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Redéfinir le paysage urbain . Par S de La Houssière

Tout le monde connait les travaux de Christo qui utilise le tissu pour créer des œuvres éphémères en « emballant » des monuments, des lieux : proche du Land Art, une nouvelle pratique artistique se développe aujourd’hui en France autour d’un concept imaginé par David-Hervé Boutin fondateur d’un groupe de conseil en production de contenus culturels pour les marques.
Formé à la pédagogie Montessori, David-Hervé Boutin développe très jeune une passion pour l’expression artistique. Il conjugue aujourd’hui culture et communication par le biais de sa société BB+ qui se veut médiateur entre les institutions, les acteurs culturels et les sphères de communication, trois domaines qui ne dialoguent pas d’ordinaire entre eux.
« On n’imagine pas la potentialité que représente aujourd’hui la culture dans l’espace public en général et urbain en particulier » nous explique t-il.
C’est donc dans le créneau de l’éphémère et de l’événementiel sur grand format que DHB se positionne au carrefour entre le Land art et le Street art « pour créer du lien dans la société, une émotion. C’est une idée que j’ai eue en 2013 en me baladant sur les quais de Seine, en voyant cette immense bâche publicitaire envahir les bâtiments classés historiques : la Conciergerie, la place de la Concorde… Ces publicités sont là pour payer les ravalements que l’Etat ne peut pas faire. Je trouvais cela intéressant de mettre en avant un autre type d’œuvres et mettre en avant ces talents que j’ai toujours cherché à détecter, aider et promouvoir à divers moments de ma vie. »
Il s’agit de redéfinir le paysage urbain, chercher un lieu visible, proposer à la copropriété le projet d’héberger l’œuvre d’art puis trouver le mécène qui soutiendra l’artiste .
En effet, la loi impose aux propriétaires d’immeubles ou aux syndics de copropriété de tenir les façades en bon état en les ravalant au moins une fois tous les dix ans. Ces travaux peuvent être très onéreux et ils ne peuvent bénéficier d’un financement par la publicité comme certains monuments nationaux. « A moins d’être classé et de faire financer l’opération par la publicité, le ravalement d’un immeuble obligatoire tous les 10 ans est extrêmement coûteux », note le producteur.
L’idée est simple : mettre à disposition l’espace des bâches PVC qui recouvrent les façades d’immeuble pendant les travaux (sur une durée variable de 3 mois à 3 ans) pour des œuvres d’art. Les copropriétaires sont mis en relation avec des artistes et des marques ou fondations qui sont prêts à investir l’espace avec une œuvre et participer à une partie des frais de rénovation comme le montage des échafaudages. Le but premier est d’offrir une scène aux jeunes artistes qui ont parfois du mal à obtenir de la visibilité. Les entreprises en finançant et les copropriétaires en mettant à disposition ces bâches leur permettent d’atteindre un niveau de visibilité important.
C’est un cercle vertueux dont personne n’a lieu de se plaindre ; ce que David-Hervé Boutin définit par un néologisme : « l’artketing » : face à une problématique, un artiste partage son univers avec une marque.
Ainsi , sur la place de l’église Saint-Germain (VIe arrondissement à Paris), un immeuble vient de faire l’objet d’une opération de ravalement qui s’est métamorphosée en exposition artistique de l’artiste anglaise Quentin Jones, coup de cœur de la fondation Sisley/D’Ornano, : La marque apparaît dans un bandeau. Ce n’est pas de la publicité puisque 90% de la bâche est une œuvre d’art. « Je me suis renseigné sur le règlement local de publicité, j’ai pris tous les renseignements possibles en matière de sécurité. Le nom de la fondation apparaît sur la bâche mais ici, on ne vend pas de produit »
Cette nouvelle forme d’art urbain occupe un positionnement unique en son genre, que le fondateur de BB+ entend bien développer dans d’autres villes françaises voire d’exporter à l’étranger. A suivre….

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