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Quand la BCE vole votre salaire par Isabelle Mouilleseaux

bc_optLe temps est exquis, printanier même. Nous sommes assis à la terrasse du célèbre café Sprüngli à Zurich et nous dégustons un chocolat chaud aussi suave qu’onctueux, recouvert d’une chantilly digne des meilleures pâtisseries munichoises. Un luxe… pour la gourmande que je suis.

Je regarde les Zurichois défiler sous mes yeux et je savoure cette incroyable sérénité que la ville dégage. Une impression d’être hors du temps. Les gens sont ici souriants, aimables, détendus… le stress semble inexistant. Une bénédiction quand vous baignez dans la perpétuelle agitation, effervescence, je dirais même « grouillement » parisien.

Une richesse feutrée et discrète, que l’on devine mais qu’on ne voit pas

Autre chose me frappe dans cette ville : une sensation de richesse. Pas la richesse m’as-tu vu qui s’étale ostensiblement aux yeux de tous. Non… rien de cela ici, tout le contraire.

Une richesse feutrée et discrète, que l’on devine mais qu’on ne voit pas (à l’exception du ronronnement des Porsche qui défilent ici dans les rue à tout bout de champ. Au point d’en conclure que Zurich est probablement le marché le plus important du constructeur automobile allemand en termes de concentration !).

En lisant le journal de Zurich (Neue Zuricher Zeitung, NZZ pour les intimes) je découvre en regardant les petites annonces qu’un poste de stagiaire est proposé à 2 000 – 2 500 francs suisses (FS), soit 2 266 euros… Et qu’une caissière est recherchée pour 3 000 – 3 500 FS (soit 3 175 euros). Le sujet qui fait débat dans la presse : la mise en place d’un salaire universel de 2 500 FS par mois pour tous les Suisses.

La serveuse nous apporte la note… ou plutôt devrais-je dire la douloureuse. Merci la BCE !

Cette expression prend ici tout son sens… Tout, à Zurich, est hors de prix. Tout. De l’ordre de 30%. Mon porte-monnaie ressent au plus profond de ses entrailles les conséquences de la très forte dépréciation de l’euro face au franc suisse.

Tant que vous restez en France, le concept de « guerre des monnaies » reste très abstrait. Venez en Suisse et vous la prenez de plein fouet. Cette guerre, vous la subissez effectivement et vous comprenez soudain que vous en êtes victime.

Mon salaire en euro ne pèse rien ici…

Une sensation très désagréable, je dois bien l’avouer. Je prends conscience à quel point « tout est relatif », à quel point les effets de la politique de Draghi sont ravageurs pour le quidam que je suis.

Un frisson me parcourt l’échine : si depuis Zurich la valeur de mon salaire actuel ne vaut pas grand-chose… qu’en est-il de mon salaire accumulé depuis 25 ans (mon patrimoine) ?!

Je prends conscience que le fruit de mon travail, issu de 25 ans de dur labeur, a lui aussi été déprécié par le laxisme monétaire effréné de Monsieur Draghi.

Dit autrement, monsieur Draghi m’a littéralement « volé » des années de travail, amputant largement mon patrimoine.

Il était viscéralement attaché à son deutsche mark fort

Je comprends maintenant pourquoi mon grand-père (allemand) était si viscéralement attaché à son deutsche mark fort bien qu’il exportât, ce qui ne devait pas lui faciliter la tâche (il avait monté une petite ETI).

Son leitmotiv à l’époque déjà était de tout miser sur la qualité et le haut de gamme. Il créait des produits exceptionnels, des vrais. Et les gens étaient prêts à acheter cette qualité, même si cette dernière avait un coût.

C’était de la vraie création de valeur. Et les salaires qu’il distribuait à ses salariés avaient un fort pouvoir d’achat, une vraie valeur. Une valeur que la Bundesbank ne bradait pas sur les marchés internationaux à coups de dépréciation préméditée et organisée.

En Allemagne, la banque centrale est le garant de la stabilité de la monnaie, et donc le garant de la valeur du fruit du travail des citoyens.

Aujourd’hui les choses ont changé. La banque centrale orchestre le plus grand hold-up de tous les temps : en première ligne, les retraités, les épargnants, les salariés… volés sans même en être conscients. Le crime parfait…

Draghi peut dormir sur ses deux oreilles et poursuivre sa symphonie en si mineur de destruction massive de valeur.

Sortez du cadre franco-français et pensez global

Alors que faire ?

Pour ma part, mon cheminement a été progressif et est passé par ces trois étapes :

– Ouvrir les yeux, prendre conscience de notre situation relative…
– Raisonner international et non franco-français (plus précisément avoir en tête la Big Picture macro-économique)
– Diversifier son patrimoine entre classes d’actifs (immobilier, actions, obligations, foncier, entreprise…) ET entre les devises (pensez international).

Et pourquoi pas devenir mobile. Beaucoup de retraités français, à la recherche de leur pouvoir d’achat perdu, s’expatrient au Portugal ou au Maroc. Nos frontaliers qui travaillent en Suisse aussi.

Le plus important à retenir étant de sortir du cadre franco-français et de penser global pour mieux appréhender les choses.

Pour plus d’informations et de conseils de ce genre, c’est ici et c’est gratuit

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