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La mondialisation : faut-il s’en réjouir ou la redouter ?

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Le terme de mondialisation (l’anglicisme globalisation est parfois aussi employé) désigne le processus d’intégration des marchés et de rapprochement des hommes qui résulte notamment de la libéralisation des échanges, du développement des moyens de transport de personnes et de marchandises, et des retombées des technologies de l’information et de la communication à l’échelle planétaire. Elle se manifeste par, outre l’interdépendance croissante des économies (mondialisation économique) et l’intensification de la concurrence, l’expansion des échanges et des interactions humaines.

En français, le mot apparaît pour la première fois dans un ouvrage de Paul Otlet en 1916. Le mot désigne alors une appropriation à l’échelle du monde et s’inscrit dans une réflexion sur la réorganisation de la vie internationale après la guerre. Cependant, les occurrences restent rares durant l’entre-deux-guerres.

En 1907, dans le cadre d’une réflexion sur la place de l’ethnographie Arnold van Gennep parle d’« un « mondialisme » croissant » ; en 1933, il écrit : « car nous vivons en plein dans ce que je nommerai la Mondialisation de l’Humanité ». Les guillemets dans un cas, l’italique dans l’autre montrent que les mots sont nouveaux.

Après la Seconde Guerre mondiale le mot est employé de façon croissante

L’intérêt pour la mondialisation se généralise également au cours des années 1990. Il s’agit de la vision d’un monde qui évolue peu à peu vers le « village global » décrit par Marshall McLuhan. Il s’agit de l’influence des mouvements antimondialistes et altermondialistes, qui attire l’attention du public sur l’ampleur et les conséquences du phénomène.

Dans le monde académique et particulièrement anglophone, la popularisation du terme globalization et son usage comme terme « fourre-tout » a accentué le débat académique. Il est maintenant admis que le terme désigne le développement de l’interdépendance au niveau mondial. À partir de cette définition générale chaque grand courant académique met l’accent sur la dimension qui lui paraît la plus pertinente. Par exemple, certains universitaires comme Manuel Castells se concentrent sur le lien entre les dimensions économiques et sociales. D’autres, comme John Urry (en), mettent l’accent sur la complexité croissante qui caractérise tous les échanges humains (économiques, culturels et politiques). Aussi, le terme et sa popularité sont liés aux problématiques de développement, comme le montre Jan Nederveen Pieterse et son concept d’hybridity. Les polémiques qui agitent le milieu universitaire anglophone reflètent l’existence d’un débat planétaire. Urry est Anglais mais Castells est Espagnol et Pieterse Hollandais.

Le géographe Laurent Carroué, spécialiste de ces questions, plaide pour une distinction plus nette de ces deux termes. Pour lui, la mondialisation peut être définie comme le processus historique d’extension du système capitaliste à l’ensemble de l’espace géographique mondial. Il critique l’usage trop vague de globalisation

La mondialisation s’accompagne de la domination d’une «langue anglo-américaine», qui se manifeste avec le plus d’acuité sur internet. En 1996, il y avait une présence largement majoritaire de l’anglais sur internet, avec 75 % des pages web dans cette langue. En 2003, cette proportion a baissé à 45 %, selon un rapport de l’Unesco. Il y a donc une certaine diversification des langues sur internet. Cela n’empêche pas la grande majorité des 6 000 langues du monde de ne pas être représentée sur internet.

La domination d’un anglais mêlant influences américaines et britanniques est telle que certains auteurs, y compris dans le monde anglo-saxon, n’hésitent pas à parler d’impérialisme linguistique. Des organisations altermondialistes dénoncent le tout-anglais, qu’elles considèrent comme une manifestation de l’impérialisme linguistique américain, la langue anglaise étant alors un vecteur de la mondialisation libérale. La domination de l’anglais se manifeste aussi fortement à travers l’influence socioculturelle américaine. Les États-Unis exercent une influence très forte dans les domaines économique, financier, scientifique, informatique, ainsi que dans les divertissements tels que la musique ou le cinéma. Cette influence tend à propager la langue anglaise ou à favoriser les emprunts lexicaux, notamment des anglicismes, dans d’autres langues. Cette domination de l’anglais se fait sentir jusque dans les institutions européennes, et particulièrement à la Commission européenne. Depuis l’élargissement de l’Union européenne de 1995, l’usage de l’anglais a dépassé celui du français dans les institutions. En 2001, 56,8 % des pages reçues par la Commission européenne étaient écrites en anglais, 29,8 % en français, 4,3 % en allemand et 8,8 % dans les huit autres langues communautaires, et ce bien que seulement 11,6 % de la population de l’Union européenne soit anglophone, contre 12 % de francophones et 18 % de germanophones.

Selon l’UNESCO, sur les 6 000 langues parlées dans le monde, 3000 sont actuellement en danger . À l’aube du XXIe siècle, la diversité linguistique est de plus en plus menacée. Au travers de différents projets, comme la promotion du multilingue ou de l’espéranto comme langue de communication équitable, des acteurs tentent de lutter contre cette domination linguistique.

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