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« La France doit beaucoup aux Harkis » Lucie desblancs

 


De 1957 jusqu’en 1962, les harkis sont des soldats indigènes musulmans engagés aux côtés de l’armée française dans des unités appelées harkas, tandis que l’Algérie française était constituée de départements.
Au sein même de l’armée française, ils totalisent 63 000 hommes en décembre 1961. À côté de ces harkis il faut ajouter les soldats musulmans de l’armée régulière (appelés, engagés, militaires d’active, appelés aussi FSNA ou Français de souche nord-africaine) qui sont 85 000 en 196016. Au total, durant cette guerre, l’armée française a inscrit dans ses registres 160 000 harkis, moghaznis, GMPR devenus GMS ou « assès » et un peu plus de 110 000 réguliers17.
Le 19 mars 1962, jour du cessez-le-feu, selon le rapport à l’O.N.U du contrôleur général aux armées Christian de Saint-Salvy, on dénombrait en Algérie, 263 000 musulmans engagés du côté français (60 000 militaires réguliers, 153 000 supplétifs, dont 60 000 harkis, et 50 000 notables francophiles) représentant, familles comprises, près de 1 500 000 personnes menacées sur 8 millions de musulmans algériens18. Il y a une grande incertitude sur le nombre d’Algériens enrôlés ou engagés dans les supplétifs durant toute la guerre, nombre qui varie de 200 000 à 400 000 selon les historiens19.
L’armée française recruta également environ 3 000 anciens éléments du FLN et de l’ALN, dont certains formèrent le célèbre Commando Georges du lieutenant Georges Grillot. La plupart d’entre eux furent victimes de représailles à partir de 1962.
Selon Maurice Faivre, on comptait ainsi quatre fois plus de combattants musulmans dans le camp français que du côté du FLN. Le ministère des Armées évalue à 4 500 le nombre des soldats musulmans morts pour la France, pendant la guerre d’Algérie, et à plus de 600 les disparus.
Aujourd’hui, beaucoup d’Harkis témoignent de leur profonde déception et de leur grande affliction sans renier leur histoire. Pourtant, ils ont mis toute leur confiance dans les politiques annoncées en leur faveur et étendue à l’ensemble des rapatriés mais jamais totalement actées.
Les accords d’Évian ne prévoient aucune disposition particulière quant à la protection ou l’avenir des loyalistes et de leurs familles, qu’ils soient pieds-noirs, juifs séfarades ou harkis moghaznis, fonctionnaires (2 millions de personnes), mais incluent une amnistie pour les actes effectués et les opinions émises avant l’indépendance, de toutes les parties.
La loi française du 23 février 2005, dans son article 2, dénoncera le non-respect des accords d’Évian qui prévoyaient pour le futur gouvernement algérien d’assurer la sécurité des harkis. Cet article de la loi ne sera pas critiqué par le président algérien Bouteflika. Le FLN prétendra qu’il ne s’agissait que d’une « déclaration » qui ne l’engageait pas.

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