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Informations confidentielles : la réaction des alliés américains Par Alexandre Lemoine

Une nouvelle fuite de documents confidentiels américains, indiquant que les États-Unis surveillaient les pays alliés, a inquiété les partenaires de Washington et provoqué des désaccords dans plusieurs pays. Cependant, l’authenticité des documents divulgués n’a pas encore été officiellement confirmée. 

Israël, la Corée du Sud, l’Ukraine et d’autres alliés des États-Unis ont réagi publiquement à la fuite de renseignements secrets prétendument issus du Pentagone. Un nouveau lot de plus de 100 documents, témoignant des activités de renseignement en Corée du Sud, au Canada, en Ukraine et en Israël, a été publié sur Twitter le 7 avril. Auparavant, plus de 50 fichiers confidentiels, consacrés au conflit ukrainien, avaient été découverts sur des sites de jeux peu connus. Ils avaient « fuité » début mars. Officiellement, Washington, n’a pas confirmé l’authenticité des documents, mais des sources de CNN et Reuters parlaient d’une authenticité probable du premier lot. 

Les médias américains soulignent que certains documents ont été modifiés. Il est probable qu’il s’agisse du nombre de pertes dans les armées russe et ukrainienne. Si les documents publiés en ligne sont authentiques, il s’agit de la plus grande fuite de documents secrets américains depuis 2013, lorsque l’ancien agent de la CIA et de la NSA, Edward Snowden, a divulgué des milliers de documents donnant une idée de la surveillance américaine dans le monde entier. Bien que cette fois-ci la quantité d’informations soit beaucoup plus réduite, elle est « relativement récente » et datée entre fin février et début mars. 

Le département américain de la Justice a déjà commencé à enquêter sur l’incident. Les médias américains, dont le New York Times, le Washington Post, Reuters, Time et CNN, qui ont eu accès à une partie des documents, ont noté qu’ils n’avaient pas pu vérifier leur authenticité de manière indépendante. 

Israël a qualifié l’information d’absurde 

Une partie importante des informations contenues dans les renseignements divulgués concerne Israël. Dans un rapport du Pentagone daté du 1er mars, il est mentionné que des membres de haut rang du service de renseignement israélien, Mossad, ont encouragé les employés et les résidents du pays à soutenir les manifestations contre la réforme judiciaire mise en œuvre par le cabinet de Benyamin Netanyahou. Il n’est pas précisé comment les représentants du service spécial israélien agissaient, mais il est noté que les informations à ce sujet avaient été obtenues par le biais de renseignements électroniques.

Le New York Times, qui les a publiées, a souligné que ces informations n’étaient pas nécessairement vraies, expliquant que le Mossad « s’occupe principalement de renseignements extérieurs et que les règles de l’agence interdisent à ses employés de participer à des activités politiques ». Néanmoins, selon le journal, certains employés du Mossad ont écrit des requêtes pour participer aux manifestations. 

Le bureau du premier ministre israélien a fait une déclaration indiquant que « la publication dans la presse américaine est complètement fausse et absurde ». La déclaration souligne que le service spécial israélien et ses employés de haut rang « n’ont pas encouragé et n’encouragent pas les employés du Mossad à participer à des manifestations antigouvernementales ou à d’autres manifestations et événements politiques ». 

Un autre document divulgué intitulé « Israël: voies pour fournir une aide létale à l’Ukraine » est resté sans réaction officielle du gouvernement Netanyahou. Il indique qu’Israël « envisagerait probablement de fournir une aide létale [à l’Ukraine] sous la pression croissante des États-Unis ou d’une dégradation présumée » des relations avec la Russie. Le document décrit quatre scénarios possibles, dont le plus probable est qualifié par Washington de « modèle turc », dans lequel Israël vendrait ses systèmes de défense aérienne à l’Ukraine via un pays tiers et offrirait publiquement ses efforts de médiation pour résoudre le conflit. 

Le Times of Israel, citant un haut fonctionnaire israélien anonyme, a rapporté qu’Israël avait adopté « une position très claire en soutien à l’Ukraine dès le premier jour [des hostilités] et a décidé de se concentrer sur l’aide humanitaire ». 

La Corée du Sud craint une falsification 

Au début, Séoul a réagi avec retenue à la fuite: un représentant du président a annoncé son intention de discuter avec Washington des questions soulevées à la suite de la publication. Le Korea Herald cite un haut fonctionnaire qui a déclaré aux journalistes que les informations contenues dans les documents publiés étaient « non confirmées » et que leur vérification devait être une priorité. Il n’a pas exclu que les données des rapports aient été fabriquées par un tiers, car elles concernent le conflit ukrainien. 

Les documents publiés sur Internet montrent que les services spéciaux américains écoutaient probablement les dirigeants sud-coréens. Ils décrivent en détail une conversation entre deux hauts membres du Conseil national de sécurité qui discutaient de la demande de Washington de fournir des munitions. Les responsables craignaient que les États-Unis puissent ensuite les transférer à l’Ukraine, ce qui violerait la politique de Séoul de ne pas fournir d’aide militaire aux États en conflit armé. 

L’Ukraine est déçue par l’espionnage 

Kiev a été le plus touché par la fuite présumée, car les documents secrets ont révélé les principales lacunes de la défense aérienne ukrainienne, les problèmes d’armement, les effectifs et la préparation opérationnelle des unités avant une contre-offensive prévue. Les informations divulguées indiquent que les conversations de Volodymyr Zelensky étaient écoutées par Washington. 

CNN, citant une source proche du président ukrainien, a rapporté que Kiev n’était pas surpris par l’espionnage, mais était déçu que les documents se soient retrouvés accessibles au public. La source a également déclaré que l’Ukraine avait dû modifier une partie de ses plans militaires en raison des informations divulguées. Cependant, le chef du bureau du président ukrainien, Mykhaïlo Podoliak, a écrit sur sa chaîne Telegram que les documents publiés n’avaient « rien à voir avec les plans réels de l’Ukraine » et a accusé la Russie d’avoir organisé une « pseudo-fuite ». 

Le porte-parole du président russe Dmitri Peskov a répondu à cela que « voir la Russie en tout, toujours et partout et tout mettre sur le dos de la Russie est une tendance générale, une maladie générale ». 

Les Five Eyes évaluent les dommages 

Les Five Eyes, une alliance de renseignement entre les États-Unis, l’Australie, le Canada, la Nouvelle-Zélande et le Royaume-Uni, qui partagent des informations sur la surveillance électronique, sont également préoccupés par la situation, rapporte CNN en citant deux représentants des agences de renseignement de ces pays. L’un d’eux a déclaré que les États-Unis devraient partager leur évaluation du préjudice causé par la fuite avec les membres de l’alliance dans les prochains jours, alors que son pays mène sa propre enquête et tente de déterminer s’il y a eu des fuites de son côté. Un autre interlocuteur de la chaîne de télévision a déclaré que la divulgation des informations sur l’Ukraine était alarmante. 

Sky News Australiase référant à un représentant du renseignement australien, a rapporté que cette fuite pourrait devenir un cauchemar pour les Five Eyes. 

En même temps, les documents divulgués contiennent également des informations selon lesquelles les États-Unis ont obtenu des informations sur leur allié, le Canada, en violation de l’accord entre les communautés de renseignement des cinq pays. Il s’agit de l’attaque décrite dans les documents et commise par des pirates russes contre une entreprise de gazoducs canadienne au début de 2023, qui a causé des dégâts importants. L’attaque n’a pas été rendue publique, note The Globe and Mail. Sur fond de ces informations, Audrey Champoux, attachée de presse du ministère de la Sécurité publique du Canada, a déclaré lundi que « le Canada dispose d’un programme solide d’échange de renseignements avec les États-Unis, le Royaume-Uni, l’Australie et la Nouvelle-Zélande […] et continuera à travailler main dans la main avec eux ». Elle a refusé de confirmer ou de démentir l’exactitude des informations divulguées.

Alexandre Lemoine

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