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Soudan : L’ONU craint une « guerre civile totale »

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Samedi 8 juillet, des dizaines de civils ont été tués à Khartoum, dans un raid attribué à l’armée de l’air. Un bombardement meurtrier condamné par Antonio Guterres, le secrétaire général de l’ONU.

Depuis près de trois mois de conflits, le pays est déchiré entre les troupes du général Abdel Fattah Al-Bourhane – chef de l’armée – et celles du général Mohammed Hamdan Daglo – Force de soutien rapide -.

Un bombardement meurtrier à Khartoum

Le bombardement, survenu sur le quartier de Dar al-Salam, dans la banlieue nord-ouest de la capitale, a fait selon le ministère « 22 morts et un grand nombre de blessés parmi les civils ». Les Forces de soutien rapide (FSR), paramilitaires en guerre contre l’armée depuis le 15 avril, quant à elles ont dénoncé « la perte tragique de plus de 31 vies et de nombreux blessés ».

Sur une vidéo postée en ligne par le ministère de la santé de l’Etat de Khartoum, des corps gisent au sol, certains avec des membres déchiquetés dépassant des draps jetés à la va-vite pour les couvrir. Ces images témoignent de la cruauté de ce raid mené par l’armée de l’air.

En 12 semaines de guerre entre les troupes du général Abdel Fattah al-Burhane et le FSR du général Mohamed Hamdane Daglo, près de 3 000 morts ont été recensés. Ce bilan serait fortement sous-estimé, puisque de nombreux corps jonchent encore les rues inaccessibles.

L’ONU alerte sur les risques d’une déstabilisation de la région

Dimanche 9 juillet, l’ONU a prévenu que le Soudan était « au bord d’une guerre civile totale potentiellement déstabilisatrice pour toute la région ». Ce pays se situe aux confins de la Corne de l’Afrique, du Sahel et du Moyen-Orient, des zones déjà en proie aux violences avant le début de la guerre au Soudan. Survenus d’abord au cœur de la capitale, les raids aériens, les combats et les pillages qui s’ensuivent ont gagné le Kordofan, au sud de Khartoum, le Darfour et le Nil Bleu, frontalier de l’Éthiopie.

La violence s’accroissant, près de trois millions de Soudanais ont été forcés de quitter leur foyer, dont plus de 600 000 pour l’étranger, principalement le Tchad, à l’ouest et l’Egypte, au nord. Farhan Haq, un porte-parole du secrétaire général de l’ONU, a dénoncé « une absence totale de respect du droit humanitaire et des droits humains », notamment au Darfour, région fortement touchée par les conflits dans les années 2000 et de nouveau au cœur de combats.

L’ONU affirme également que les les combats ont pris une « dimension ethnique », dans cette vaste région de l’ouest du Soudan, où des civils armés et des combattants tribaux ont rejoint les deux camps en guerre. Des habitants ont rapporté des « exécutions » sur la base de l’origine ethnique.

Vers une sortie de crise ?

Pour tenter une sortie de crise, l’ONU prône les propositions de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD). Ce bloc de l’Afrique de l’Est réunira, lundi 10 juillet, à Addis-Abeba des dirigeants des pays à la manœuvre dans le dossier soudanais : le Kenya, l’Ethiopie, la Somalie et le Soudan du Sud. Les deux généraux en guerre ont été invités. Ils pourront toutefois envoyer des lieutenants à Addis-Abeba.

Khalid Omer Yousif, l’un des responsables civils écartés du gouvernement en 2021 par le coup d’Etat des deux généraux aujourd’hui en guerre, a annoncé que plusieurs personnalités se trouvaient à Addis-Abeba pour « discuter avec des acteurs soudanais et internationaux afin d’accélérer les efforts de paix ». Les négociations menées par les Américains et les Saoudiens n’ont jusqu’à présent abouti qu’à des trêves temporaires, qui n’ont pratiquement jamais été respectées.

Dimanche 9 juillet, l’Egypte a annoncé dans un communiqué de la présidence, qu’elle accueillerait un sommet des voisins du Soudan ce jeudi, pour examiner « les moyens de mettre fin au conflit » et à ses « répercussions » sur les pays voisins. 

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