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LES CHEMINS DE TRAVERSE

S’il est un lieu où le handicap est un atout, c’est l’art.

Septième année que Pascal Laillet et Sylvain Rétif ont transformé un modeste garage, dont le meilleur attrait résidait dans son accessibilité, en un studio confortable, aux murs tendus de noir, où les acteurs, danseurs, saltimbanques, se rejoignent pour y mêler leur mixité dans le plaisir et la rigueur.

Parce – qu’à la Bertoche, c’est fastoche, on progresse, on s’éveille, on se parle avec les mots du cœur, les seuls qui soient compréhensibles de nous tous.

Les intermittents du spectacle font appel à d’autres comédiens, pas tout à fait comme les autres, car ce sont des adultes plus ou moins valides, et ils sont beaux à regarder.

 

A la Bertoche, les ateliers sont animés. On chante, on tourne, on danse, on claque des mains. Doucement, le dialogue s’instaure entre toutes ces personnes qui occupent la scène d’une bien jolie façon.

Arthur rejoint le groupe, retardé par les embouteillages. Très vite, il s’intègre à la troupe. Un sourire s’affiche, sur son visage, je le vois très participatif.
Ambiance de Carnaval. C’est du sérieux ! Ici, même si on rit beaucoup, on ne plaisante pas avec la rigueur.

Je me réjouis d’assister à la répétition d’un spectacle extrait des Fables de la Fontaine. Arthur a donc rejoint Alexia, Anne-Laure, Carole, David, Florent, Jason, Joël, Louis, Sandee, Rémy, Samuel, Pascal…

Ce n’est pas toujours facile de suivre le chemin, mais ici,  la bienveillance est palpable. Arthur me voit soudain et s’échappe pour m’embrasser, moi, sa «louve».  Mais très vite, la discipline reprend ses droits. On donne de la voix, on laisse sortir le son, puis on relâche un peu la pression…

Un exploit et tout le monde applaudit. Il y a du plaisir à se côtoyer entre valides et invalides. D’ailleurs, une heure plus tard, on ne sait plus où est le handicap.
Le lendemain, je retrouve Pascal en privé devant un café dans la cuisine. Il m’explique que la Ville du Mans a investi dans la rénovation des locaux, mais que ce n’est pas suffisant pour développer l’association qui est subventionnée à 7% seulement de son budget.  Son statut d’intérêt général permet de faire appel au mécénat d’entreprise et aux dons de particuliers.

Pascal, directeur des Chemins de traverse et ancien professeur d’art dramatique,  met en scène et compose les  dramaturgies.  Le sens de son action est de placer le geste au service de la parole. « Un théâtre pour faire émerger et libérer la logorrhée ».
J’ai moi-même constaté chez mon neveu Arthur, un épanouissement qui me réjouit. Il ne manquerait pour rien au monde, une séance de répétition ou un atelier. La Bertoche a donné du sens à sa vie. Son regard sur l’autre s’est affirmé.

Avant de prendre congé, je demande à Pascal Laillet, s’il a un rêve. Il me confie ce qui lui tient le plus à cœur : voir mettre à jour un statut de l’acteur handicapé.

Je lui réponds qu’effectivement, il serait bien temps que l’état se mobilise pour légiférer dans ce sens. En tant que membre d’une famille concernée, je pense que la souffrance se passerait bien de l’indifférence.

Ne sommes-nous pas tous porteur d’un capital de lumière à mettre au profit de l’autre ?

Saisons de Culture a fait le choix cette année d’offrir à ses lecteurs cette belle histoire qui unit des Hommes, tout simplement, par le lien de l’empathie et de l’émotion.

Mylène Vignon

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