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L’EQUIPEMENT DES ARMEES: LE DEFI DE LA COHERENCE ET DE LA MODERNITE

 

L’opération Serval a prouvé que l’armée française était capable de projeter très rapidement des hommes et du matériel lourd. Toutefois, des lacunes ont été constatées dans différents domaines où l’aide de nos alliés est indispensable. L’armée française se retrouve donc confrontée à un souci majeur : pouvoir fournir en entraînement et opération un équipement de qualité à nos soldats.

Panorama d’un danger réel qui guette les trois armées à tous les niveaux.

L’armée française s’est illustrée en Libye et au Mali il y a peu. Si nous avons conservé une capacité de projection autonome, notre armée a rapidement révélé ses insuffisances. Nous possédons beaucoup de matériel, mais des critiques fusent. De nombreux rapports parlementaires font ressortir les mêmes problèmes depuis plusieurs années : lacune capacitaire, vétusté et indisponibilité du matériel, report des programmes, frein sur les investissements. Le danger est simple : perdre notre autonomie et nous retrouver dépendants de nos alliés pour mener des opérations de grande envergure. Or, le Livre blanc de 2013 a réaffirmé nos ambitions militaires, tout en maintenant le budget des armées. Il va s’agir donc de faire mieux avec autant.

Lors des opérations en Libye, près de 80% du ravitaillement en vol a été effectué par les Américains. Au Mali, l’armée française a encore dû faire appel à ses alliés afin de palier son déficit d’avions ravitailleurs. En effet, une matinée, sur les 5 C-135 (mis en service en 1964), 3 sont restés cloués au sol. Les militaires tirant le bilan de l’opération Serval s’accordent sur 3 points où se révèle une déficience inquiétante : le ravitaillement en vol ; le transport tactique et stratégique ; la capacité de surveillance. Le cas des drones fait figure de symbole : nous sommes dotés actuellement de drones achetés dans les années 1990 qui ont montré leurs limites. Si leur mission a été menée avec excellence, ce n’est malheureusement pas suffisant pour la pleine efficacité de la surveillance française. Le général Jean-Paul Paloméros insiste même sur leur obsolescence au niveau informatique puisque leur puissance équivaut à un dixième de celle d’un iPhone ! En ce qui concerne le transport aérien, l’armée française fait donc face à des difficultés. Avec des C-160 Transall conçus également dans les années 1960, ces avions accusent la cinquantaine d’années et commencent à engendrer des coûts de maintenance très importants. Aujourd’hui, la France ne peut remplir que 30% de ses contrats à ce niveau, en partie dépannée heureusement par le commandement de transport aérien européen (CTAE) qui permet une mutualisation des flottes de transport de certains pays. Néanmoins, les troupes françaises attendent avec impatience les A-400M dont l’arrivée est prévue durant l’été.

Au-delà de ces exemples concrets tirés de l’opération Serval, il faut avoir une approche globale du problème au niveau des trois armées. Le taux de disponibilité du matériel est évidemment à prendre en compte et les généraux tirent la sonnette d’alarme. Celui des sous-marins d’attaque est d’environ 55%, les flottes d’avions de chasse varient entre 40 et 60% selon l’âge. L’armée de terre fait également face à des problèmes de matériels, notamment dans les munitions et les pièces de rechange. De plus, nos armées se retrouvent face à une double complexité : l’entretien de matériels d’anciennes générations dont le coût de maintenance est de plus en plus élevé, et celui des matériels de pointe dont la technologie a également un coût.

Loi d’Augustine et le risque du « tigre de papier »

La Défense fait face à ce qu’on appelle la loi d’Augustine, du nom d’un ancien secrétaire de l’US Army des années 1970. Norman Augustine constatait une hausse stable, ou une stagnation des budgets de défense tandis que les coûts d’acquisition du matériel militaire, dû à la complexité croissante technologique, sont en hausse exponentielle. Il prenait alors l’exemple de l’aéronautique, où le coût unitaire des avions tactiques se multipliait par 4 en moyenne tous les 10 ans. Il semblerait que sa prédiction soit la bonne, avec un détail à prendre en compte : aujourd’hui, le budget de la Défense n’est pas stable, il a considérablement baissé depuis les années 1990, et il a échappé de peu au scénario Z de Bercy. Autant dire que la loi d’Augustine est plus que jamais d’actualité pour le cas français. Certains analystes considèrent que nous vivons un « désarmement structurel » compte tenu que, même pour une certaine stabilité des crédits alloués, le volume des unités fabriquées tend à diminuer.

Retrouvez la suite de l’article sur http://www.ifrap.org/

Comments

  • joséphine
    juillet 14, 2013

    Nous voulons intervenir dans d’autres Pays pour protéger surtout des intérêts stratégiques, mais seuls les Hommes sont à la hauteur. Cependant une guerre à présent , a besoin de moyens technologiques. Donnons moins à ces Pays, où l’on ne sait où passe l’argent , pour le reverser à notre Armée…..

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