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L’INTELLIGENCE ARTIFICIELLE : UN ART DE MAL FAIRE ?

Il n’est encore (mais pour combien de temps ?) d’intelligence que du VIVANT. Seuls les hommes et les animaux sont doués d’intelligence – ce que la science vérifie chaque jour davantage chez « nos amis les bêtes ». C’est donc par un abus de langage que l’on parle d’« intelligence artificielle » (IA). Les machines ont certes des capacités de plus en plus étonnantes, mais c’est toujours par la volonté et l’intelligence des hommes qui leur donnent vie. Sans eux elles ne sont rien.
Qu’est que l’intelligence en effet ? La capacité de créer ? Non, c’est la capacité de s’adapter en permanence à des situations inédites, imprévues ; l’aptitude aussi à transmettre à d’autres les connaissances ainsi créées. Adaptation et transmission : voilà les deux moteurs de l’intelligence. Aujourd’hui, les robots ne possèdent pas une telle intelligence. Ils ne peuvent donner des ordres, lever des armées contre les hommes. Pour cela il leur faudrait une CONSCIENCE et une COMPREHENSION de ce qu’ils font. Ce n’est pas encore le cas.

L’usage du terme « intelligence artificielle » pour qualifier les capacités que les hommes attribuent aux machines traduit de leur part une espèce de FASCINATION pour les prouesses ainsi réalisées. C’est plus fort que lui, l’homme est toujours sidéré devant sa puissance. Pourtant, il faut le redire : toute découverte scientifique ne constitue pas une avancée humaine, tout progrès technique un service rendu à l’humanité. Et dans toute découverte, il y a une part maléfique. Le nucléaire qui sert à nous chauffer peut aussi nous détruire.

La fascination ne doit pas faire perdre la raison aux hommes. Qui doivent réaffirmer que les machines qu’ils inventent sont des OUTILS à leur service, dont ils doivent rester maîtres. Donc pas d’autonomie totale pour les machines. On ne saurait admettre « le gouvernement des choses » ; le gouvernement, même imparfait, doit rester aux hommes. Plaidons ici pour un « nouveau colonialisme », un colonialisme positif, celui des hommes sur ses créations. Notre supériorité sur les machines ne doit jamais être démentie, notre domination jamais prise en défaut.

N’acceptons que les machines QUI RENDENT SERVICE à l’homme, pas à celles qui l’éliminent, juste pour améliorer les profits des entreprises. Prenons l’exemples des caisses automatiques dans les supermarchés. A quoi servent-elles, sinon à bannir du travail des
milliers et milliers de caissières ? Disparition des pompistes aux pompes à essence, disparition des guichetiers dans les postes, des employés dans les banques, etc. Partout l’humain chassé, juste pour gagner un peu de temps (et pas toujours) et plus d’argent (toujours). Le Parisien du jour (18/02/18) nous annonce que les TGV (après les voitures particulières) pourraient être demain pilotés automatiquement. Une expérimentation est prévue dans les mois à venir.

L’autre jour, dans une voiture TGV précisément, à une dame qui se plaignait d’un contrôle des billets, le contrôleur lui répondit : « Ne vous inquiétez pas, bientôt il n’y aura plus de contrôleurs ». Probable. Le poinçonneur (des Lilas ou pas) a disparu des métros, le vendeur de billets à l’arrière des bus RATP, qui faisait binôme avec le chauffeur, aussi.
Bien sûr, l’on dira qu’il y a des machines utiles, qui « ne font de mal à personne », celles qui créent de la musique par exemple ou qui bientôt, nous annonce-t-on, seront capables de détecter les pensées suicidaires. Certes, mais globalement, l’« intelligence artificielle » va détruire des millions d’emplois. SANS NECESSITE. Peut-être multiplier les guerres avec les « robots-tueurs » : on pourra s’entretuer, mais pas pour de vrai. Pour les hommes jamais ensanglantés : quelle merveilleuse invention !(ironique).
Non, décidément, les sociétés sont humaines ou ne seront plus. Les quelques avancées de l’IA ne compenseront jamais les pires menaces qu’elle fait d’ores et déjà planer sur l’humanité

Michel FIZE, sociologue, ancien chercheur au CNRS
Auteur de La Crise morale de la France et des Français (Mimésis, 2016)

Comments

  • Anonyme
    février 13, 2018

    0.5

  • Pelouze
    février 15, 2018

    « N’acceptons que les machines QUI RENDENT SERVICE à l’homme, pas à celles qui l’éliminent, juste pour améliorer les profits des entreprises. Prenons l’exemples des caisses automatiques dans les supermarchés. A quoi servent-elles, sinon à bannir du travail des
    milliers et milliers de caissières ? Disparition des pompistes aux pompes à essence, disparition des guichetiers dans les postes, des employés dans les banques, etc. Partout l’humain chassé, juste pour gagner un peu de temps (et pas toujours) et plus d’argent (toujours). Le Parisien du jour (18/02/18) nous annonce que les TGV (après les voitures particulières) pourraient être demain pilotés automatiquement. Une expérimentation est prévue dans les mois à venir. »

    On est effondré de rire. Ou de tristesse au pays de la rationalité.
    Mon arrière grand père faisait du « profit » avec des taxis en calèche.
    Il a subi le passage aux voitures à moteur thermique en s’adaptant, en particulier en faisant plus d’agriculture et d’élevage toujours pour faire du profit et faire vivre sa famille. Il lui fallut vendre les chevaux, un déchirement. Et une perte considérable comme pour les calèches.
    C’est précisément les personnes qui fustigent le profit dans une posture marxiste voire post marxiste qui nous disent aussi que le travail de caissière est indigne et totalement inintéressant. L’innovation et la technique qui sont les moteurs du capitalisme (et non le profit) vont supprimer ce travail comme tous ceux qui sont dangereux par des robots.
    Et voilà que nos humanistes s’offusquent? Incohérence au coeur de la théorie post marxiste.
    Je ne m’étendrai pas sur la question soulevée. Simplement faire d el’intelligence une caractéristique des systèmes biologiques c’est faire preuve comme pour la conscience d’un animisme quasi religieux. Bien évidemment que l’intelligence n’est pas une caractéristique exclusive des neurones…
    Mais pour comprendre cela il faut faire et étudier la science.

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