Tout va très bien….oui mais pour qui ? par G.Frixon
« Les institutions passent par trois périodes : celle des services, celle des privilèges, celle des abus » Chateaubriand
Pour reprendre le titre du magazine Marianne, le moral des Français est en berne, la classe moyenne est de plus en plus….moyenne, mais tout va bien, pour qui ? Pour les amis que l’on place à des postes clés, des placards dorés pour ceux qui restent dans le système de cette caste dirigeante.
Rappelons-nous la phrase de François Hollande avant « moi Président » fustigeant la nomination de Rama Yade, au poste d’ambassadrice de France auprès de l’Unesco, « c’est tout sauf l’exigence d’une République impartiale, irréprochable » mais ça c’était AVANT ! Depuis 2012 Vincent Peillon traine ses guêtres au Parlement européen, Laurent Fabius se « repose » au Conseil constitutionnel et Marie-Arlette Carlotti, candidate malheureuse à la mairie de Marseille, s’est vu offrir la tête du Haut Comité pour le logement des personnes défavorisées.
Le livre de Roger Lenglet et Jean-Luc Touly nous informe sur ces « recasés de la République » bien au chaud au sein des institutions, des fondations ou à des postes du secteur privé et public jouissant de revenus plus que confortables. Un bataillon d’inspecteurs généraux « inapte à exercer » selon la Cour des comptes. En effet à l’automne 2010, la rue de Cambon signalait ce phénomène par un référé à l’intention du Premier Ministre de l’époque, François Fillon, précisant dans la foulée l’insuffisance professionnelle de ces recasés.
Que dire des Préfets hors cadre, les préfets « fantômes » de la République. Dès juillet 2014, la Cour des comptes dénonçait une dérive des effectifs et demandait la suppression pure et simple de cette pratique annulée par le Général de Gaule mais remise au goût du jour en 1982 par François Mitterrand. Deux exemples bien connus de ces faveurs princières : Michel Vauzelle et Michel Delebarre.
Une brève explication s’impose sur l’appellation « hors cadre », c’est un préfet sans préfecture et sans les responsabilités qui en découlent, mais avec un salaire brut de base de 5 162,78 € mensuel. Un poste d’attente pour des amis politiques ayant perdu les élections ou souffrant d’une réorganisation ministérielle le tout supporté par les contribuables comme de bien entendu
Après François Mitterrand, le système a largement prospéré sous Jacques Chirac et a perduré sous Nicolas Sarkozy. François Hollande n’a pas dérogé à cette « exception à la Française » bien au contraire, toujours selon le livre de Jean-Luc Touly, cette pratique a augmenté !
La Cour des comptes déplore le nombre grandissant des affectations «hors-cadre». On nomme en réalité deux fois plus de préfets qu’il n’y a de postes territoriaux à pourvoir: sur 250 préfets, seuls 127 sont affectés à un poste territorial, le reste étant «en détachement» ou «hors-cadre».
Cet usage pourrait-il disparaitre ? En mai 2015, le Ministre de l’intérieur Bernard Cazeneuve a présenté en conseil des ministres un décret modifiant celui n°64-805 du 29 juillet 1964 fixant les dispositions réglementaires applicables aux préfets et prétendant “moderniser la gestion des préfets en accordant une place plus centrale à l’évaluation et en supprimant la position de préfet hors cadre”.
Bien entendu, « les préfets ayant été élevés à la hors-classe avant le 1er janvier 2016 conservent à titre personnel, et à leur demande, le bénéfice de l’indice détenu en cette qualité ».
Jacques Attali s’interroge dans l’Express sur la formule « ça va mieux » reprise par la sphère médiatique. Mais qu’est-ce qui va mieux ? l’emploi ? la sécurité ? la croissance ? Que nenni, ce qui va de mieux en mieux, c’est le confort indécent d’une caste dirigeante campant sur ses privilèges, sourde au désarroi et à la colère de ses administrés.
Pour paraphraser Chateaubriand, « les institutions sont arrivées à la troisième période : après les privilèges….les abus !
Sources : le Figaro – l’express- Marianne- legifrance.gouv.fr