Vudailleurs.com

LE DESAMOUR DES PRESIDENTS DE LA REPUBLIQUE

Des Français détestent le président actuel, comme ils ont détesté le précédent, et comme ils ont détesté l’antépénultième. Se multiplient ainsi pamphlets et caricatures car  « s’il est dur de haïr tout seul, à plusieurs c’est un vrai plaisir ».

Les conditions de leur élection sont-elles la cause d’un désamour précoce ?

La désillusion pour M. Sarkozy, élu comme un messie (« Ah, je l’ai trop aimé pour ne le point haïr »), l’erreur pour M. Hollande, élu uniquement pour punir son prédécesseur (mais « Peut-on haïr sans cesse et punit on toujours ? »), « La méprise » pour M. Chirac, élu par défaut, expliquent et justifient assurément les « intermittences du cœur » des électeurs.

Francis Bacon (1561-1626) écrivait : « Il y a trois sortes d’ambition : la première, c’est de gouverner un peuple et d’en faire l’instrument de ses desseins; la seconde, c’est d’élever son pays et de lui assurer la suprématie sur tous les autres; la troisième, c’est d’élever l’humanité tout entière, en augmentant le trésor de ses connaissances ». C’est surtout à la première que répondent les candidats à la présidence de la république, parfois, mais à peine, à la seconde. Quant à la troisième elle est réservée aux hommes d’exception : un par siècle !

Les élections sont devenues un spectacle, évidemment télévisé, comme un match de boxe quand il s’agit de la présidentielle, de football quand il s’agit des législatives. Nous sommes bon public et le « look » l’emportant sur le raisonnement, inutile de nous plaindre ensuite d’hériter de ludions.

Animés d’un « désir immodéré de gloire », couronnement de leur très longue carrière et de  « l’épopée de soi », ces candidats pensent-ils sincèrement : « être utile aux hommes ! Est-il bien sûr qu’on fasse autre chose que les amuser, et qu’il y ait grande différence entre le philosophe (l’homme politique) et le joueur de flûte ? Ils écoutent l’un et l’autre avec plaisir ou dédain, et demeurent ce qu’ils sont. . » (Lettre de Diderot à Voltaire, 19 février 1758).

Le désamour, le ressentiment, parfois l’agressivité visent aussi les élus du second rang qui accusent alors leurs contestateurs de « populisme », de « poujadisme », oubliant la cause (avantages anormaux ou négligences fiscales) pour s’indigner de la conséquence (l’exigence de transparence pour les élus (1) et l’exaspération que les révélations suscitent).

La caricature leur est intolérable, sachant cependant qu’elle est depuis toujours l’expression inépuisable des déçus. On rit aujourd’hui encore – à la représentation d’une pièce jouée au théâtre Montparnasse et intitulée la colère du tigre – d’une boutade attribuée à Clemenceau selon laquelle « La moitié des politiciens n’est capable de rien, l’autre moitié est capable de tout ».

Boutade seulement, car la France ne manque pas d’hommes politiques aux qualités incontestables, et sans doute à la morale et à l’éthique irréprochables. Nombreux sont ceux qui font un diagnostic exact de la situation du pays et peu ignorent les solutions au marasme économique, mais « en général, les gens intelligents ne sont pas courageux et les gens courageux ne sont pas intelligents » (De Gaulle).

(1)   Un président de groupe et le président de la prestigieuse commission des finances demandent à l’assemblée nationale de porter plainte contre la « violation du secret fiscal » dont ce dernier a été la « victime ».

G.LEVY

Postez un commentaire

You don't have permission to register
error: Content is protected !!