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SOMMES-NOUS AUX PORTES DE LA LIBERTE D’EXPRESSION ?

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Le phénomène mondial sur Charlie nous montre que si la liberté est en réalité très mal en point en ce monde, au point où même les liberals sont tous saufs libéraux et être libéral est devenu une insulte, au moins quand on touche à un de ses porte-parole supposés, le monde entier ou presque se réveille aussitôt. Preuve que la liberté reste et restera une aspiration universelle qu’il suffit d’éclairer, justifiant que les libéraux poursuivent leur action en ce pays pour la recouvrer.

Ce tsunami de soutien semble affirmer que l’atteinte à la liberté d’expression, à défaut de la liberté elle-même, est une exigence non négociable. Dès lors, si elle n’est pas négociable, peut-elle n’être qu’absolue et donc hors de prix ? A-t-elle un prix ? Ou bien la question même est-elle une hérésie ?

Remettons peut être d’abord la liberté d’expression dans une perspective libérale, c’est-à-dire centrée sur le respect du droit naturel par et pour l’individu. Si vous êtes chez moi, avez-vous le droit de tout y dire ? Certes, tant que je l’accepte. Dans un cinéma, a-t-on le droit de crier au feu, pour créer une panique ? Probablement pas. En France, ai-je le droit de me revendiquer islamiste ? Ou communiste ? Ou juif ? Ou gay ? Bien sûr.  Absolument. Cela tant que j’en assume les conséquences et en particulier l’exclusion éventuelle du pays, de la ville ou de la communauté qui m’accueille, si c’est son choix. La liberté d’expression n’est jamais ni sans prix, ni absolue, même pour un libéral.

La liberté d’expression est donc comme tout aspect de la liberté, elle est limitée par la liberté d’autrui. L’enjeu tient à la responsabilité qui va de pair et à mon obligation de l’assumer.

Il y a donc un prix à la liberté d’expression, comme en toutes choses. Dans la société, ce prix c’est ma réputation. Soit je veux me fondre et entretenir une réputation neutre et ma capacité de parole est d’autant amoindrie. Mais amoindrie par mon propre choix. Soit j’assume et j’entretiens une réputation peut-être plus marquée, au risque de me voir pris comme héro ou comme intolérable.

Ce qui est sûr par contre, ces rappels faits, c’est que le prix de notre liberté n’est pas d’un million. Un million abject qui a été proposé pour renflouer Charlie Hebdo. Pourquoi abject ? Pour trois raisons.

Piocher dans nos poches, via les impôts pour renflouer une entreprise est immoral, Charlie ou pas. Le faire pour un journal et pas pour tous serait un autre scandale. Mais surtout, l’Etat souhaite financer un symbole de la presse supposée indépendante et critique ? Cela ressemble fort à de la censure. Si ce n’en est pas, c’est un soutien à une voix de bord politique loin d’être neutre à cet instant.

Le prix de la liberté d’expression ne peut pas justifier la corruption via l’Etat, cet organe qui seul empêche la liberté se fonctionner. Le prix de la liberté d’expression consiste à refuser que l’Etat finance ou subventionne la presse. Toute la presse. En toute circonstance.

S.G

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