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Politique américaine : la pseudo-lutte contre les armes

armes

 

En ce qui concerne les armes, les Etats-Unis ont une politique très particulière. Près de 33 636 personnes ont en effet été tuées par balle en 2013. On aurait pu croire que des mesures sévères allaient se mettre en place rapidement pour faire cesser ces morts inutiles. Mais la réalité est bien différente.

Des faits courants qui se banalisent

Alors que dans d’autres pays le port d’armes est assez limité, aux Etats-Unis, il est aussi normal d’avoir une arme chez soi qu’un pot de fleurs sur une table. En soi, il n’y a rien de dérangeant au fait que des citoyens ressentent le besoin de se protéger. En revanche, ces objets ont été à ce point banalisés que de très nombreuses fusillades éclatent aux USA pour des motifs très légers (un désaccord, un règlement de comptes, un simple accident, un enfant qui jouait avec alors qu’il était chargé,…). En 2014, on comptait 12 562 morts et 23 015 blessés. A la mi-septembre par exemple, un professeur d’une université du Mississippi, l’université Delta State, est tué par balle. Moins d’un mois après, le 1er octobre, un jeune homme entre sur le campus de l’Umpqua Community College et se dirige vers les salles de cours. Il tuera neuf personnes en les choisissant méthodiquement avant de trouver lui-même la mort lors d’un échange de coups de feu avec la police. Suite à ce tragique évènement, le président Barack Obama a souligné la « triste routine » que constituent ces fusillades. Mais que fait le gouvernement pour lutter contre ce fléau ?

Un débat qui suscite des avis mitigés

Le sujet des armes à feu a déjà été remis sur la table de très nombreuses fois. En août, le meurtre en directde deux journalistes de la chaîne WDBJ7 avait choqué les populations bien au-delà des frontières des USA. Les assassinats, motivés vraisemblablement par le fait que les deux victimes auraient tenu des propos racistes envers le tueur, n’ont cependant rien changé à la politique du gouvernement. En octobre dernier, Barack Obama s’est adressé à l’ensemble des citoyens américains en déclarant : « Ce soir, je veux demander aux Américains de réfléchir à ce qu’ils peuvent faire pour que notre gouvernement fasse évoluer la loi. Pour sauver des vies. Et laisser les jeunes grandir. ». A plusieurs reprises, il avait déjà tenté de durcir la législation sur les armes. En vain. Il dénonce lui-même « l’inaction » politique imposée par la majorité républicaine du Congrès en rappelant que « Permettre ces fusillades est un choix politique ».

Pourquoi les politiciens ne réagissent-ils pas ?

D’après le deuxième amendement de la Constitution des Etats-Unis, le port d’armes est un droit pour tout citoyen américain. Aussi incompréhensible soit la situation, la plupart des tentatives qui ont été menées pour mettre à mal ce droit ont échoué. En février par exemple, le Bureau of Alcohol, Tobacco, Firearms and Explosives (BATFE) avait demandé une éventuelle révision du statut des balles M855 mettant en avant le fait qu’elles pourraient perforer les gilets pare-balles des forces de l’ordre. En prônant la sécurité de la police, une interdiction aurait dû pouvoir être mise en place. Aux USA, on est cependant bien loin de la logique. En effet, une loi votée en 1986 interdisait déjà ces munitions, excepté dans un « cadre sportif ». Suite à cette affaire, les élus ont rappelé avec vigueur que les munitions M855 étaient les plus utilisées dans le pays pour charger l’arme la plus populaire des Etats-Unis : le fusil AR-15. D’après Le Monde, le BATFE avait reçu en quelques semaines plus de 80 000 commentaires, majoritairement contre la révision du statut des M855. Ce qui en dit long sur les pressions subies dès qu’on touche au dossier sacré des armes.

Les Républicains, les seuls à vouloir éviter le contrôle des armes ?

L’affaire n’est pas si simple. En effet, tous les Républicains ne sont pas contre cette lutte. En 1981, un ancien conseiller de Ronald Reagan, James Brady, est grièvement blessé lors d’une tentative d’assassinat du président. Paralysé, il militera ensuite pour le contrôle des armes à feu jusqu’à décéder en 2014 des suites de ses blessures. On note également un engagement prononcé pour l’ancien maire républicain de New York, Michael Bloomberg. Côté démocrates, le constat est identique : ils ne sont pas tous partisans de la lutte anti-armes. Rappelons qu’à la fin de l’année 2012, un nouvel épisode tragique s’était déroulé aux USA : la tuerie deSandy Hook. Dans le Connecticut, un homme avait assassiné sa mère avant de se rendre dans une école primaire et tuer 27 personnes dont 20 enfants. Le président Obama avait tenté à l’époque d’encadrer les armes à feu. C’est bien cette fois l’opposition de 15 démocrates qui a mis fin au projet en avril 2013. Depuis janvier 2015, les choses sont claires. Le Parti républicain contrôle les deux chambres du Congrès. Bilan : interdiction de proposer la moindre réforme sur cette thématique. En octobre dernier, le Huffington Post révélait l’état d’esprit des différents candidats en tête des sondages pour l’élection présidentielle de 2016. Pour le républicain Donald Trump, « les opposants aux armes essaient de faire peur avec des termes comme « armes d’assaut » ou « armes militaires » mais il ne s’agit que de semi-automatiques comme en ont des dizaines de milliers d’Américains ». « Les gens qui respectent la loi devraient pouvoir avoir les armes qu’ils veulent. Le gouvernement n’a rien à voir là-dedans ». Une opinion qui en dit long sur le dur combat que représente la lutte contre les armes aux Etats-Unis…

La NRA note les candidats aux présidentielles

La National Rifle Association (NRA), lobby américain des armes à feu, soutient plusieurs candidats aux élections présidentielles de 2016. Aucune surprise côté républicain. Carly Fiorina, Marco Rubio et Jeb Bush obtiennent tous les droits la note A de la part de la NRA (et même A+ pour le dernier), ce qui signifient qu’ils sont de fervents défenseurs du port d’armes. A l’inverse, Hillary Clinton et Joe Biden, tous deux démocrates obtiennent un F. Hillary Clinton promet en effet, si elle est élue, de s’attaquer au lobby que représentent les armes. « Je sais qu’il est possible d’obtenir des mesures raisonnables sur les armes à feu pour éviter la violence et empêcher que ces armes ne tombent entre de mauvaises mains », a-t-elle déclaré sur CNN.

La cerise sur le gâteau : une chaîne TV dédiée aux armes

Le port d’armes à feu par des citoyens lambda est un fait généralisé aux USA. Pour autant, on aurait pu espérer que le contexte dramatique des séries de fusillades qui éclatent un peu partout dans le pays puisse ralentir l’émergence de projets comme celui d’unechaîne de télé-achat spéciale armes. GunTV pourrait en effet être lancée prochainement. L’objectif : présenter « de manière responsable » des armes et produits associés qui pourront être commandés par téléphone ou par internet et qui seront livrés chez le détaillant agréé le plus proche. Si aucune livraison ne sera effectuée à domicile, on peut d’ores et déjà craindre un regain d’intérêt supplémentaire pour les armes. Pourtant, la cofondatrice de la chaîne estime qu’il s’agit d’une « opportunité de répondre à un besoin, pas d’en créer un ».

Dans ce contexte, un réel contrôle des armes dans le pays s’avère compliqué. Les partisans de cette lutte risquent fort d’être confrontés à une opposition plus que décourageante.

CV

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