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Politique de la ville : le tonneau des Danaïdes

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« l’apartheid territorial, social, ethnique » souvenez-vous de cette petite phrase assumée par le premier Ministre, lors de ses vœux à la presse en 2015. Apartheid territorial, à qui la faute ? Depuis 40 ans l’Etat cherche à éteindre l’incendie d’une paix sociale précaire, en transfusant des milliards d’euros afin de réhabiliter les quartiers dits sensibles sans résultats probants.

Malgré les divers dispositifs*, la Cour des comptes déplorait en 2012, « l’absence de coordination interministérielle de la politique de la ville dans un contexte où les intervenants pullulent » à commencer par le CIV (Comité interministériel des villes), tour de contrôle inopérante créée en 1984 sous la première présidence de François Mitterrand.

Depuis les années 70, des milliards d’euros ont été engloutis pour y ramener la sécurité, rehausser le niveau d’éducation faire baisser le chômage et créer des emplois, notamment par une politique fiscale incitative puisque les banlieues profitent d’un certain nombre d’exonération par le biais de création des Zones Franches Urbaines (ZFU). Les entreprises qui s’y implantent et embauchent une main-d’œuvre locale, peuvent bénéficier d’exonération de charges fiscales, de l’impôt sur les sociétés dégressif sur 8 ans (100% pendant les cinq premières années), d’une exonération dégressive de la cotisation foncière des entreprise (CFE) etc.

Où sont les effets escomptés ?  En situation d’échec scolaire, les jeunes de 15 à 24 ans sont les plus nombreux à rester sur le bord de leur banlieue, 42% sont concernés par le chômage dans les Zones Urbaines sensibles (ZUS) soit deux fois plus que dans les quartiers « conventionnels ».

Lorsque Manuel Valls nous parle de combattre les inégalités pour « refonder la citoyenneté » si la citoyenneté ne se définit pas uniquement par la possession de la nationalité française, comment peut-on motiver la population des 80 zones de sécurité prioritaires (ZSP) que compte notre pays, à participer à la vie de la cité alors que nos principes de laïcité, égalité et fraternité sont rejetés dans ces zones où même l’Etat, par l’intermédiaire de ses forces de l’ordre, semble appliquer un « droit de retrait » !

Le Premier Ministre parle d’inégalités mais qui ghettoïse son propre habitat si ce n’est le communautarisme ? D’après les travaux des démographes Bernard Aubry et Michèle Tribalat, la Seine Saint Denis a vu par exemple, la proportion de jeunes d’origine étrangère passer de 18,8% à 50 % entre 1968 et 2005. Un changement de population qui rejette les lois et valeurs de notre société et amène dans ses valises son propre « vivre ensemble ».

Hypocrisie et déni sont le lot de nos édiles, qui pourtant ne sont pas dupes, puisqu’il existe une échelle de classement de ces Quartiers Sensibles Problématiques (QSP) en passant par les Quartiers sensibles de non-droit (QSN) les plus mal notés où l’intifada est permanente et le commerce….stupéfiant !

Rappelons qu’une grande partie des crédits spécifiques de la ville a été versée à quelques 12 000 associations, sans véritable contrôle ni résultats notables. L’affaire Sylvie Andrieux député PS des Bouches-du-Rhône en est, hélas, le malheureux exemple puisque les magistrats en première instance concluaient que : « l’argent du contribuable a été distribué sans discernement et d’une manière arbitraire dans le cadre d’un clientélisme électoral et a profité à des personnes privées pour leurs besoins personnels ».

En 1977 dans une lettre adressée aux préfets, Raymond Barre, alors premier ministre de Valéry Giscard d’Estaing, affirmait le besoin « d’enrayer la dégradation physique et sociale » des grands ensembles craignant la ghettoïsation.

Aujourd’hui malgré les moyens financiers déployés pour ces nombreux plans Marshall inefficaces, La ghettoïsation tant redoutée s’est durablement installée. Le gouvernement actuel s’obstine à perpétuer les mêmes erreurs que ses prédécesseurs, en sachant pertinemment que ça ne sert à rien, si ce n’est à encourager la logique populaire du « toujours plus » sans contrepartie ni respect des deniers publics.

Sources : les enquêtes du contribuable « politique de la ville » décembre 2015/janvier 2016

Cour des comptes : « ces politiques de la ville terriblement dispendieuses n’atteignent jamais leurs objectifs ».

*Politique de la ville, quelques dates :

    • 1977 Premier plan banlieue sous Valéry Giscard d’Estaing,
    • 1981 Premières émeutes significatives dans le quartier des Minguettes à Vénissieux et création des Zones d’Education Prioritaire (ZEP),
    • 1983 Plan « banlieues 89 » pour rénover les grands ensembles,
    • 1996 Création des Zones Urbaines Sensibles (ZUS) et des Zones de Redynamisation Urbaine (ZRU),
    • 2000 La loi SRU contraint les villes à construire au moins 20% de logement sociaux,
    • 2014 Réduction du nombre de quartiers prioritaires de 2500 à 1500.

 G. Frixon

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