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Un climat LGBTphobe qui s’aggrave en France

Avec une hausse des agressions et des discriminations, le 3èmeBaromètre LGBT+ | L’Autre Cercle x Ifop dresse un tableau inquiétant pour les LGBT+ au travail. Pour preuve, un tiers d’entre eux a été victime d’au moins une agression LGBTphobe dans son organisation (+ 4 points par rapport à 2020).

Ce climat va de pair avec une hausse des discriminations au plus haut niveau hiérarchique des organisations. ​ Ainsi, si 16% des répondantes

 Déclarent avoir subi une mise à l’écart des autres salarié·es et agent·es, ils sont plus d’un quart à dénoncer des discriminations de la part de leur direction (26%, soit + 6 points par rapport à 2020). Une situation LGBTphobe qui s’exprime également par des inégalités dans le déroulement de leur carrière pour 20% des LGBT+. Des chiffres qui augmentent à 26% chez les ouvriers·ières contre 17% des cadres et professions intellectuelles.

Ces résultats témoignent d’un environnement LGBTphobe ambiant encore sous-estimé par les non-LGBT+. Ainsi, 55% des LGBT+ ont déjà entendu des expressions LGBTphobes au travail contre 34% des non-LGBT+.

« Non seulement la situation ne s’améliore pas mais, notre enquête le montre, les discriminations et les agressions progressent. Il faut une tolérance zéro et mettre en place des dispositifs d’alerte, de traitements et de sanctions réellement efficaces afin de s’attaquer à ce climat et ces violences LGBTphobes, encore trop souvent acceptés et banalisés. » ​
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​– Catherine Tripon, Porte- et co-responsable du Pôle Employeurs de la Fédération Nationale de L’Autre Cercle.

L’invisibilité, le premier rempart contre l’exclusion

Face à ces situations, 1 personne LGBT+ sur 2 n’est pas visible dans son organisation et 60% sont invisibles auprès de la totalité ou d’une partie de leur supérieur·es hiérarchiques direct·es. À noter cependant, l’invisibilité diminue à mesure de la progression dans l’échelle sociale. Ainsi, 65% des professions intellectuelles supérieures sont visibles auprès de leurs supérieur·es hiérarchiques direct·es, contre seulement 42% des ouvrier·ières.

Afin de rester invisibles, 7 personnes LGBT+ sur 10, vivant en couple ont déjà omis volontairement de faire référence au sexe de leur conjoint·e au travail et ils sont 4 sur 10 à avoir renoncé à participer à un événement organisé par des collègues ou par leur entreprise.

Un phénomène d’autocensure des LGBT+ qui est encore très présent, même au sein des organisations signataires de la Charte d’Engagement LGBT+. Parmi les invisibles, 83% le sont pour préserver leur évolution de carrière et 67% pour assurer leur bien-être quotidien au travail.

Cette enquête met en lumière les paradoxes entre les intentions inclusives affichées par les organisations et l’ensemble des salarié·es/agent·es et les réalités de terrain.

En effet, si 91% des actifs travaillant chez les signataires de la Charte d’Engagement LGBT+ considèrent leur organisation comme LGBT-friendly; une réalité perdure : les moqueries désobligeantes ou les propos vexants sont le fait de l’environnement immédiat des salarié·es agent·es / LGBT+ (leurs collègues à 64% et leurs supérieurs hiérarchiques à 31%).

« Cinq ans après la première édition de notre baromètre, la visibilité des personnes LGBT+ au travail n’a pas progressé. Alors, comment faire pour que les personnes LGBT+ puissent tout simplement être elles-mêmes au travail ? Il faudrait commencer par ne pas faire peser l’enjeu de la visibilité sur leurs seules épaules. Il est donc de la responsabilité des organisations de mettre en place un cadre inclusif, car une organisation dans laquelle la visibilité des personnes LGBT+ grandit est une organisation qui se porte mieux. Une organisation qui fait émerger des rôles modèles LGBT+ est une organisation qui s’enrichit de ses talents. » ​
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​– Alain Gavand, Administrateur et Co-Responsable du Pôle Observatoire de la Fédération Nationale de L’Autre Cercle.

La Charte d’Engagement LGBT+ de L’Autre Cercle : un accélérateur d’inclusion

Si la situation générale s’aggrave, les résultats de ce troisième baromètre démontrent cependant l’efficacité de la Charte d’Engagement LGBT+ pour combattre les LGBTphobies. Un engagement des organisations signataires qui est d’ailleurs plébiscité par 83% de leurs salarié·es. Les LGBT+ y sont ainsi moins nombreux·ses à subir des moqueries ou des propos vexants (20% contre 25%) ou à être victimes d’insultes ou d’injures à caractère diffamatoire (7% contre 18%) ou encore à percevoir des inégalités dans le déroulement de leur carrière (13% contre 20%).

Une tendance positive qui impacte directement la visibilité des personnes LGBT+ : ils sont 61% à être visibles auprès de leurs collègues, soit 10 points de plus par rapport à l’échantillon national. Toutefois, le silence est encore très prégnant. 43% des personnes LGBT+ victimes d’actes de violence physique ou sexuelle n’en ont pas parlé.

Ces chiffres sans appel éclairent le chemin qui reste à parcourir. Pour plus de 7 personnes LGBT+ non visibles sur 10, le fait de recadrer les comportements LGBTphobes, de sanctionner les cas de discriminations LGBTphobes ou encore d’avoir des collègues LGBT+ visibles ou des allié•es identifiables faciliteraient leur visibilité.

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