QUI SERAIT TENANT DU LIBERALISME ECONOMIQUE
Pas loin de 18 % des suffrages exprimés, ce qui ne qualifie pas Marine Le Pen pour le deuxième tour, mais fait de ce que l’on appelait, jusqu’à présent, l’extrême-droite, la nouvelle droite française. Or son programme est sans ambiguïté : « mettre fin à la dictature des marchés financiers en instaurant un Etat fort, stratège et protecteur, agissant au service de notre économie et de nos emplois », « lutter contre la concurrence déloyale venue de pays comme la Chine ou l’Inde […] par la mise en place de protections aux frontières, modulées et adaptées ».
Quant au Front de gauche, qui réalise un score significatif (au-dessus de 11 %) – et regroupe anciens communistes et anciens trotskystes – il dit « non à l’Europe libérale » et veut « des services publics partout et pour tous ». 30 % d’anti-libéraux, cela ne fait pas une majorité. Mais chacun des autres candidats « d’opposition », de l’extrême gauche (Philippe Poutou et Nathalie Arthaud) à la sociale-démocratie (François Hollande) en passant par les écologistes (Eva Joly), les souverainistes (Nicolas Dupont-Aignan et Jacques Cheminade), les centristes (François Bayrou), tient un discours dont aucun ne prône ni la « déréglementation » ni la « globalisation » qui ont été les fondements d’une « mondialisation » qui, disait-on, devait apporter le bonheur à toute l’humanité. Même Nicolas Sarkozy a été obligé de reconnaître, dans sa « profession de foi », que « la mondialisation crée aussi des peurs et des souffrances, les usines qui ferment, les salaires qui stagnent, le monde qui change trop vite et qui oublie l’humain ».
Alors que le mouvement « altermondialiste » s’est essoufflé partout dans le monde, au profit de celui des « indignés », ce ne sont plus les militants qui dénoncent les maux et les dérives du capitalisme contemporain, ce sont les électeurs qui ont entrepris de sanctionner les politiques économiques libérales. Ce n’est pas le résultat d’une démarche idéologique qui prônerait un autre modèle de croissance, mais la constatation que cela ne marche pas : si la France reste riche (malgré un niveau d’endettement intolérable), les Français ne cessent non seulement de s’appauvrir mais de voir leurs acquis sociaux remis en question. D’où ce repli sur l’Hexagone qui aura caractérisé le débat du premier tour de la présidentielle française 2012 : il n’est pas grand monde, parmi les candidats, pour aller voir au-delà de la France et aborder les questions internationales.
D’après Jean-Pierre BEJOT
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