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Crise sanitaire : le bilan

On le savait depuis les péripéties liées au port du masque, les Français jugent négativement le bilan des autorités en matière de vaccins. Selon l’IFOP ils sont encore aujourd’hui 69 % à juger sévèrement le bilan de la lutte contre le Covid (moins d’un Allemand sur deux : 43%). Et cette cruelle comparaison pour le gouvernement français se retrouve dans le jugement porté des deux côtés du Rhin tant sur la question des tests (51% de jugements négatifs en France contre 36% en Allemagne) que sur celles des masques, mécontentant là aussi plus d’un Français sur deux (51%) contre moins d’un Allemand sur trois (31%). En outre,76% des Français adhèrent à la phrase de Michel Houellebecq qui déclarait que le monde d’après « serait le même, en un peu pire ». Et pour 71% des personnes interrogées, il n’y aura jamais véritablement de retour à la normale même lorsque le virus ne sera plus un sujet de préoccupation majeure.

 

Le 25 juin 2020, le Président de la République a souhaité que soit installée une mission indépendante chargée d’évaluer la réponse française à la crise sanitaire engendrée par l’épidémie de Covid-19, dans une triple dimension sanitaire, économique et sociale et en comparaison internationale.
Cette mission a remis son rapport final en mai 2021. La mission a été dirigée par l’infectiologue et épidémiologiste suisse Didier Pittet. Or Ariel Beresniak, docteur en médecine spécialiste en Santé Publique souligne « On pourrait s’attendre à ce que l’expertise spécifique nécessaire à la mission soit apportée par les coauteurs du rapport. Cela n’est malheureusement pas le cas. Un chat appelant un chat, le seul médecin en santé publique co-auteur du rapport est aussi un expert en… hygiène hospitalière. Les trois autres co-auteurs sont une économiste de l’OCDE, un énarque président de la Cour des comptes, et un médecin chercheur en sciences sociales. »

Didier Pittet estime que le niveau de préparation à la crise sanitaire s’est révélé « insuffisant ». Les experts pointent ainsi la pénurie de masques mais aussi la relative lenteur dans la stratégie de tests. Des lacunes qui ont été par la suite compensées par « la réactivité et la mobilisation exceptionnelles des personnels ». Et d’ajouter lors d’une interview : « Il faut bien le dire, il y a eu une adaptabilité absolument magnifique, on a vu à quel prix : parce que les gens ont travaillé jour et nuit, 24 heures sur 24 et les équipes ont fait un travail magnifique », a-t-il déclaré. « L’hôpital a vraiment été […] à la hauteur [et] a tenu dans le temps, ce qui est exceptionnel. » »

Parallèlement, les auteurs du rapport indiquent que « la France présente un bilan lourd sur le plan économique » mais conclut que le pays reste celui qui a le mieux réussi à préserver le revenu des ménages. Néanmoins, les experts jugent la réponse économique française « à la hauteur du choc subi », et ce malgré l’incertitude qui pèse sur certains secteurs (aéronautique, tourisme). Les mesures de soutien « ont été adaptées, réactivées autant que nécessaire pour permettre aux tissus économiques de redémarrer dès que possible ». Ils saluent aussi « l’engagement et la mobilisation remarquable » des différents acteurs tout au long de la crise. Dans les hôpitaux, les lieux de soin, les collectivités et au sein des équipes de gestion de la crise. Mais aussi à travers la création, dans un temps record, de logiciels dédiés à la saisie d’informations spécifiques au Covid. Enfin La mission formule 40 propositions, essentiellement dans l’organisation des soins. Parallèlement, par un ultime vote du Sénat, jeudi 27 mai, le Parlement a adopté définitivement le projet de loi encadrant la sortie progressive de l’état d’urgence sanitaire. Près d’un an après son instauration, il pourrait donc prendre fin le 30 septembre prochain : la fin du tunnel ?

Sandrine Royale

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