Sommet à Bali : la Russie sera-t-elle la pomme de discorde du G20 ? Par Alexandre Lemoine
Le président russe Vladimir Poutine a l’intention d’assister au sommet du G20 à Bali, qui se tiendra les 15 et 16 novembre. C’est ce que le dirigeant indonésien Joko Widodo a déclaré à l’agence Bloomberg. « Xi Jinping viendra. Le président Poutine m’a également dit qu’il viendrait », a-t-il déclaré. D’ailleurs, ce n’est pas la première fois qu’il annonce la visite du président russe au sommet du G20. Mais jusqu’à présent, il s’avérait à chaque fois qu’il s’agissait d’une forme générale de participation, par exemple en visioconférence, et pas forcément d’une visite en personne.
Dmitri Peskov, porte-parole de la présidence russe, disait également auparavant que M. Poutine participerait au G20, sans pour autant préciser dans quel format.
La Maison Blanche a annoncé que le président ukrainien Volodymyr Zelensky devait participer au sommet du G20 si Vladimir Poutine y prenait part. En outre, l’ambassadeur d’Indonésie en Russie Jose Tavares a parlé de la disposition des autorités de son pays à organiser pendant le sommet des pourparlers entre les présidents russe et américain, « s’ils participaient en présentiel à l’évènement et désirait se rencontrer ».
Le problème en l’occurrence est que le président ukrainien ne témoigne aucun optimisme quant aux négociations. À l’issue de son entretien avec le président turc Recep Tayyip Erdogan en Ukraine, M. Zelensky a clairement fait comprendre qu’il l’accepterait si tous les territoires considérés comme siens par l’Ukraine étaient libérés. Y compris la Crimée, évidemment. Or le Kremlin a déjà déclaré à maintes reprises que la question criméenne était close et qu’il ne pouvait y avoir aucune discussion.
Volodymyr Zelensky est soutenu par de nombreux dirigeants étrangers. Cela concerne notamment le G7, qui décrète à la chaîne des sanctions contre la Russie.
Le G20 n’est pas homogène et en son sein il existe un groupe de pays adoptant une approche différente du conflit russo-ukrainien. La venue de Vladimir Poutine à Bali est soutenue par l’Inde, l’Afrique du Sud et la Chine, dont le dirigeant Xi Jinping n’est actuellement pas non plus le bienvenu au sommet aux yeux de certains.
Certains pays voudraient également que le dirigeant russe se rende au sommet et devienne accessible au dialogue. Ils estiment qu’il ne faut pas perdre le contact avec la Russie, alors que les tentatives de l’isoler ne feront qu’aggraver la situation sécuritaire à l’échelle mondiale. C’est notamment le cas de la Turquie, de l’Arabie saoudite et du Brésil.
Un autre groupe de pays insisterait, si c’était possible, plutôt sur la nécessité d’exclure la Russie du G20. Selon eux, il est inutile de parler du développement économique mondial avec un État qui fait l’objet de sanctions sans précédent dans l’histoire mondiale. Ce sont le Royaume-Uni, les États-Unis et le Canada.
Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov était présent à la réunion des chefs de diplomatie du G20 en juillet à Bali, même s’il n’a pas participé à la photo de groupe traditionnelle pour de tels réunions. Mais quoi qu’il en soit, cela ne correspond certainement pas au niveau d’isolement auquel appellent les leaders de la coalition antirusse.
Par conséquent, si Vladimir Poutine décidait effectivement de se rendre à Bali, nous assisterions certainement à une situation similaire. Certains dirigeants renonceront aux contacts, mais la plupart s’entretiendront avec lui. Sachant que la principale intrigue du sommet devient l’éventualité de rencontres personnelles de Vladimir Poutine avec Joe Biden et Volodymyr Zelensky. Cela paraît peu probable aujourd’hui, mais il reste encore trois mois, bien des choses peuvent changer au cours de cette période.
Alexandre Lemoine
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