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Qui donc achète de l’or aujourd’hui ? Par Simone Wapler

Subitement, Panama est devenu plus qu’un pays canal ou une étape sur la route de la drogue. Panama domicilie des trusts, des banques, des cabinets de conseils, des comptes à numéro ; des gens s’en servent et de grandes banques européennes commercialisent des montages clé en main avec trust panaméen !

C’est Soros qui aurait organisé la fuite. A moins que ce ne soit les Américains pour embêter Poutine. Ou bien les Illuminati… Les grands médias agitent le chiffon rouge fourni par les illusionnistes.

Payer moins d’impôts est une ambition humaine aussi vieille que la taxation. Plus l’impôt se raffine et se complique, plus les montages deviennent sophistiqués. Quant à la différence entre l’optimisation et la fraude, laissons cela aux juristes et aux gens qui ont les moyens de payer cher des conseils avisés et spécialisés. M. et Mme Michu se contentent de payer et de courber l’échine, faute de pouvoir amortir des honoraires élevés.

La kleptocratie a toujours eu suffisamment de revenus pour se construire des abris et échapper aux lois et aux impôts qu’elle décide d’appliquer aux autres. Cette caste, qui vit de l’argent des autres (le nôtre), adopte des lois qui ne s’appliquent qu’aux autres. En France, la kleptocratie a assassiné la démocratie le jour où l’Assemblée unanime a voté son auto-amnistie concernant le financement des partis. C’était en 1989.

M. et Mme Michu sont bien loin de Panama. Ils sont enquiquinés par les taux négatifs, et les rendements nuls, nouvelles formes de taxation arbitraire décidées en lieu par la noblesse étatique dispensée d’impôts.

Retour gagnant

Tandis que la gangrène des taux négatifs se répand, l’or — la relique barbare — remonte à la surface. Le premier trimestre 2016 fut le meilleur enregistré depuis plus de trente ans.

Il faut dire que le gros reproche fait à l’or par les suppôts de la finance créative ne tient plus ; l’or ne rapporte rien et il coûte, aimaient-ils rappeler. Désormais, l’or est au coude à coude avec un Bund allemand qui ne rapporte rien et qui coûte 0,3% à son détenteur par an où qu’il soit, de Jersey à Panama.

Toutefois si beaucoup d’obligations européennes et japonaises coûtent, il n’en est pas encore de même du bon du Trésor américain. D’où la question : qui préfère l’or au Treasuries ?

Logiquement, ce devrait être M. et Mme Smith ou Michu ou Müller. Pourtant ce n’est pas le cas. Les achats d’or physique sous forme de pièces, de lingotins ou de lingots — pourtant bien supérieurs à ce qu’ils étaient en 2008 — n’expliquent pas la hausse récente des prix.

Ce sont les investisseurs institutionnels (de grandes banques, des fonds spéculatifs, des assureurs) qui sont revenus sur l’or. Nikolaus von Bomhard, de l’assureur Munich Re, le 18 mars dernier parlant d’ajouter de l’or à ses réserves, osait dire : « vous pouvez constater que la situation est grave ».

HSBC, JP Morgan Chase : « achetez de l’or, pas des actions ». ABN Amro, PIMCO : « nous apprécions les obligations indexées sur l’inflation et l’or ». Black Rock… Tous ces établissements viennent d’émettre au milieu du mois de mars des avis favorables sur l’or. Ils ont aussi joint le geste à la parole et le stock d’or des ETF est en forte augmentation sur le trimestre.

Les kleptocrates auraient-ils scié la branche sur laquelle ils sont assis ? La taxation, l’impôt sournois de l’inflation, ils arrivaient à y échapper. Mais si les taux nuls ou négatifs déclenchent une ruée vers l’or et les actifs tangibles, aucun paradis fiscal ne pourra protéger leur argent de la débâcle qu’ils auront suscitée en allant trop loin.

Pour plus d’informations et de conseils de ce genre, c’est ici et c’est gratuit

Rédactrice en Chef de Crise, Or & Opportunités et de La Stratégie de Simone Wapler
Simone Wapler est ingénieur de formation. Elle a travaillé dans le secteur de l’ingénierie aéronautique. Cette double casquette ingénieur/analyste financier est un véritable atout qu’elle met au service des abonnés.
Elle aborde les marchés avec l’oeil du professionnel, de l’ingénieur, de l’industriel, et non celui du financier.
Son expertise, notamment dans le secteur des métaux de base et des métaux précieux, lui donne une longueur d’avance, une meilleure compréhension des vrais tenants et aboutissants du marché des ressources naturelles — un marché par ailleurs en pleine expansion, dont Simone Wapler connaît parfaitement tous les rouages, notamment au niveau de l’offre et de la demande.

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