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UKRAINE : « ROUGES » ÉTAIENT LES MOUJIKS

Quand, en septembre 1847, Honoré de Balzac se rend en Russie sur l’invitation de « l’Étrangère » Ève Hanska, il découvre le domaine de Werzchownia qui s’étend sur 22 000 ha, où, à l’état de serfs, pas moins de 3 000 moujiks font de ces riches d’Ukraine le grenier à blé de l’Empire tzariste.
La paysannerie représente alors 80 % de la population des plaines jusqu’à l’Oural car, au-delà, les territoires sont inhabités. Dans cette société rurale de type féodal, des révoltes éclatent sporadiquement pour revendiquer le partage des terres, entraînant parfois la mort du propriétaire.
En 1861, la « Mir » abolit le servage et permet aux moujiks d’acheter la parcelle qu’ils cultivent mais le plus grand nombre d’entre eux, trop pauvres, ne peuvent exercer leur droit. Ainsi, jusqu’au début du XXe siècle, malgré de meilleurs rendements rendus possible par le progrès technique, la condition paysanne est restée misérable.
Des ouvriers agricoles sans terre partent travailler dans les villes mais on ne compte encore, avant la guerre, que 3 millions d’ouvriers d’usines, peu impliqués dans la pression révolutionnaire qu’exerce, depuis la France, la Suisse ou l’Angleterre, une intelligentsia émigrée. Ralliés au « Groupe pour l’Émancipation du Travail » fondé en 1883, de jeunes intellectuels sillonnent les campagnes et diffusent les idées de Marx et Engels, en vue de transformer la Russie en un état démocratique plus égalitaire. Des associations ouvrières juives se mettent en place formant le « Bund » tandis que Lénine, à partir de 1901, expose une organisation social-domocrate dans le journal « Que faire ? ». L’année 1905 sera marquée par une première révolution mais son caractère spontané et clandestin la conduit à un échec, d’où l’apparent redressement, jusqu’en 1912, du pouvoir monarchique.
Engagé dans la guerre, l’Empire russe connait un désastre militaire : 150 000 tués, 700 000 blessés en 1915 et il perd toute crédibilité en s’effaçant derrière l’armée dans la prise en charge des désordres nés du conflit.
En 1917, les grèves se succèdent dans le textile et la métallurgie pour réclamer du pain. À la campagne, les paysans s’attaquent aux propriétaires, refusent de restituer ou le bois ou les meules de foin et s’accaparent de terres inoccupées. En avril, Lénine déclare « la terre aux paysans » avec qui il construit le socialisme et, en octobre 1917, il prend, avec Trotski, tous les pouvoirs.
Les années qui suivent ne seront pas sans heurts entre nouveaux propriétaires et consommateurs de denrées payées à des prix dérisoires. S’ensuit, avec Staline, l’étatisation de la production, avec son lot d’expropriations faisant de l’ancien moujik un ouvrier de sovkhose.
La Révolution en Russie a donné naissance à une société nouvelle que la Perestroïka, 70 ans plus tard, déstalinisera pour un retour à l’économie de marché, au « grand enrichissement », à contre-courant de l’expression collective de l’intérêt général prônée par Marx et en faveur d’une économie libérale qui porte en elle-même les conditions de sa propre disparition : le crédit mène aux krachs, l’industrie à la destruction des ressources, l’innovations aux inégalités.
D.Faliere

Comments

  • Anonyme
    novembre 9, 2017

    2.5

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