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Rassembler bien sûr , mais pour quoi faire ? La deuxième condition de la victoire , c’est de savoir répondre de manière convaincante aux questions qui hantent les Français et qui entretiennent aujourd’hui la morosité ambiante.

« ON AURA COMPRIS QUE J’AI ENVIE DE PARTICIPER A CETTE BELLE CONSTRUCTION » ALAIN JUPPE

 

Rassembler bien sûr , mais pour quoi faire ? La deuxième condition de la victoire , c’est de savoir répondre de manière convaincante aux questions qui hantent les Français et qui entretiennent aujourd’hui la morosité ambiante.

Pour les gouvernements, les rentrées sont rarement paisibles. Celle qui vient risque d’être particulièrement agitée.

Le monde autour de nous est secoué de terribles crises. Dans le voisinage oriental de l’Union Européenne, le Président Poutine applique méthodiquement sa stratégie de reconstitution de l’empire perdu. Il a fallu du temps avant que les 28 se décident à créer un rapport de forces de nature à faire réfléchir la Russie, sans pour autant fermer la porte au nécessaire dialogue. Rien n’est réglé pour autant. Quant au Proche-Orient, c’est un épouvantable chaos , et un chaos durable. La France et l’Europe ne peuvent y assister en simples spectateurs, ne serait-ce que parce que leur propre sécurité est en jeu.

Dans un tel contexte, nous aurions besoin d’une France forte, capable d’entraîner une Europe active. Ce n’est hélas! pas le cas.

Le Président de la République et son Premier Ministre ont perdu la confiance des Français. Trop d’engagements répétés n’ont pas été tenus, telles l’inversion de la courbe du chômage ou la reprise de la croissance. Le sentiment que le pays n’est pas conduit selon un cap clairement fixé mais que le pilotage se fait à vue s’est peu à peu installé dans l’opinion . Les divisions de la majorité parlementaire ajoutent à la confusion : les Verts ont quitté le navire , les radicaux de gauche menacent de le faire  et « la gauche de la gauche » conteste ouvertement la politique gouvernementale.

L’opposition parlementaire, quant à elle, sort à peine d’une période de fortes turbulences. Avec Jean-Pierre Raffarin et François Fillon, grâce au concours efficace de Luc Chatel et de son équipe, nous nous attachons à remettre de l’ordre dans la maison UMP et à préparer un congrès qui, fin novembre, début décembre, donnera la parole à nos militants et leur permettra d’élire en toute transparence un Président capable d’insuffler au Mouvement un nouvel élan.

S’approchera alors l’échéance de l’élection présidentielle. Nous devons la gagner pour sortir la France du marasme où elle stagne aujourd’hui. Ce n’est pas acquis!

La première condition sera de rassembler dès le premier tour les forces de la droite et du centre autour d’un candidat capable d’affronter le Front National d’un côté et le PS ou ce qui en tiendra lieu de l’autre. Si nous nous divisons, l’issue du premier tour devient incertaine et les conséquences sur le deuxième tour imprévisibles.

Pour parvenir à une candidature d’union, une méthode s’impose : l’organisation de primaires largement ouvertes à toutes celles et tous ceux , inscrits ou non dans un parti, qui ne veulent ni de la France barricadée sur elle-même que leur promet le FN ni de ce qu’est devenue , faute d’adaptation aux réalités du monde actuel , l’idéologie socialiste . Le principe de ces primaires est inscrit dans les statuts de l’UMP , massivement ratifiés par nos adhérents . Leur esprit est en harmonie avec la culture d’une démocratie nouvelle qui se développe sur le terrain et qui a encore du mal à émerger au niveau national . Il faut se mettre à la tâche et commencer à en préparer les modalités , avec toutes les garanties d’impartialité et d’ouverture qui s’imposent . L’UMP doit , pour cela , tendre la main à ses partenaires naturels et créer le climat de confiance nécessaire.

« ON AURA COMPRIS QUE J’AI ENVIE DE PARTICIPER A CETTE BELLE CONSTRUCTION » ALAIN JUPPE

Rassembler bien sûr , mais pour quoi faire ? La deuxième condition de la victoire , c’est de savoir répondre de manière convaincante aux questions qui hantent les Français et qui entretiennent aujourd’hui la morosité ambiante.

Et d’abord, comment faire entrer la France (et l’Europe dont nous sommes et resterons  étroitement solidaires) dans une nouvelle période de croissance ou dans une période de nouvelle croissance? C’est la clef. Sans croissance, il n’y aura pas de rétablissement durable des comptes publics . Sans croissance, il n’y aura pas d’inversion de la courbe du chômage et de création d’emplois. Certes la croissance ne se décrète pas. Mais chacun voit bien qu’au delà des savants débats de spécialistes sur le bon dosage entre la politique de l’offre et la politique la demande, le facteur déclenchant sera le retour de la confiance des acteurs économiques, investisseurs et producteurs, consommateurs et exportateurs. Et la confiance se construit sur l’apaisement des tensions inutiles, sur la visibilité et la stabilité des politiques publiques , sur le dialogue dans le respect entre les partenaires . Sur ces bases , reste à construire un programme concret d’allègement du fardeau fiscal, financé par un programme réaliste de maîtrise des dépenses publiques ainsi qu’un programme ambitieux de simplification des normes en tous genres qui asphyxient la production.

Nouvelle période de croissance , ai-je dit. Mais tout autant période de nouvelle croissance. La croissance de demain ne ressemblera pas à celle des Trente Glorieuses. Elle sera plus économe des ressources rares , elle se nourrira des progrès exponentiels des techniques de l’information , elle permettra une nouvelle relation entre le temps du travail et le temps « autre », elle exigera une véritable révolution culturelle dans l’organisation de nos filières de formation,   etc… Bref tout passera par l’innovation.

J’entends aussi s’exprimer une autre inquiétude : comment assurer la pérennité d’un modèle social français qui traduit en actes le beau principe de solidarité auquel nous tenons tous … en évitant les dérives et les abus qui en menacent les délicats équilibres, tout en plongeant parfois ceux qui s’y adonnent dans une humiliante culture d’assistanat? Je ne vois de solution que dans l’affirmation claire que solidarité et responsabilité doivent aller de pair, dans toutes les branches de notre protection sociale, vieillesse , maladie , famille , chômage , demain de plus en plus dépendance. La responsabilité signifie par exemple que l’âge du départ à la retraite ne peut pas ne pas tenir compte des progrès de l’espérance de vie ; ou bien encore qu’à condition que s’amorce le reflux du chômage , les modalités de son indemnisation doivent inciter davantage à la reprise du travail ; ou bien encore qu’à l’hôpital le développement des traitements ambulatoires est un progrès tant pour la santé du patient que pour celle de  la « Sécu ».

Je voudrais enfin que nous répondions à une troisième question lancinante qui tourne dans la tête de nos compatriotes et qui fuse parfois avec violence : « Quelle France allons-nous laisser à nos enfants ? Ressemblera-t-elle à celle que nous avons reçue de nos parents ? Ne sommes-nous pas en train de perdre notre âme? » J’ai essayé d’apporter des éléments de réponse à cette question dans le chapitre: « L’identité heureuse » de l’ouvrage collectif qui paraîtra début septembre chez Flammarion sous le titre : « Les douze travaux de l’opposition ». J’y renvoie mes lecteurs.

J’ai conscience que les quelques réflexions qui précèdent méritent d’être travaillées et approfondies. Ce n’est qu’une modeste contribution à l’élaboration du projet qui demain peut et doit redonner confiance aux Français, confiance en eux-mêmes, confiance dans le monde qui change autour de nous, confiance surtout dans la France qui , malgré toutes les difficultés du moment présent, dispose d’atouts magnifiques pour réussir dans le monde qui vient.

On aura compris que j’ai envie de participer à cette belle construction. C’est pourquoi j’ai décidé d’être candidat, le moment venu, aux primaires de l’avenir. Il reste moins de deux ans pour les organiser (car le bon sens voudrait qu’elles aient lieu au printemps 2016). C’est un bon délai.

Comments

  • OGER. NIVARD
    août 21, 2014

    Vouloir faire du nouveau avec des politiciens qui ont déjà fait leurs « non preuve  » sera contre productif.Ils ont été de très mauvais visionnaires doublés de mauvais gestionnaires par le passé…. pourquoi leur ferions nous confiance ? Ils ne sont pas suffisamment désintéressés par le pouvoir et les forces de l’argent pour agir au mieux des intérêts de la France et des francais. Le peuple est exsangue mais non dénué de bon sens.
    On a donc bien compris ce qui les motive !!!!!

  • ROBERT, Philippe
    août 21, 2014

    Cher Monsieur Juppé,

    je vous connais de longue date et j’avais même, à une certaine époque révolue reçu un coup de fil de Matignon qui s’inquiétait de savoir qui j’étais pour vous interpeller gentiment à propos d’un passage à la télévision où vous ne m’aviez pas semblé très à l’aise. Mais bon. Aujourd’hui, vous vous posez en sauveur de la République dans un texte trop long et filandreux (sic !) qui en dit long sur votre personnalité. Vous n’avez pas changé, vous êtes demeuré un étatiste qui ne jure que par l’Etat, encore l’Etat, toujours l’Etat ! Dans le monde d’aujourd’hui, c’est moins d’Etat, encore moins d’Etat, toujours moins d’Etat qui sauvera la France et les Français. De la lucidité devant les faits, un sang nouveau, de l’humilité mais de la constance dans l’action et du courage politique sont les seuls ingrédients qui, aujourd’hui, permettront à la France de recouvrer dignité et prospérité. Les Français ont compris que la politique à la papa c’est fini et que leur dernière chance d’entrer dans le monde nouveau consiste à en accepter les règles et à prendre leur destin à bras-le-corps. Bon courage.

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