Présidentielle 2017: Vote Blanc, l’exigence démocratique
L’acte électoral est devenu en France comme dans l’ensemble des démocraties occidentales une pratique ordinaire. On a tendance à le banaliser et ne plus y faire attention, tant il parait acquis et évident. Or, l’acte de vote n’a rien d’anodin. A travers lui, les citoyens ont le sentiment de participer à la vie de la cité et de donner un avis qui sera évidemment pris en compte. Quand une dictature accède enfin à la liberté, la première mesure de ce progrès est la tenue d’élections non truquées qui permettent à tous de s’exprimer librement. Le vote devenant le symbole d’une démocratie vivante et respectueuse de tous.
Mais au-delà de la symbolique, le vote représente également un symbole d’appartenance à la Nation. C’est un des rares rites d’intégration à la société qui réponde au besoin d’identification à la collectivité. En effet, si depuis 1875 le vote est organisé le même jour, un dimanche, sur l’ensemble du territoire, ce n’est pas seulement pour des raisons pratiques. Faire voter tous les français le même jour, un jour chômé, c’est leur faire prendre conscience que parce qu’ils vont faire le même jour le même acte, ils font partie de la même communauté. Le jour de l’élection, le cérémonial du bureau de vote et son ambiance de kermesse créent le théâtre d’une volonté populaire qui s’exprime. L’imagerie révolutionnaire du peuple qui détient une part du pouvoir est toujours présente dans notre inconscient collectif. L’espace d’une journée, elle alimente le sentiment que l’ordre hiérarchique peut être renversé. C’est l’héritage de notre culture où le vote est l’acte unique et hautement symbolique de légitimation de la République. La participation des citoyens en est la condition de sa pérennité.
Cependant, le pouvoir politique ne reconnaît plus la dimension symbolique de l’acte électoral et le réduit facilement à un acte purement comptable. Dès lors, entre une classe politique qui s’intéresse davantage aux moyens de son élection, voire de sa réélection, et des citoyens qui revendiquent une liberté de pensée et d’expression, ceux-ci ont-ils réellement les moyens de manifester leur opinion dans la mesure où elle ne vient pas uniquement cautionner des propositions qu’ils jugent inadaptées ? Est-il même possible d’exprimer démocratiquement une quelconque forme de désaccord sans prendre le risque d’alimenter par défaut une candidature toute aussi inadaptée que les autres ?
Retrouvez-moi le 11 février à Lyon pour débattre sur l’état de notre démocratie.
« Ce qui compte ce n’est pas le vote ; c’est comment on compte les votes » (Staline)
Dans un système où le pouvoir politique est élu par décision du peuple, la véritable question qui se pose est de comprendre si le citoyen vote par adhésion pour un candidat ou par simple rejet d’un autre. Or, il faut bien l’admettre, le vote par rejet est devenu une pratique majoritaire chez les électeurs. L’élection présidentielle de 2012 aura été l’illustration parfaite de cette problématique de fond. Nous savons bien que les électeurs ont majoritairement voté CONTRE le président sortant et non pas POUR François Hollande.
Déjà, en 2002, la forte contestation à gauche élimine Lionel Jospin et propulse le Front National au second tour de l’élection Présidentielle face à un Jacques Chirac qui l’emportera avec un score de Corée du Nord. C’était le fameux « 21 avril ». Aucune leçon n’a été tirée de ce premier coup de semonce. Les récentes élections Régionales viennent une fois de plus de prouver les limites d’un système où le vote »contre » aura été érigé en véritable mot d’ordre, devenant parfois même le seul projet politique des candidats du second tour. Dans un tel système, et quel que soit le vainqueur du scrutin, les électeurs français sont toujours les grands perdants car, dans une très large majorité, ils ne font que voter par défaut, contre quelque chose, au lieu de voter pour une offre à laquelle ils souhaiteraient adhérer. Ils sont ainsi des millions à avoir voté contre : contre la gauche, contre la droite, contre le FN, contre le système…mais finalement, ils n’ont voté pour personne.
Quelle peut être la valeur d’une démocratie où les citoyens ne votent plus pour leurs représentants mais utilisent leur droit de vote uniquement pour sanctionner les élus ? Ne serait-il pas plus sain, plus juste, et surtout plus démocratique de permettre aux électeurs d’exprimer leur choix librement par adhésion en leur offrant la possibilité, s’ils le jugent utile, de refuser ces choix ? Ne serait-ce pas là l’expression légitime d’une forme d’exigence citoyenne à l’endroit du politique ?
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