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Nicolas Hulot, portrait d’un homme populaire

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Selon une récente enquête Odoxa réalisée pour iTélé et Paris Match, 33% des français sondés voudraient que Nicolas Hulot revienne en politique. Pourquoi ce militant écologiste est-il donc si apprécié ? Voici donc dans ce portrait quelques éléments de réponse.

Une jeunesse marquée par un drame familial

Chevalier des Arts et Lettres, Officier de l’ordre national du Mérite, Commandeur de la Légion d’honneur et même Officier de l’ordre du Lion du Sénégal, Nicolas Hulot a reçu de nombreuses distinctions. Pourtant, il est loin d’avoir eu une enfance facile. Fils de Monique Marguerie Marie Hulot, visiteuse médicale et de Philippe Marie Joseph Hulot, chercheur d’or au Venezuela puis chef d’entreprise, Nicolas Hulot a un frère, Gonzague, et une sœur, Béatrice. A 14 ans, ses parents divorcent. A 15 ans, il perd son père, terrassé par un cancer. Quatre ans plus tard, son frère décide de mettre fin à ses jours le soir de Noël. C’est lui qui découvre le corps sans vie de Gonzague. Il attendra toutefois le lendemain matin pour le dire à sa mère, afin de la ménager. C’est donc sur ce lourd passé que Nicolas Hulot a du se construire.

Un photographe téméraire

Nicolas Hulot enchaîne les petits boulots. Après avoir été plagiste, moniteur de voile et serveur, il devient photo-reporter. En 1973, il est engagé par le fondateur de l’agence de presse Sipa. Trois ans plus tard, il n’hésite pas à se rendre au Guatemala où un tremblement de terre vient de faire 20 000 morts, puis en Afrique du Sud, où il réalise un reportage avec le navigateur Eric Tabarly. En 1977, il se plonge également dans l’ambiance de la guerre d’indépendance de la Rhodésie. Là, il interviewe le Premier ministre de l’époque, Ian Smith. L’année suivante, ses efforts ne sont malheureusement pas récompensés. Après avoir été en planque pendant 46 jours dans une voiture stationnée devant le domicile du baron Empain, alors enlevé, il s’absente lorsque ce dernier est libéré par ses ravisseurs. Bilan : il rate le cliché qu’il attendait. Nicolas Hulot est aussi connu pour avoir été l’un des premiers à se trouver sur les lieux de la fusillade où Jacques Mesrine a trouvé la mort en 1979. Il refusera de photographier celui qui était considéré comme l’ennemi public numéro un au début des années 70 pour ses braquages et ses évasions. Téméraire, Nicolas Hulot se fixe des limites et ne souhaite pas devenir célèbre par tous les moyens. Ce cliché de Mesrine aurait pourtant pu lui apporter de la notoriété, ce qu’il refusa.

Engagé pour la protection de la nature

Né en 1955 à Lille, Nicolas Hulot cumule les étiquettes : journaliste reporter, animateur producteur, écrivain. Il se fait connaître au travers de son émission Ushuaïa, à la suite de laquelle il s’investit davantage pour protéger l’environnement. En 1990, il crée la Fondation Ushuaïa qui changera de nom cinq ans plus tard pour finalement devenir en 2011 la Fondation pour la nature et l’homme. Dès 1992, il teste avec Gérard Feldzer (à l’époque commandant de bord chez Air France) le dirigeable de Didier Costes, le Zeppy 2, avec sa dérive flottante « chien de mer ». Les deux pilotes se montreront satisfaits de l’appareil et du chien de mer. L’expérience avec les dirigeables se poursuit l’année suivante. Le duo tente cette fois de traverser l’Atlantique depuis l’Espagne avec un dirigeable à pédales à propulsion électrique d’origine solaire et musculaire. L’aventure s’arrête après 1 500 km, pas très loin des îles du Cap vert. Comptant sur ses « partenaires fondateurs » (EDF, TF1, l’Oréal), les projets de la fondation se sont enchainés. L’écologiste tente également de rapprocher l’Homme et la biodiversité au travers de ses actions et des évènements qu’il organise. Il a lui-même proposé l’idée d’inclure une charte de l’environnement dans la Constitution, ce qui est réellement le cas depuis mars 2005. En décembre 2012, il est même nommé « envoyé spécial pour la protection de la planète » par le président de la République François Hollande, une mission bénévole dont le but principal est de « sensibiliser, informer et mobiliser la communauté internationale sur la crise écologique ». On le retrouve bien évidemment à l’occasion de la COP 21 où il lance un appel aux chefs d’Etats le 7 octobre 2015 : « Chefs d’Etat, osez ! ».

Apparitions en politique

En novembre 2006, il candidate à l’élection présidentielle de 2007 pour donner un poids aux questions écologiques urgentes dans la campagne électorale. Une action plutôt réussie puisque 740 300 personnes (au 24 mai 2007) et 5 candidats à la présidentielle sur 12 signent son Pacte écologique dont Ségolène Royal, Nicolas Sarkozy et François Bayrou. Il retire donc sa candidature dès janvier 2007. En mars 2011, il revient sur le devant de la scène à la suite de l’accident nucléaire de Fukushima, se déclarant être pour l’organisation d’un référendum sur le nucléaire. Il dit à l’époque avoir « la conviction » que le pays doit « sortir du nucléaire ». La catastrophe japonaise a nourri ses propos et l’a motivé à déposer sa candidature à la primaire écologiste de 2011 en vue de l’élection présidentielle de 2012. Malgré des sondages positifs, il s’incline devant Eva Joly, récoltant 41,34% des suffrages au second tour.

Un homme controversé

Si Ushuaïa a convaincu le public, cela n’a pas été le cas de son film « Le Syndrome du Titanic », sorti fin 2009. Véritable flop, cet échec perturbera beaucoup le principal intéressé, expliquant se sentir perdu. Malgré les apparences, Nicolas Hulot n’est pas apprécié de tous. Qualifié d’homme à femmes, plusieurs fois marié et divorcé, « l’animateur multiplierait les nombreuses conquêtes », selon la journaliste Bérengère Bonte, auteur de la biographie intitulée Sain Nicolas. Si l’on en croit les propos tenus à l’époque par son épouse Florence Lasserre et repris par la journaliste, Nicolas Hulot ne serait pas non plus un écologiste modèle : « Il rencontre des scientifiques, il brasse des idées. Moi, je les applique au quotidien. Et honnêtement, de ce point de vue-là, ce n’est pas un bon élève. Ce n’est pas lui, par exemple, qui va faire du compost. Il a du mal à trier son verre. ». Une image bien surprenante du personnage. Un rapport parlementaire datant de 2011 se pose également la question de la crédibilité de l’écologiste et de sa fondation. Les députés écrivent notamment : « EDF est une entreprise de pointe dans le secteur nucléaire. Quant à L’Oréal, elle est classée parmi les groupes de cosmétiques dont les produits font l’objet de tests sur les animaux, au grand désarroi des opposants à la vivisection. Dès lors, comment interpréter, par exemple, la position très mesurée de Nicolas Hulot sur l’énergie nucléaire ? Quel poids donner à sa parole sur les activités principales de ses deux administrateurs ? ».

Malgré tout, l’ambassadeur pour le climat de la France s’est montré très engagé lors de la COP 21 et personne ne peut fermer les yeux devant ses actions pour préserver l’environnement. Si un tiers des français sondés voudrait que Nicolas Hulot revienne en politique, c’est peut-être une façon de saluer son engagement pour le climat et sa transparence politique, l’écologiste étant moins intéressé par un poste prestigieux que par l’impact de ses actions.

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