Toussaint : L’importance des rites funéraires en France
Les cérémonies d’adieux sont essentielles puisqu’elles nous permettent d’amorcer notre deuil. À l’annonce du décès, il est difficile de réaliser qu’il ne sera plus possible de partager des moments avec une personne qui faisait pourtant partie de notre quotidien. Savoir que la personne est décédée est une chose, saisir toutes les implications liées à cette douloureuse séparation est une tout autre chose. En effet, sentir que nous avons perdu quelqu’un d’important dans notre vie prend beaucoup de temps, des mois, plusieurs mois. Le premier pas dans ce long cheminement commence souvent avec les rites funéraires qui nous invitent à s’arrêter un instant.
RITE CATHOLIQUE
A l’approche de la mort, la religion catholique propose à ses fidèles de recevoir le sacrement des malades. Un moyen pour la personne de préparer son âme à son entrée dans la vie eternelle auprès de Dieu. Cette célébration se déroule en présence d’un prêtre. Elle est ponctuée de prières et de lectures de la Bible.
Une fois le décès constaté par un médecin, l’Eglise invite l’entourage en deuil à se recueillir auprès du défunt, afin d’ouvrir à ceux qui restent dans la peine un chemin d’espérance.
Puis vient le temps de la cérémonie religieuse des obsèques. A cette occasion, fleurs, bougies et prières aident le défunt à se détacher du matériel et l’entourage en deuil à rendre grâce pour la vie écoulée de leur proche.
RITE PROTESTANT
A l’heure du passage de vie à trépas, la communauté se recueille autour du mourant, en présence de l’aumônier, pour prier et lire la Bible. Ce moment a pour but de rappeler et renforcer l’espérance en la grâce de Dieu.
Lors de la veillée mortuaire, une fois le décès prononcé, l’un des proches du défunt peut endosser le rôle du pasteur et lire des passages de la Bible.
Le culte des funérailles est quant à lui destiné à accompagner la famille et les amis. Il est centré sur la prédication de l’Évangile, promesse de Résurrection.
Le défunt est ensuite enterré simplement, accompagné de lectures de la Bible et de prières.
RITE ORTHODOXE
Traditionnellement, en Orient surtout, le corps est porté à l’église, cercueil ouvert et un linge recouvre son visage. En France, une dérogation est obligatoire pour un tel rite qui concerne surtout des personnalités.
L’enterrement a lieu trois jours après le décès, le temps que l’âme se sépare du corps. L’ascension vers Dieu se poursuit quarante jours, durant lesquels l’âme poursuit sa purification et accomplit son effort de détachement du corps. Les orthodoxes refusent la crémation, qui rompt la continuité entre le corps mortel et le corps glorieux promis à la fin des temps.
RITE JUIF
Le corps du défunt est soumis à une toilette de purification, au rituel prédéfini et exécuté en l’absence de la famille par des femmes pour une femme, par des hommes pour un homme. Le corps est ensuite posé à même le sol, sans aucun bijou et intégralement enveloppé dans une toile blanche. Il repose sur le dos, le visage tourné vers le ciel, les mains le long du corps, la tête posée sur un sachet de terre d’Israël.
Le corps ne devant jamais rester seul, une veillée traditionnelle est ensuite organisée, en présence de la famille, hommes et femmes réunis. Des psaumes sont lus en continu et la lumière des bougies allumées pour l’occasion symbolise l’immortalité de l’âme.
Aucune cérémonie n’est prévue à la synagogue, ce lieu de culte étant réservé à la vie.
Avant le départ au cimetière, la famille déchire le vêtement qu’elle porte, sur son côté droit, en signe de douleur. Devant la tombe et avant la mise en terre, une oraison funèbre est lue par le Rabbin. Chacun des membres de l’assistance jette ensuite trois pelletées de terre dans la fosse, puis le Kaddish, la prière des morts, est récité. Tous se lavent les mains sans les essuyer pour rester symboliquement en lien avec le défunt et sa famille. En principe, aucune fleur ne devra être déposée sur la tombe avant 11 mois écoulés ; le monument funéraire devra porter une inscription hébraïque et parfois le symbole des tables de la loi.
RITE MUSULMAN
Quand la mort est imminente, la personne est tournée du côté droit. La profession de foi de la religion musulmane lui est chuchotée à l’oreille : « Il n’y a pas d’autres dieux que Dieu ! ». L’entourage récite également la sourate XXXVI, avec notamment le verset 12 : « C’est Nous qui ressuscitons les morts et écrivons ce qu’ils ont fait [pour l’au-delà] ainsi que leurs traces. Et Nous avons dénombré toute chose dans un registre explicite », et plus loin : « La trompette [du jugement dernier sonnera], et voilà que tous les êtres se dresseront devant leur Seigneur. »
Pour permettre au défunt de passer de la vie sur terre à celle dans l’au-delà, une toilette de purification s’impose. Le lavage du corps est effectué, dans la tradition, par quatre personnes du même sexe que le défunt. Une femme a cependant le droit de faire la toilette de son époux et inversement. Le corps est placé avec la tête en direction de la Mecque, puis lavé de haut en bas trois fois pour chaque partie, en commençant par la droite. Le corps essuyé est enveloppé dans un nombre impair de vêtements (trois pièces d’étoffe blanche non cousues), les bras le long du corps (paumes en haut) ou croisés sur la poitrine.
Pendant la veillée mortuaire, des sourates du Coran sont récitées par un Imam ou une personne habilitée. Le défunt doit être enterré le plus rapidement possible, en principe sous 24 ou 48 heures.
La famille est présente à la levée du corps.
RITE BOUDDHISTE
Chez les bouddhistes, on prépare sa mort tout au long de sa vie grâce à la méditation.
Après le décès de la personne, l’esprit du mort quitte son corps pour rejoindre le Bardo, une sorte de monde onirique, avant de se réincarner. Cette réincarnation peut être plus ou moins heureuse. Les fidèles ayant beaucoup médité, et donc préparé ce passage, souffriront moins des tumultes du Bardo.
Dans la tradition bouddhiste, la pratique la plus répandue reste l’incinération. Le rituel funéraire est très long. Il dure 49 jours. Les cendres du défunt reposent tout ce temps devant l’autel au pied du Bouddha. Les moines prient afin d’aider l’esprit et le guider à travers le Bardo.
Les funérailles sont aussi l’occasion de rendre hommage à une personne qui a marqué notre vie. C’est lui signifier jusqu’au bout l’affection que nous lui portons. La remercier pour ce qu’elle a été et lui dire adieu en lui offrant des témoignages, des musiques et des gestes qui symbolisent le couronnement de sa vie.
Sahara Cohen