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Présidentielle2017: La médiocrité du personnel politique aspirant au pouvoir suprême Par Michel Fize, sociologue, candidat à l’élection présidentielle, auteur de L’Individualisme démocratique (Ed. L’œuvre, 2010)

La coïncidence des présidentielles américaines et des primaires françaises permet de mettre en parallèle la médiocrité du personnel politique briguant les plus hautes fonctions de l’Etat, tant en France qu’aux Etats-Unis. Vulgarité, grossièreté, inculture (cf. le « Nos ancêtres les Gaulois » de Nicolas Sarkozy), attaques personnelles, atteignent aujourd’hui des sommets. Donald Trump, lâché aujourd’hui par une partie de son camp, est l’exemple magistral de la montée de la bassesse en politique. De mémoire d’Américains en effet, l’on n’avait jamais vu un tel torrent d’ordures langagières se déverser sur un (e) adversaire, de tels coups bas assénés à chaque intervention publique ou télévisée. Voilà donc un homme qui abuse (légalement) du système pour ne pas payer l’impôt, qui tient des propos abjects sur les femmes (cf. sa vidéo de 2005), qui menace les immigrants, et d’abord les Mexicains, des pires tourments s’il est élu, qui promet une politique internationale, notamment arabe, radicale, menant sans conteste au conflit permanent avec une partie de la planète, un homme, disais-je, aujourd’hui investi officiellement par le camp républicain. Mais la médiocrité politique est aussi dans la personnalité des candidats.

Ce n’est pas faire offense à Mme Clinton ou à M. Juppé de dire qu’ils ne font pas rêver ! Il est loin le charisme d’un Kennedy ou d’un De Gaulle ! L’on a beau savoir qu’aux Etats-Unis se tournent en principe vers la politique celles et ceux qui n’ont pas réussi en affaires (Donald Trump faisant ici un peu exception), c’est-à-dire les gens les plus médiocres donc, qui aurait pu imaginer une campagne aussi pitoyable ? Les primaires françaises, qui sont cette fois communes à toutes les formations politiques, à l’exception de quelques-unes, les plus petites, comme le Parti de gauche de Jean-Luc Mélenchon ou le Mouvement des Progressistes de Robert Hue, s’approchent de ce pitoyable américain. Si, chez nous, la vie privée avec ses frasques n’est pas autant déballée sur la scène publique, les discours des candidats ne sont que références aux turpitudes publiques, réelles ou supposées, des adversaires, à leurs « affaires » : affaire Bygmalion et quelques autres pour Nicolas Sarkozy, affaire ancienne, sa condamnation en 2005, pour Alain Juppé.

Question : le reste de leur temps est-il consacré au débat d’idées ? Eh bien non, ou rarement. Quand les attaques personnelles cessent, les manœuvres tacticiennes prennent le relais, ce qui donne des écarts discursifs saisissant. Ici Nicolas Sarkozy se montre le plus performant, pouvant passer d’un discours lepéniste et autoritaire en début de semaine à un discours quasi-gauchiste et larmoyant sur les « déclassés » à la veille du week-end. Ce qui permet de s’interroger sur la véritable nature du « projet » présidentiel du chef des Républicains. Bref, que pense vraiment l’ancien chef de l’Etat ? Rien de sérieux, semble-t-il. M. Sarkozy est un homme qui n’a aucune conviction, aucune direction politique, c’est un « errant » d’idées et de comportements, qui aime sans doute profondément la France, mais, entre nous, est-ce suffisant pour aspirer à nouveau aux plus hautes fonctions de la République ? Quant aux autres candidats de la droite et du centre, à l’exception notable peut-être d’Alain Juppé qui, livre après livre, meeting après meeting, délivre un vrai projet pour notre pays, la clarté et la cohérence des idées ne sont décidément pas au rendez-vous. Autant dire que ces premières primaires de la droite et du centre ne resteront pas dans les annales des grands moments politiques de la France. Il y a fort à parier que les primaires qui vont suivre, celles des socialistes et des écologistes, ne seront pas d’un meilleur niveau. Comme je l’ai expliqué, ici même, dans un précédent papier, les primaires françaises, quand bien même reposent-elles sur une bonne intention démocratique : ouvrir la concurrence politique, rafraîchir la vie publique, ne mènent qu’à une chose : un abaissement général du niveau politique de ce pays.

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