UMP: POURQUOI SARKOZY NE POURRAIT PLUS REVENIR EN POLITIQUE
À partir de 2009, la candidature de Nicolas Sarkozy à l’élection présidentielle de 2012 apparaît probable. Il évoque lui-même cette hypothèse à plusieurs reprises, en off, comme en juillet 2009, lors d’une réunion avec les députés UMP. Les commentateurs, au vu des résultats défavorables des sondageseffectués à partir des élections régionales de 2010 et de la baisse importante de sa cote de popularité, jugent sa réélection très difficile, voire impossible. Il est en effet donné largement battu par Dominique Strauss-Kahn et François Hollande, qui sont tous deux crédités de plus de 60 % des voix dans l’hypothèse d’un second tour face à lui ; entre mars et juin 2011, plusieurs sondages le donnent même éliminé dès le premier tour. Dans ce contexte, l’éventualité d’une autre candidature que la sienne à droite est évoquée, mais les possibles candidatures d’Alain Juppé et de François Fillon ne recueillent pas de meilleurs scores que celui du président sortant. Alors que son quinquennat arrive à son terme et qu’il n’a pas encore annoncé sa décision de se représenter ou non, Nicolas Sarkozy est critiqué pour plusieurs déplacements en province, avec discours publics, dont les coûts sont pris en charge par les services de l’État202. La Cour des comptes, tout en notant une réduction des coûts de fonctionnement de l’Élysée, juge que « le coût de certains voyages de très courte durée sur le territoire se révèle parfois élevé », tandis que le Parti socialiste saisit la Commission des comptes de campagne. L’UMP estime de son côté que « le PS ne va pas interdire au président de présider » et s’interroge sur une possible mise au service deFrançois Hollande des moyens des collectivités locales lors de la primaire socialiste205.
À partir de janvier 2012, les médias se font l’écho de déclarations de responsables de l’UMP qui confirment implicitement qu’il sera bel et bien candidat. Nicolas Sarkozy officialise sa candidature à un second mandat au journal de 20 heures de TF1, le 15 février 2012. Le slogan de sa campagne est « La France forte ». Un site (lafranceforte.com) et plusieurs profils sociaux (Timeline Facebook, Twitter) sont lancés à cette occasion. Sa candidature reçoit le soutien de l’UMP, duNouveau Centre, du Parti radical, du Parti chrétien-démocrate, de Chasse, pêche, nature et traditions, de La Gauche moderne, desProgressistes, du Chêne et de la Convention démocrate. La stratégie de la campagne est dirigée par Patrick Buisson, tandis queNathalie Kosciusko-Morizet est nommée porte-parole.
Le début de la campagne officielle coïncide avec une série d’assassinats touchant des militaires français, puis des civils, en Midi-Pyrénées. Nicolas Sarkozy interrompt sa campagne et ses partisans demandent aux autres candidats de faire de même, ce que refusent certains. Il préside l’enterrement des militaires assassinés, en présence de la majorité des autres candidats à la présidentielle.
Nicolas Sarkozy chiffre son programme de campagne à 5,5 milliards d’euros. Pour les financer et respecter son objectif de retour à l’équilibre budgétaire en 2016, il estime qu’un effort de 53,5 milliards d’euros doit être fourni en plus des mesures déjà votées. Il prévoit que cet effort repose aux trois quarts sur des réductions de dépenses et pour un quart sur des hausses d’impôts. Après la tenue d’un grand meeting de campagne à Villepinte, le 11 mars 2012, avec environ 60 000 sympathisants présents213, les intentions de vote en faveur de Nicolas Sarkozy augmentent de manière significative, même s’il reste devancé par le candidat socialiste, François Hollande, au second tour. Le 15 avril 2012, Nicolas Sarkozy tient un grand meeting en plein air, place de la Concorde, pour lequel il revendique 120 000 participants. Quelques jours avant le premier tour, alors qu’il connait une baisse dans les sondages, il affirme que son discours est devenu « inaudible » et que « la conception de l’égalité à la française, c’est neuf contre un », la règle fixée par le CSA ne lui permettant de bénéficier que d’un dixième du temps de parole et d’antenne accordé aux candidats dans les médias audiovisuels214.
Totalisant 27,18 % des voix au premier tour, Nicolas Sarkozy se qualifie pour le second tour, deuxième derrière François Hollande(28,63 %). Il se situe à un niveau inférieur à son score de 2007 (31,18 %), et est le premier président de la République, candidat à sa réélection, à ne pas arriver en tête au premier tour de scrutin. Les deux candidats doivent attirer les reports de voix des électeurs de François Bayrou (9,13 %), de Jean-Luc Mélenchon (11,10 %) et surtout de Marine Le Pen (17,90 %). Nicolas Sarkozy, malgré les critiques, confirme la stratégie du premier tour, parle de « vrai travail » – avant de revenir sur l’expression –, et récuse avec indignation les accusations de « pétainisme », tout en attaquant François Hollande sur la maîtrise des déficits219. Le29 avril 2012, lors d’un discours prononcé à Toulouse, il fait l’éloge des frontières et de la Nation. Le 1er mai, lors d’un rassemblement place du Trocadéro à Paris, pour lequel il revendique 200 000 participants221 et qu’il présente comme étant « la vraie fête du travail », il critique l’attitude de tous les syndicats de salariés, coupables selon lui de « faire de la politique » et de « défendre une idéologie » (certains appelant explicitement à voter contre lui)et affirme notamment vouloir « un nouveau modèle social, où la réussite ne sera pas regardée avec suspicion » et où « le travail et le patrimoine ne sont pas des mots tabous ».