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JEAN-MICHEL FOURGOUS: « IL FAUT REDONNER LA PAROLE AUX CHEFS D’ENTREPRISES »

 

Le maire d’Elancourt, ex-député UMP des Yvelines et délégué général de Génération entreprise-Entrepreneurs associés (GEEA), plaide pour redonner de la compétitivité aux entreprises.

 

Vous organisez un colloque le 13 juin à Paris. Quelle est la thématique choisie et qui est pour vous d’actualité ?

Le thème de ce rendez-vous est : « Chômage record, et si on faisait enfin confiance à l’entreprise ». Le chômage est plus structurel que conjoncturel. Ce sont les entrepreneurs qui ont la solution au chômage, ce n’est pas l’Etat. Les mesures doivent être discutées avec les entreprises et non être imposées. Il faut redonner la parole aux chefs d’entreprises. Nous voulons que l’Etat soit un partenaire compétitif. Il faut qu’il montre des gains de productivité. Il n’y pas de décisions, ni de véritable ligne et nous sommes donc très inquiets au regard de la situation. Jean-François Copé est invité à ce rendez-vous et il veut que l’on fasse des propositions fortes car nous rentrons dans une période d’une certaine dangerosité. Il souhaite que le monde de l’entreprise, l’économie réelle, donne son avis, fasse de vraies propositions pour protéger nos entreprises et nos emplois marchands.

Que pensez-vous de la boîte à outils proposée par le gouvernement pour enrayer le chômage et redresser la situation économique ?

On se demande si l’entreprise a encore son mot à dire, lorsque l’on voit les mesures qui sont proposées. Elles ne sont pas adaptées aux entreprises. Le crédit d’impôt compétitivité et emploi est très complexe pour une entreprise. Par ailleurs à quoi cela sert-il de se rémunérer sur les entreprises, puis de leur redonner ce crédit d’impôt en leur faisant remplir des papiers et respecter des procédures nouvelles et lourdes. Le second outil est la BPI pour les investissements des entreprises. On envoie des demandes mais on ne reçoit pas de réponses. Si l’on regarde le conseil d’administration de la BPI, on remarque qu’il y a douze énarques sur treize. On se rend compte qu’il y a une confiscation du processus décisionnel, si vous n’êtes pas fonctionnaire, vous n’avez plus accès à la décision. A l’Assemblée, deux députés socialistes sur trois sont fonctionnaires. Dans le cabinet de Monsieur Ayrault, 90 % de ses collaborateurs sont aussi fonctionnaires. Aucun ministre n’est entrepreneur. La France est devenue le paradis des syndicalistes et l’enfer des entrepreneurs. Les syndicalistes sont interviewés trois ou quatre fois plus qu’un entrepreneur dès qu’il y a un problème.

Que regard porte votre groupe sur la politique économique menée par le gouvernement ?

Génération entreprise s’est créé en septembre 2012 avec 50 députés, parmi lesquels trente entrepreneurs et des anciens cadres dirigeants d’entreprises. Notre groupement compte aujourd’hui 112 députés. Nos adhérents veulent protéger les entreprises et l’emploi. Nous savons qu’il y a des solutions, mais plus on tarde, plus c’est difficile. Nous avons envoyé une lettre à François Hollande il y a trois mois et nous lui avons demandé de nous recevoir. Nous voulons que soient prises au plus vite des décisions au sujet du problème des dépenses publiques dont il faut baisser le niveau car elles cassent la compétitivité des entreprises et donc l’emploi. D’après la courbe de Laffer, lorsque l’on augmente l’impôt, on détruit les recettes. L’un de nos think tanks, l’IREF, a réalisé une étude qui montre qu’un milliard d’euros d’impôts supplémentaire est égal à 7 000 emplois détruits. Une autre étude, réalisée par la Fondation Concorde, montre qu’un million d’emplois ont été détruits par l’exode fiscal. Nous voulons que François Hollande s’entoure de chefs d’entreprises car ils ont la solution et parce que nous ne nous pouvons pas continuer comme ça.

Vous défendez donc une politique économique beaucoup plus libérale ?

En quoi la politique est-elle libérale à l’heure actuelle ? Nous avons l’impôt le plus élevé au monde à 75 %. Il a laminé l’attractivité française. Nous avons aussi un impôt à 62 % sur les plus-values, si vous vendez une entreprise, alors que c’est 0 % en Suisse ou en Belgique et 18 % en Angleterre. Nous sommes le seul pays au monde à avoir le carcan des 35 heures. Ce qui marche, on l’a enlevé : les heures supplémentaires permettaient une certaine souplesse. Ce n’est même plus un régime non libéral, c’est une vraie déclaration de guerre contre l’économie de marché. Nous sommes à 57 % de dépenses du PIB, c’est seulement 46 % en Allemagne, c’est tout de même près de 200 milliards d’écart, ce qui est hors norme.

Anne dupin

Comments

  • IZARD
    décembre 2, 2014

    Quelques pistes nationales de réformes :

    – Supprimer la hausse récente des cotisations pour les auto-entrepreneurs

    – Diviser par deux l’IS des PME pour les bénéfices réinvestis

    – Revenir à la TVA à taux réduit à 5,5% sur la restauration et le batiment

    – Supprimer l’ISF

    – Financer autrement les charges sociales par une taxe anti-délocalisation

    – Relancer l’investissement industriel

    – Soutenir l’innovation et la recherche

    – Accroitre la commande publique de l’Etat auprès de nos entreprises nationales

    – Inciter à la consommation citoyenne patriotique, grace à un label tricolore

    – Etudier une prime pérenne à l’achat pour l’automobile qui avait boosté le marché automobile Français

    – Diriger l’épargne, le crédit et le capital vers le financement des PME/TPE en autorisant la déduction de l’impôt sur le revenu de la moitié des sommes investies par les particuliers dans l’économie productive pour des entreprises investissant en France

    – Mettre en place un nouveau Commissariat au Plan chargé de définir une vision de long terme du développement économique de notre pays

    – Définir avec le Plan quelques filières prioritaires (énergies renouvelables, transports non polluants, recyclage, biotechnologies, nanotechnologies…) et en faire des pôles de compétitivité majeurs pour les vingt ans à venir. Y développer des champions mondiaux sur le modèle de ce qui a été fait dans l’aéronautique, le nucléaire, les trains à grande vitesse ou l’aérospatiale dans les années 60 par l’association des industriels, de la recherche et de l’enseignement supérieur

    – Utiliser la Caisse de Dépôts et Consignations pour le financement de projets sur les filières prioritaires définies par le Plan

    – Encadrer les mécanismes d’aide aux entreprises innovantes pour garantir le maintien en France des entreprises ainsi aidées

    – Protéger le travail, c’est mettre un terme à la dissociation du capital (qui prospère à Paris) et du travail (qui part en Chine). Développer l’actionnariat des travailleurs Français dans les entreprises cotées afin de les associer aux résultats et de lutter contre la dissociation perverse entre salariés et actionnaires

    – Protéger le travail, c’est aussi favoriser l’émergence d’un patriotisme d’entreprise. Pour cela, établir un actionnariat populaire universel pour nos 20 millions de salariés Français qui défendent leur entreprise en vue de freiner les délocalisations spéculatives et les OPA hostiles

    – Armer notre industrie face à l’immigration. Ce qui peut etre délocalisé l’est progressivement, grace, à l’ouverture des frontières, ce qui ne peut techniquement pas l’etre, comme la restauration ou le BTP, est soumis à l’immigration massive, sorte de « délocalisation domestique »: ce n’est pas l’usine ou le chantier qui se déplace vers le travailleur étranger à bas couts, mais cet étranger qu’on fait venir en France, pour concurrencer le travailleur français et maintenir bas les salaires. Certains répondent que l’immigration permet de fournir de la main-d’oeuvre aux secteurs peu attractifs qui en manquent, comme le batiment par exemple. Ce raisonnement est à courte vue. Il néglige en effet la raison fondamentale pour laquelle les métiers manuels attirent peu : la faiblesse des salaires qu’ils proposent ! C’est parce qu’il y a cette réserve de l’immigration que le patronat n’est pas obligé de les revaloriser. Destinée d’abord à limiter les hausses de salaires et les revendications sociales des ouvriers européens, l’importation de centaines de milliers de travailleurs sous-qualifiés et sous-payés s’est progressivement transformée, par le biais du regroupement familial, voulu dès 1974 conjointement par la droite et la gauche, en immigration de peuplement. Cette politique sera intensifié au début des années 80 par le gouvernement Mauroy…et on connait la suite. Nous savons tous très bien, mais seulement il faut avoir le courage de le dire, que pour lutter efficacement contre cette immigration déferlante dans notre pays, il faut certes mettre fin aux pompes aspirantes sociales qui l’encouragent, mais aussi en tarir la source.

    Voilà ces pistes productrices de richesses à explorer, à exploiter, telle sont les conditions préalable pour sortir notre pays de ces handicaps structurels et lui permettre de rivaliser avec ses concurrents Allemands et autres voisins en Europe qui nous dépassent ! Il est temps de retrouver une ambition industrielle !

    Tous les secteurs stratégiques industriels Français doivent plus que jamais redevenir la priorité de l’Etat !

  • IZARD
    décembre 2, 2014

    La loi de finance pour 2010 à réformée la chose suivante ; La CFE, (Cotisation Foncière des Entreprises), assise sur les valeurs locatives des biens passibles de la taxe foncière. Puis, la CVAE, (Cotisation sur la Valeur Ajouté des Entreprises) qui avait remplacée la cotisation minimale de la taxe professionnelle sur la valeurs ajouté. L’enjeu de la suppression totale de ces contributions couterait à l’Etat 31 milliards d’euros. Il faudrait remplacé ce CICE improductif dont les recettes pourraient financer la suppression de l’ancienne TP, nos PME-TPE retrouveraient de véritables marges de manoeuvre et cela conduirait à une création de richesse à court terme sur le plan économique.

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