« Retraités » et « personnes âgées dépendantes » : circulez, y a rien à voir !
Exit les « retraités » (le mot). Exit les « personnes âgées » (le mot encore). Il n’y a plus, dans le premier cas, que des « inactifs » (au sens de l’INSEE) – des « oisifs » penseront certains -, et, dans le second cas, que des situations de « dépendances » (au sens médical du terme).
Drôle de représentation sociale qui efface d’un coup de nos consciences (et de notre vocabulaire) deux catégories de populations que l’on tient désormais pour « inutiles » ou « gênantes ». Les « personnes âgées dépendantes » n’étant pas fiscalement ponctionnables, ce sont les « retraités » qui paieront ! Ainsi en a décidé le « bon » président Macron. Invoquant la solidarité intergénérationnelle, le chef de l’Etat met aujourd’hui à contribution (fiscale) les « inactifs » qui perçoivent plus de 1 200 € mensuels de pension pour, dit-il, aider la jeunesse.
Louable dessein que de vouloir aider les jeunes dont beaucoup sont, en effet, fort démunis et, en ce qui les concerne, « dépendants » eux-aussi, mais financièrement (et d’abord de leur famille qu’ils ne parviennent plus à quitter). Mais, faut-il pour cela ouvrir une « guerre des générations » ? Est-ce vraiment en prenant dans la poche des uns, les « anciens », pour remplir (petitement de surcroît) la poche des autres, les jeunes, que l’on va résoudre le problème de ces derniers ? D’autant que, contrairement à certaines affirmations de députés, vraiment « dans le potage », adhérents d’En marche, les « retraités », dans leur grande majorité, ne sont pas des « nantis ». Ils ont travaillé toute leur vie, parfois durement, quelquefois en cotisant jusqu’à quatre décennies pour souffler enfin : ils n’ont donc pas « volé » leur pension. Faut-il redire ici que les « retraités » ne sont pas non plus des « assistés », que leur pension est un revenu comme un autre, et certainement pas une « obole » ? Leur argent, ils y ont droit, comme les actifs ont droit à leur salaire et les fonctionnaires à leur traitement.
Beaucoup de retraités, qui n’ont que le minimum vieillesse pour vivre, sont désormais moins bien traités que les « smicards ». Tandis que le SMIC est, en effet, réévalué tous les ans, les pensions sont gelées depuis quatre ans (ce n’est pas en effet le 0, et quelque chose, obtenu en début d’année, qui constitue un réel changement).
Aujourd’hui, ces pensions se voient amputées par une augmentation d’1,7 point de CSG qui, pour des milliers et milliers de pensionnées, ne sera compensée par rien (eux n’obtenant pas une baisse de la taxe d’habitation). Comment, dans ces conditions, ne pas comprendre leur colère et les manifestations de rue du 15 mars dernier ?
La situation est pareillement compliquée pour les « personnes âgées » – que l’on appelle désormais « seniors » (jusqu’à parfois 75 ans et plus). Exit les « vieux », chantés jadis par Brel, exit même, par conséquent, les « personnes âgées » – mot inquiétant dans une société frappée de « crise de jeunisme aigüe ». Exit enfin la notion de « troisième âge ».
Mais où sont donc les « personnes âgées » ? Dans ce « quatrième âge » dont parlait un retraité-manifestant l’autre jour, celui de la dépendance.
Avez-vous bien compris ? C’est la dépendance qui fait désormais la « personne âgée ». Pas de dépendance, donc de pathologie », pas de « personne âgée ». Qu’on se le dise une fois pour toutes : une personne âgée en bonne santé est un « senior ». Le mot fait moins peur. Car, bien évidemment, dans l’inconscient collectif, être « âgé » c’est être dans l’antichambre de la mort. Et la mort, nos sociétés n’en veulent pas, non plus.
Michel Fize, sociologue
Auteur de « L’Individualisme démocratique » (Ed. L’œuvre, 2010)
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water water
Si jeunesse savait.
Si vieillesse pouvait.
Pourtant, les jeunes IMC ne savent pas marcher et ne peuvent pas marcher.
La mort est une vérité, rien à voir avec l’age, ni la souffrance.