’est donc avec une certaine complicité des collectivités territoriales qui équipent les logements sociaux qu’on peut considérer qu’Altice va s’enrichir.

Patrick Drahi a investi également dans le câble et les télécoms à l’international : au Portugal, au Benelux, en Afrique de l’Est et en Israël. Ne parlant pas hébreu, il a commencé à s’intéresser à Israël vraisemblablement quand il a racheté les parts du premier câblo-opérateur du pays, Hot (nom derrière lequel se dissimule en réalité la plus importante chaîne de films pornographiques israélienne), à la banque Leumi, en mai 2009.

Dernier haut fait en date : la suppression de l’appellation SFR au profit du seul nom du groupe Altice. Pour, à terme, devenir le « leader mondial des télécoms, des contenus et de la publicité »

Postez un commentaire

You don't have permission to register
error: Content is protected !!