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Conseil européen : face au “suicide démographique” qui s’annonce, la nécessité d’une politique migratoire commune

 

Notre opinion. La pression migratoire qui s’annonce dans les décennies à venir doit inciter les Européens à s’accorder sur une stratégie commune.

Ya-t-il la moindre chance que les Européens parviennent ensemble à sortir de ce qu’Hubert Védrine appelle « la léthargie stratégique de l’Europe » ? C’est la question centrale. La crise actuelle devrait les conduire à se la poser. Pour la comprendre, les chefs d’État ou de gouvernement de l’Union devraient ouvrir le dernier essai de l’ancien ministre des Affaires étrangères justement intitulé Comptes à rebours*. Ils y trouveraient des faits, des rappels, des perspectives

“Europe 2050, suicide démographique”. D’ici trente ans et dans le prolongement des tendances actuelles, notre continent se prépare à perdre quelque 50 millions d’actifs

 « Dans le même tempsla population de l’Afrique devrait augmenter de 1,3 milliard, dont 130 millions rien que pour l’Afrique du Nord. C’est dire que la pression migratoire sur l’Europe va être plus forte que jamais ! Ce choc démographique (implosion interne et explosion externe), l’Europe n’en parle pas et ne s’y prépare pas. »Par aveuglement ou par insouciance ?

Pendant ce temps, observe Hubert Védrine, les idéologues du fanatisme religieux du Sud se comportent comme s’ils devaient « fournir des armées de fidèles pour remporter la guerre des civilisations ». Aussi, ajoute-t-il, « tout cela fait craindre une succession d’affrontements ».

Affrontement entre le Nord et le Sud, affrontement au sein même de l’islam, à l’image de la résistance du roi du Maroc, du président égyptien Sissi, du prince héritier Mohamed ben Salman d’Arabie face aux salafistes, aux Frères musulmans et autres islamistes. Un affrontement intime qui pèse directement sur les mouvements de populations qui remontent du sud vers le nord. La France a assimilé des populations d’Europe, d’Afrique et d’ailleurs, mais il ne s’agissait pas d’une immigration de masse transportant avec elle un islam politique conquérant, avec ses lois et ses modes de vie.

 

Or, cela se cumule avec ce que Védrine appelle la « réislamisation des populations arabes ou turques installées en Europe ». Et quand un institut de recherche américain, le Pew Research Center, prévoit, sur la base des données actuelles, que l’Union européenne pourrait compter de 36 à 76 millions de musulmans d’ici à trente ans. Le problème n’est pas seulement de combattre le terrorisme islamiste, mais de résister à la pénétration djihadiste, à la patiente « salafisation des esprits ». Ces deux problèmes sont mêlés dans le traitement de l’immigration, qu’elle soit celle des demandeurs d’asile ou celle des réfugiés purement économiques d’Afrique sahélienne ou subsaharienne. On peut prétendre qu’il s’agit d’une montée des eaux impossible à endiguer. L’attitude de Munich n’a pas arrêté la guerre, elle l’a encouragée.

Ou bien, on se donne une stratégie. Ces mouvements proviennent de certains pays, ils traversent des territoires de transit, suivent des passeurs qui assurent les trafics. Ce sont les départs qu’il faut empêcher, cela tout le monde peut le dire, Hubert Védrine a le courage d’aller plus loin : il évoque le blocus maritime (y compris par la VIe flotte américaine) des ports de transit et la « destruction des rafiots » du trafic, avant embarquement. « Il n’y a évidemment pas de solution militaire d’ensemble, dit-il, mais ne rêvons pas : un recours à la force sera à un moment ou à un autre inévitable. » Ce compte à rebours-là aussi a commencé.

* Comptes à rebours, d’Hubert Védrine, Fayard, 352 pages, 20 €.

Par F. d’Orcival

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