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« Porno » : l’impunité doit cesser

Nous apprenons aujourd’hui que samedi 17 octobre 2020 à Paris quatre hommes ont été mis en examen pour viol, proxénétisme aggravé, traite des êtres humains aggravée dans le milieu de la production de vidéos pornographiques (prostitution filmée).

Un mois après l’enquête préliminaire à l’encontre de la société Jacquie et Michel, le Mouvement du Nid, association de soutien aux personnes en situation de prostitution, se félicite de ce qui pourrait marquer un tournant judiciaire face à l’impunité du « porno », qui est de la prostitution filmée. « Nous espérons le début d’une réelle prise de conscience des violences perpétrées dans cette industrie », explique Claire Quidet, présidente de l’association.

Deux des mis en examen ont été placés en détention provisoire. Le producteur Pascal Ollitrault (dit Pascal OP), connu pour la plateforme « French Bukkake » est également poursuivi pour blanchiment d’argent de proxénétisme aggravé et blanchiment de fraude fiscale. Le producteur Matthieu Lauret, connu sous le nom de Mat Hadix, qui se présente comme producteur indépendant, qui ferait le lien (selon le journal 20 minutes, entre toutes les plateformes actuelles, Jacquie et MIchel, Dorcel, etc.), a été placé en liberté surveillée et contraint de cesser ses activités.

Depuis 2016 et l’adoption en interne d’une position officielle sur le sujet, le Mouvement du Nid dénonce sans relâche l’impunité de l’industrie de la prostitution filmée. Impunité dont l’association ne cesse de mesurer l’ampleur à travers la rencontre avec des personnes en situation de prostitution ayant également été exploitées dans le « porno », ou de personnes qui n’ont connu que cette industrie.

Depuis l’ouverture de l’enquête préliminaire pour viol et proxénétisme à l’encontre de Jacquie et Michel le mois dernier, nous avons reçu des demandes de soutien de nombreuses victimes qui souhaitent témoigner. Elles relatent la même réalité que celles qui ont osé s’exprimer dans une vidéo de Konbini en février, vidéo qui nous avait poussé à signaler les faits dénoncés au Procureur de la République.

« Nous attendons que ce signal fort envoyé par la justice mette un coup d’arrêt aux violences sexuelles subies par les victimes; que les réseaux de proxénétisme, de traite des êtres humains soient sanctionnés et les sites fermés », ajoute Claire Quidet.

Les violences graves subies par les femmes et les enfants exploités par cette industrie ne relèvent pas de la fiction, et la complaisance n’est plus de mise. Il est temps de promouvoir un autre modèle de sexualité que celui proposé par l’industrie de la prostitution filmée,  de proposer notamment aux jeunes garçons une autre image que celle déshumanisante et dégradante des femmes qui y est présentée.

Chacune et chacun a droit à une sexualité libre et libérée de toute forme de contrainte et de violence, condition essentielle d’une égalité réelle entre les femmes et les hommes.

Sandrine Goldschmidt

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