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PARTI LIBERAL DEMOCRATE : LIBERTE D’EXPRESSION, CHICHE ?

Le Parti Libéral Démocrate salue l’immense mobilisation des Français en mémoire des victimes des attentats, et les nombreuses prises de parole en faveur de la liberté d’expression. Ne laissons pas ce vibrant appel céder la place à un renforcement rapide de l’Etat sécuritaire au détriment des libertés, notamment avec un « Patriot Act » à la française. Ce serait rendre un bien mauvais hommage à Charlie Hebdo.

Chacun cite volontiers cette phrase que Voltaire n’a jamais écrite ni prononcée : « Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai pour que vous ayez le droit de le dire ». Elle évoque les pamphlets républicains imprimés à la barbe des censeurs royaux. Mais quand il s’agit de la mettre en pratique de nos jours, on l’oublie soudain.

Depuis quarante ans, nos gouvernants se sont mis en tête d’éradiquer la bêtise. Après la loi Pleven de 1972 condamnant les propos discriminatoires, les lois Evin, Gayssot et bien d’autres ont achevé de quadriller le champ du dicible et de judiciariser le débat public. Il se murmure que le gouvernement pourrait modifier la loi de 1881 sur la liberté de la presse pour mieux «réguler» Twitter. Les procès en diffamation, où la présomption d’innocence est scandaleusement bafouée, se multiplient. Nulle surprise que la France soit le quatrième pays le plus souvent condamné par la Cour européenne des Droits de l’Homme pour violation de l’article 10 protégeant la liberté d’expression – derrière la Turquie, l’Autriche et la Russie…

Ce corpus juridique est aujourd’hui heureusement peu utilisé, hormis par quelques associations spécialisées et personnalités procédurières, mais il définit un cadre potentiellement très dangereux. Si ces lois étaient appliquées à la lettre, rares sont les écrits ou les paroles qui échapperaient à la justice. Danièle Thompson confiait qu’on ne pourrait sans doute plus tourner Rabbi Jacob aujourd’hui. Christian Clavier pense qu’il serait impossible d’écrire La Cage aux Folles. En rentrant en France après dix années passées à l’étranger, Michel Houellebecq déclarait : « Je rentre dans un pays beaucoup moins libre que celui que j’ai connu il y a dix ans (…) On ne peut pas nier un affaissement global de la liberté dans ce pays. »

Peut-on rire de tout ? Oui. Peut-on tout dire ? Oui – dans la mesure où l’on ne cause pas de dommage à autrui (diffamation, incitation à la violence…)Car le danger qui nous guette, c’est de nous installer dans une forme molle et diffuse d’autocensure perpétuelle. Au nom du respect de l’autre, au nom de la tolérance, au nom des meilleures intentions, on s’interdit et on interdit. Retenons cette leçon de Salman Rushdie : « Qu’est-ce que la liberté d’expression? Sans la liberté d’offenser elle cesse d’exister. »

Libérons-nous de ce carcan pour assumer pleinement nos valeurs. Martelons, dans la lignée du plus grand philosophe de la liberté d’expression, John Stuart Mill, que la raison ne doit pas avoir peur de son contraire. Face à l’erreur, argumentons. Devant l’imbécillité, tournons en dérision. Au venin et aux insultes, opposons une dignité tranquille. Notre démocratie sortira renforcée d’un retour à une vraie liberté d’expression.

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