Qu’est-ce que le «chemsex», cette pratique mêlant sexe et drogue ?
Depuis le tragique accident provoqué par Pierre Palmade, certains médias parlent moins de l’accident que de la vie sexuelle de l’acteur ou de son rapport à la drogue ou au chemsex. Quitte à commettre de nombreuses approximations et à renforcer les stigmatisations.
Le chemsex consiste à prendre du plaisir, sous l’empire de drogues de synthèse, avec une ou plusieurs personnes, du même sexe ou pas, rencontrées sur une application de rencontre quelques heures auparavant ou que l’on connaissait déjà. Les produits ingérés permettent alors d’intensifier l’excitation, d’augmenter les performances des hommes, de favoriser le contact et d’accroître les sensations.
Dans un long dossier que Le Parisien consacrait l’hiver dernier au sujet, Sébastien, un ancien « chemsexeur » de 37 ans, nous confiait : « Il y a un besoin de se désinhiber pour certains qui n’acceptent pas toujours leur homosexualité. Pour d’autres, c’est la recherche de performance, ou la déconnexion avec un réel parfois pesant, ou pour expérimenter des pratiques plus extrêmes ».
Sur les applis de rencontre, les usagers du chemsex se reconnaissent avec des émoticônes spécifiques, des mots codés ou à double sens.
Qui le pratique ?
Le phénomène naît dans les années 2000 dans la communauté homosexuelle, d’abord à Londres (Royaume-Uni). Selon le Journal du sida, c’est l’activiste et militant gay David Stuart, responsable du service addictologie d’une clinique londonienne, qui a développé l’accompagnement des usagers et baptisé la pratique chemsex, contraction de « chems » (chemicals) et « sex ».
Entre 2008 et 2017, 24 décès liés au chemsex ont été recensés en France.
Selon certaines sources, la pratique serait très minoritaire parmi les HSH (ainsi en 2015, un sondage à Londres montrait que seulement 2,7 % des personnes interrogées avaient fait usage de drogue injectée au cours de l’année précédente). Certains (tel Marco Scalvini, enseignant italo-britannique à la London School of Economics) estiment que l’usage de cette pratique est exagéré par certains médias qui relaieraient selon eux ainsi l’idée que le sexe est un problème de santé publique, plutôt qu’une source de transgression et de plaisir. La pratique semble plus répandue et plus problématique au Royaume Uni qu’en France.
Cependant, les résultats de l’étude « Sea, Sex and Chems » dévoilés en novembre 2021 montrent que le chemsex est en essor en France depuis le début des années 2010 et concerne un public de plus en plus jeune