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LES THINK TANKS SONT-ILS LES MAITRES DE L’UNIVERS

En quoi les think tanks contribuent-ils à la production de résultats propices à une meilleure politique publique? Travaillant depuis plus de trois décennies dans ce domaine, j’ai développé un modèle simple basé sur des idées complexes. Les résultats de ce système sont le fruit de quatre facteurs: les idées, les incitations, le leadership, et la providence ou la chance.

Une publication récente de Daniel Stedman Jones Masters of the Universe: Hayek, Friedman, and the Birth of Neoliberal Politics Les Maîtres de l’Univers: Hayek, Friedman, et la naissance de la Politique Néolibérale. Princeton University Press, 2012), aborde tous ces facteurs. Stedman Jones se concentre sur quatre éminentes figures à la source d’idées fondamentales : Ludwig von Mises Karl Popper, et les Prix Nobel F.A. Hayek et Milton Friedman. La citation de Stedman Jones du 21 Avril 1978 tirée d’une apparition de Friedman dans un programme de la BBC de l’époque intitulé The Money Programme (L’Argent au programme), décrit le rôle que ce lauréat du Prix Nobel de Sciences économiques  estime que les intellectuels doivent jouer : « Le rôle des penseurs, je crois, est essentiellement de garder toutes les options disponibles, d’avoir des alternatives, pour que lorsque la force des évènements provoque un changement inévitable, il y ait une alternative possible ».

Sur le plan du leadership politique, Stedman Jones se focalise sur Margaret Thatcher et Ronald Reagan. Peu d’amis de la société libre critiqueront son choix. Ils sont largement reconnus pour leurs contributions à ce qui a permis de stopper l’avancée du socialisme. Quant au rôle des incitations, Stedman soutient que la vision de la libre entreprise est devenue dominante grâce au réseau transatlantique de think tanks, d’hommes d’affaires, de politiciens et de journalistes. Ce réseau a été structuré par la vision et le leadership intellectuel de Hayek, Friedman etc.
Stedman Jones consacre aussi une place importante dans son livre à La Bureaucratie de Mises ainsi qu’à La Société Ouverte et Ses Ennemis de Karl Popper. Il mentionne que ce réseau a bénéficié de la générosité et du leadership d’hommes d’affaires et de leurs fondations, parmi lesquelles: La Fondation Richard Mellon Scaife, La Fondation Earhart, la Charles Koch, La Fondation John M. Olin, et Liberty Fund.

Bien qu’il dédie de nombreuses pages aux fondements intellectuels du néolibéralisme, qu’il définit comme « l’idéologie du libre marché, basée sur la liberté individuelle et une intervention limitée de l’État, et qui met en relation la liberté humaine et les actions d’un sujet rationnel poursuivant ses intérêts personnels sur un marché concurrentiel », Stedman affirme que « la chance, l’opportunisme, et un ensemble de circonstances contingentes, jouèrent le rôle le plus crucial ». Mais quand la chance, la circonstance ou la providence créèrent ces conditions, le réseau était déjà prêt: « d’une entreprise au caractère essentiellement transatlantique, le réseau avait déjà pris une ampleur internationale dans les années 1980, du fait des efforts d’organisations telles que la Fondation Atlas et la Société du Mont-Pèlerin ». Je suis devenu membre de la Société du Mont-Pèlerin en 1980, et président d’Atlas en 1991, voilà pourquoi je lui donne crédit et j’apprécie son analyse.

Il cite par ailleurs une correspondance entre Hayek et Antony Fisher, dans laquelle ce dernier fait un réel effort pour convaincre Hayek que la création des think tanks n’était pas le résultat d’un pur hasard : « Vous mentionnez la ‘chance’ ! … Il ne fait aucun doute que la chance est importante…(cependant) n’y a-t-il pas eu une intention de nos deux parts ainsi qu’une action qui en a résulté [pour lancer un think tank] ? Quel est le poids de la chance ? ». Fisher fonda l’Institute of Economic Affairs en 1957 et Atlas en 1981.

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