Quand les ONG s’inquiètent… de ne plus avoir de migrants à secourir. (AFP)
Seul humanitaire au large de la Libye, l’Aquarius s’inquiète surtout d’être désoeuvré.
A bord de l’Aquarius, seul navire d’ONG resté au large de la Libye, secouristes et humanitaires poursuivent leur veille, s’inquiétant surtout de ne plus voir arriver de migrants.
Jeudi, la marine libyenne a annoncé la création d’une zone de recherche et de secours (SAR) allant bien au-delà des 12 milles nautiques de ses eaux territoriales, et en a banni les ONG, que Tripoli accuse de collusion avec les passeurs.
Quelques jours plus tôt, des gardes-côtes libyens avaient tiré en l’air en face d’un navire humanitaire, promettant de le viser directement la prochaine fois. Une à une, les ONG ont suspendu leurs opérations.
L’Aquarius, affrété par SOS Méditerranée avec le concours de Médecins sans frontières (MSF), est resté seul au large de la Libye, où le Golfo Azzurro de l’ONG espagnole Proactiva Open Arms, actuellement en ravitaillement à Malte, devrait prendre le relais mardi.
« Pour l’instant, nous poursuivons notre activité de patrouille dans les eaux internationales », assure Nicola Stalla, coordinateur des opérations de recherche et sauvetage à bord de l’Aquarius. (…)
Et ce qui inquiète vraiment les humanitaires, c’est avant tout le calme plat de leurs journées.
Alors que la mer est calme et les vents favorables aux départs, l’Aquarius n’a plus aperçu d’embarcation de migrants depuis une semaine. Même au coeur de l’hiver, la saison la moins favorable aux départs, il n’avait pas connu de rotation de trois semaines sans ramener des centaines de migrants.
En Italie, les arrivées de migrants ont diminué de moitié en juillet par rapport à l’année dernière, et les autorités en ont compté 1.700 depuis début août, encore loin des 21.300 enregistrés sur tout le mois d’août 2016.
« Il est très difficile de savoir ce qui se passe en Libye. Mais ici on voit qu’il y a moins de canots qui partent et que ceux qui partent sont interceptés par les gardes-côtes libyens », explique Marcella Kraay, responsable de projet de MSF à bord.
Elle qui a constaté les traces de mauvais traitements, de violences et de tortures subis en Libye sur les corps de tant de migrants secourus par l’Aquarius, s’inquiète du sort de ces migrants interceptés et ramenés dans des centres de détention en Libye, à la merci d’un nouveau cycle d’abus.
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