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Laurence Devillers : «Pour un ministère du numérique, de l’IA et de l’Innovation Positive »

On aura peu débattu du numérique avant cette présidentielle et pratiquement pas des enjeux autour de l’IA. Pourquoi ?


Les français n’ont pas encore pris conscience de l’impact du numérique et de l’IA sur leurs vies, ni des sujets géopolitiques sous-jacents.  De plus, les candidats politiques pour la majorité d’entre eux connaissent très mal le sujet.

Pourtant, les systèmes d’IA ont connu un véritable engouement depuis quelques années grâce aux données de masse, et à des algorithmes de plus en plus sophistiqués sur le cloud. Le numérique va de plus en plus façonner leurs vies : réseaux sociaux, reconnaissance faciale, metaverse, chatbots (bots « bavards ») ou encore robots ; autant d’outils dont le fonctionnement est basé sur des algorithmes d’intelligence artificielle (IA).  Le « chatbot », permet par exemple de réinventer l’expérience client grâce à des algorithmes de langage naturel !



D’après un récent sondage BVA, les français sont plutôt positifs, ils considèrent que le numérique simplifie la vie et apporte des opportunités, notamment de travail dans le futur.  Cependant plus d’un quart des sondés ressentent une forme de complexité face à cette technologie, voire certains de l’exaspération, témoignant ainsi d’une relation compliquée au numérique. On ne peut que constater la confusion provoquée par l’IA, donnant à croire que la machine définirait ses propres objectifs, la fascination provoquée par les robots, les risques de manque de libre arbitre face à la machine, la dilution de nos responsabilités, du vivre-ensemble, du bien commun et de nos valeurs démocratiques. Ces systèmes modifient probablement en profondeur la connaissance, la mémoire, la liberté, l’autonomie, notre relation à notre corps et aux autres et, de façon globale, notre intelligence collective.



Je fais partie de ceux et celles qui réclament la création d’un ministre du numérique qui engloberait les sujets des enjeux éthiques de l’IA et ceux de la dépense d’énergie de ces systèmes pour une innovation positive. J’ai rédigé VagueIA à l’Elysée pour parler des enjeux du numérique et de l’IA : enjeux de souveraineté, de fracture sociale, de cybercriminalité, de liberté et de démocratie. Sans compréhension de ce que font ces systèmes numériques et d’IA, nous sommes très vulnérables.



La future présidence aura à jouer un rôle important sur l’avenir de la France sur le déploiement du numérique et de l’IA en Europe. Quelle société souhaitons-nous construire pour nos enfants ? Une société allant vers des humains augmentés par l’IA comme aux États-Unis où la vague transhumaniste fait de plus en plus d’adeptes ? Une société de surveillance et de notes morales grâce à l’IA comme en Chine ? Ou une société utilisant une IA respectant l’humain ?

Nous connaissons mal les pouvoirs de ces outils et les véritables guerres économiques que se livrent les industriels et lobbyistes. Laisser les géants du numérique décider à notre place n’est pas responsable, nous avons besoin d’un gouvernement ayant des compétences et une vision démocratique du sujet du numérique et de l’IA pour lancer des innovations positives respectant nos valeurs en France et en Europe.

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