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Stéphane le Foll : » il faut se hâter vers le soleil »

Stéphane LE FOLL est le maire du Mans Président de le Mans Métropole   et Ancien Ministre

Des crises sanitaires, l’humanité en a connues. La peste, le choléra, la grippe espagnole, le Sida, plus récemment des épidémies de grippe asiatique, puis de Hong Kong, le Sras, Ebola… Dans l’histoire ces grandes pandémies ont produit, selon leur intensité, des conséquences plus ou moins lourdes en termes sociaux et économiques.

La France, depuis le choc de la Covid, connaît d’ores et déjà un retour aux difficultés et aux tensions plus précoce que dans d’autres pays, comme si la levée des contraintes sanitaires faisait exploser les rancœurs et les colères préexistantes. Cette pandémie a percuté de plein fouet les élections municipales au premier tour, repoussé de trois mois le second tour et nous oblige toujours à la vigilance. La situation est donc critique et le remaniement ministériel n’y a rien changé.

Premièrement, il n’y a pas de cause inhérente à un monde mondialisé qui serait par construction responsable des pandémies, elles existaient du temps des frontières, des guerres ; elles existent aujourd’hui ; elles existeront demain. Le mal logement dans les zones denses, la rapidité des échanges et des mouvements de population, c’est certain, sont des facteurs accélérateurs et aggravants. Le réchauffement climatique n’est pas non plus la cause de la pandémie.

Deuxièmement, il serait irresponsable de ne tirer aucune leçon d’un tel événement, mais cela doit se faire
avec méthode et sans se jeter dans le monde d’après avec les certitudes du monde d’avant. Celles des souverainistes et des nationalistes pour le retour aux frontières, la fin de l’Europe, celles d’une gauche prête à céder son internationalisme pour une grosse louche d’antilibéralisme, celles des écologistes qui ont vu avec le confinement le retour de la nature et une montée de fièvre localo-localiste, celles d’une droite pour la fin des 35 heures et le retour au travail comme seule valeur de redressement, celles des libéraux qui vont alerter sur la dette pour éviter de parler de la dépense publique et du rôle de la finance. Chacun va dire qu’il « l’avait bien dit », pour surtout ne pas se réinventer. Quant au président de la République après son remaniement, il sort de l’énigme du « en même temps » par la droite.

Je poserai pour ce qui me concerne quatre principes.

Premier principe : ne pas céder au retour en arrière dans une rechute nationaliste, souverainiste comme ce
fut le cas en 1929. Ce serait le pire des remèdes. Il faut rester internationaliste.

Deuxième principe : il est indispensable de retrouver une part plus grande d’autonomie industrielle pour pallier les dépendances notées pendant la crise, de revoir la place de la santé, de la prévention des crises et aussi pour notre pays de reprendre le chemin de la décentralisation.

Troisième principe : changer notre modèle de financement de l’économie réelle pour éviter un nouvel éclatement d’une bulle financière et retrouver un équilibre fiscal entre revenus du capital et du travail.

Quatrième principe, le plus important : modifier en profondeur notre modèle énergétique. La troisième révolution énergétique est à bâtir, après celle du charbon et celle du pétrole. Avec le réchauffement, le soleil peut devenir notre pire ennemi, il faut maintenant en faire notre meilleur allié au service de la transition énergétique. Il faut se « hâter vers le soleil ». Antoine de Saint-Exupéry avait eu dans Courrier Sud cette magnifique phrase, « quelle hâte invisible pour nous cette course des blés vers le soleil ». Se hâter à notre tour vers le soleil, comme les blés, c’est la clef de la décarbonisation de notre monde et la construction d’un monde durable.

Cette crise va faire des victimes dans de nombreuses filières industrielles, car l’économie c’est une dynamique de flux d’échanges instables ; une fois déconnectés, les réseaux mettent du temps à se reconnecter.
L’aéronautique, la construction navale, liées en grande partie au tourisme, l’automobile, le commerce et la restauration, enfin la culture, l’évènementiel sont durement touchés. Toutes ces filières risquent de laisser sur le carreau de nombreux salariés. Notre économie va donc décroître sévèrement, ce qui va créer le désarroi et le désespoir pour des milliers de nos concitoyens. Le « chaos social » ne peut être envisagé politiquement et l’éviter est la condition que chacun doit s’imposer pour gouverner et changer les choses.

Une chose est sûre, le peuple des gens modestes, salariés du privé, celui que j’appelle la classe moyenne et populaire insécurisée, est à nouveau menacée par la précarisation, les licenciements et le chômage, qui n’est pas un choix politique comme le dit Emmanuel Macron, mais une conséquence d’un dérèglement économique.

L’archipel français théorisé par Jérôme Fourquet, est une réalité, mais au-delà c’est aussi le retour de la fracture sociale et pas simplement, comme souvent répétée, d’une fracture territoriale. La faille s’élargit entre ceux qui sont sécurisés par leur situation financière, le statut protecteur de leur emploi, la qualité de leur vie et de l’autre côté, ceux qui seront avec la crise encore plus insécurisés et confrontés à la dureté du quotidien. Les gilets jaunes et leur revendication de pouvoir vivre jusqu’à la fin du mois étaient un symptôme avant-coureur de ce qui peut surgir en plus grave après cette période. À ce mouvement issu du maintien abrupt de la contribution carbone s’agrège toute la problématique du mal vivre quel qu’il soit, urbain ou rural. C’est un fossé politique infranchissable pour tous les radicaux du clair-obscur coincés entre la lumière anticapitaliste, la décroissance et l’ombre de la crise sociale, des mécanismes de l’économie de marché, des trous budgétaires béants et d’une dette qui dépassera allègrement la production nationale.

Le choix de demain pour la gauche est donc difficile et l’alternative politique ne peut pas être en décalage avec la réalité et les marges disponibles, sauf à rester en dehors de toute adhésion populaire. Car la classe moyenne et populaire insécurisée est lucide sur sa situation, sur celle de l’économie, sur la fragilité des entreprises dans lesquelles elle travaille (petites, moyennes et grandes). Cette classe « insécurisée » ne croit plus dans les politiques de redistribution traditionnelles. C’est pour cela qu’elle est inquiète et cherche des protections sans penser pour autant à changer le système. Elle n’adhère pas aux injonctions comportementales de la classe sécurisée, d’une écologie politique chargée de tourner la page du passé alors qu’elle considère ne pas pouvoir profiter du monde d’avant.

Ainsi, faut-il éviter l’effondrement social et économique du monde d’aujourd’hui. Les outils de la redistribution traditionnels, revenu universel inclus, pêchent par construction, par leur coût et sur l’incomprise valeur travail qui quoi qu’en pensent les tenants de la réduction du temps de travail, reste une valeur d’identité, de dignité individuelle et collective pour ceux qui en ont peu.

Je plaide donc au-delà des mesures sectorielles pour le maintien du chômage partiel le plus longtemps possible avant de retrouver un rythme compatible avec une reprise large du travail et de garder pour les salariés le lien avec l’entreprise.

D’autre part, pour les jeunes qui vont arriver massivement sur le marché du travail en septembre, le gouvernement doit, certes, soutenir l’apprentissage, mais aussi organiser l’alternance, le retour aux emplois aidés et verser le RSA en lien avec un droit complémentaire à la formation ou à un emploi partiel.

Enfin, je plaide aussi pour une action de soutien comme je l’ai fait au Mans aux mouvements associatifs d’aides sociales qui sont « sursollicités » dans la période qui vient.

Le Président et le gouvernement multiplient les annonces (baisse de charge, baisse d’impôts…) avec une valse des milliards, mais cette politique mal ciblée aura des conséquences très négatives de surendettement. La perspective de l’élection présidentielle ne peut pas tout justifier.

L’arrivée de Macron a été marquée par la suppression d’une partie de l’ISF et la mise en place du prélèvement forfétaire unique sur les revenus du capital rompant l’égalité fiscale entre les revenus du travail et du capital.

Voilà pourquoi l’après-crise c’est avant tout des principes nouveaux, une méthode et surtout pas un recyclage de vieilles recettes.

Il faut imaginer, réfléchir, défricher et cela ne peut pas être comme je l’ai lu dans la tribune « au cœur
de la crise, construisons l’avenir », ramasser et ajouter tous les vieux combats des uns et des autres sans
cohérence et sans prise avec la réalité. En faisant cela, la gauche s’éloigne de son électorat.

« La gauche s’est éloignée de ceux qu’elle est censée représenter ».

Les signataires de cette tribune en sont encore à demander la sortie du pacte budgétaire européen. C’est d’autant plus navrant qu’à la sortie de la crise sanitaire, la réalité va dépasser toutes les espérances des thuriféraires du déficit. Le gouvernement annonce un déficit budgétaire de 11 % et plus de 40 milliards pour l’assurance maladie et 30 milliards pour les retraites. La question restera toujours la même, jusqu’où accepter les déficits sans remettre en cause la capacité à emprunter pour construire l’avenir ? Il faut là encore deux principes : premièrement, le pacte budgétaire européen sera caduc, il restera à maîtriser socialement la dépense de fonctionnement pour investir massivement dans la transition énergétique ; deuxièmement, au niveau européen, il va falloir passer progressivement d’une politique d’assouplissement monétaire conduite par la BCE (Banque Centrale Européenne) à une politique budgétaire conduite politiquement par les pays
européens.

Pour les socialistes et les écologistes, cela ne peut pas consister à expier les fautes du passé pour avoir le droit de penser l’avenir. Ceux qui ont signé cette tribune disent qu’avoir gouverné jusqu’ici c’était participer à « l’impasse où nous ont conduits les politiques dominantes depuis quarante ans et le capitalisme financier exige une offensive résolue ». Si je regarde quarante ans en arrière, ce n’est pas une impasse, mais le choix de François Mitterrand que je revendique pour l’Europe en 1983, comme en 1992 avec l’euro. Nous fêterons d’ailleurs les 40 ans du 10 mai 1981 l’an prochain comme les cinquante ans du congrès d’Epinay.

Après les élections municipales qui ont vu une poussée démonstrative de l’écologie dans les grandes métropoles, il ne faut pas oublier les abstentionnistes. Certes l’abstention est liée en partie à la peur de la COVID, mais le silence démocratique d’une grande partie de l’électorat en dit plus long que tous les discours sur l’inquiétude qui guette la classe moyenne et populaire insécurisée.

C’est là que se trouve la clef d’une alternative politique et pas dans une alliance mal pensée ou pas pensée
du tout. L’écologie marque des points et tant mieux, mais elle manque, quoiqu’on en dise, d’assise populaire et ce n’est pas la convention citoyenne qui va changer la donne. Car au sein même de cette mouvance politique les arbitrages ne sont pas tranchés et on voit poindre un débat interne entre Éric Piolle et Yannick Jadot, entre un arc de gauche écologiste humaniste traditionnel et une forme encore indéfinie d’écologie réformiste, les deux hésitant entre croissance et décroissance.

De fait pour les socialistes, avant de décider de ne pas avoir de candidat pour la présidentielle, il faut penser une ligne qui réponde aux enjeux de la durabilité, comme l’avait dessinée à juste titre Gro Harlem Brundtland en 1987, ancienne première ministre socialiste norvégienne dans son rapport à l’ONU.

En politique pour gagner il ne peut pas s’agir que d’alliance, mais d’agir en cohérence. Il ne peut pas s’agir de la place de l’idéal sans prendre en compte la réalité. Il ne peut pas non plus s’agir de faire le choix du confort de l’opposition face aux risques de la responsabilité, mais d’être « dans l’opposition comme si on était au pouvoir ».

Ce sont des vieilles questions et des vieux principes qu’il faut rappeler comme si décidément rien n’avait changé. Le monde d’avant est bien là, avec ses cohortes bien alignées de soldats de plomb.

Il faut sortir des schémas classiques, du modèle de croissance carbonée et du monde de la finance, à l’échelle planétaire, européenne, nationale.

Pour l’après, la clef stratégique est de donner de l’air à notre planète, au fond comme ce fut le cas pendant le confinement, avec une atmosphère vidée de sa pollution carbonée et de le faire par un basculement des énergies fossiles vers les énergies renouvelables.

Ce projet doit être créateur de nouveaux emplois, doit permettre de produire des gains de productivité par l’efficacité énergétique, ne doit pas créer de rupture dans les échanges, doit changer l’économie financière, pour investir dans le développement durable, créer une « croissance sûre » en rupture avec la décroissance comme avec la croissance issue des énergies fossiles. Cette croissance « sûre » doit nous permettre de créer de la richesse pour financer notre modèle social, dans la santé, l’éducation, la culture, l’aide sociale.

Pour cela, l’Europe doit être remobilisée et non pas vilipendée. Car la menace de la récession mondiale doit faire prendre conscience à chacun que notre continent a partie liée. À ce titre la monnaie, l’euro, est un bouclier, les Français le savent, surtout les plus défavorisés. Sans l’euro, avec des déficits budgétaires explosés et une dette dépassant la production nationale, les conséquences seraient simples : perte massive de pouvoir d’achat, effondrement de l’épargne, explosion de la dette, effondrement du pays.

L’emprunt de relance européen est à ce titre une proposition indispensable d’une nouvelle politique écokeynésienne d’investissements en soutenant la santé et le domaine stratégique de la transition énergétique.

La France et l’Allemagne acceptent l’idée d’une politique budgétaire nationale et européenne offensive et la
commission européenne donne des pistes de travail qui sont toutes des petites révolutions. Emprunt européen commun, nouvelles recettes propres pour le budget de l’Europe avec au choix une taxe sur les GAFA, sur le carbone aux frontières, sur les transactions financières ou les plastiques. Le conseil Européen a fini par trouver un accord. Même si cet accord intervient après les atermoiements des pays dits « frugaux », c’est une très bonne nouvelle car il est nécessaire de créer une unité européenne avec une politique de solidarité pour sortir les États de la crise et pour que l’Europe pèse dans la mondialisation.

Dans ce débat qui vise à trouver des recettes propres pour l’Europe, la taxe sur les flux financiers est pour moi la piste la plus fondamentale. En effet la BCE avec sa politique d’assouplissement quantitatif (QE) permet d’assurer la liquidité dont l’économie a besoin, permet des rachats de dettes souveraines, mais soutient aussi indéfiniment les dettes privées qui font que la rémunération du capital mobilier et immobilier est devenue sans risque ou presque. Les indices boursiers ont déjà retrouvé et dépassé leurs niveaux d’avant crise et ils ont progressé en moyenne de 150% depuis la crise financière de 2008. Ainsi à titre d’avertissement, si la capitalisation boursière de Tesla est supérieure à celle de Toyota alors qu’elle produit vingt fois moins de voitures, c’est lié à la politique de la réserve Federal et son soutien aux spéculateurs. Le risque est bel et bien d’avoir une bulle financière qui risque d’exploser à l’avenir.

Il faut récupérer une part de cette « sur valorisation spéculative », par l’emprunt et l’investissement public, car il n’y a pas de risque d’éviction, mais aussi par la taxation sur les transactions financières. Cette recette doit être privilégiée pour être réinvestie par le budget européen. La mise en œuvre de cette taxe avait échoué de peu en 2015 sous le quinquennat de François Hollande. Il faut réactiver les négociations et en faire une priorité pour la France. J’ai bien compris qu’Emmanuel Macron ne le souhaite pas, car cela est contraire à son choix sur les avantages donnés au capital par prélèvement forfaitaire unique et la suppression d’une partie de l’ISF. Pourtant, le retour à l’égalité fiscale entre les revenus du capital et du travail est juste économiquement et socialement. Cette politique européenne doit réellement conduire à une harmonisation fiscale vis-à-vis des grandes entreprises, qui aujourd’hui ne paient pas d’impôts à la mesure des chiffres d’affaires qu’elles réalisent sur le marché unique européen.

Cette politique d’investissement budgétaire doit être prolongée à l’échelle mondiale comme l’a proposé
Dominique Strauss-Khan avec une émission massive de droit de tirage spéciaux (DTS).

J’ajoute que cette fiscalité sur la finance est socialement préférable à toute nouvelle hausse de taxe sur le carbone, même aux frontières comme le souhaitent le Président Macron et son ministre des finances. Le niveau de la fiscalité carbone doit uniquement garantir la compétitivité des énergies renouvelables et ne pas être un impôt indirect supplémentaire qui pèsera sur les revenus du travail. Ce serait pour la classe populaire et moyenne insécurisée une punition de plus, quelles que soient ensuite les intentions, même très généreuses ,de redistribution. Je suis pour l’éco-keynésianisme car je pense que c’est par l’investissement que l’on doit s’en sortir, mais plus par une politique qui consiste à fiscaliser et redistribuer

Enfin le monde financier doit changer pour accompagner la dépense publique d’investissement en favorisant les prêts dans tous les domaines, en changeant les règles prudentielles qui s’appliquent aujourd’hui aux banques et assurances. Alléger les fonds propres pour la part des prêts finançant les investissements verts est une solution, car elle permet d’intégrer aujourd’hui les gains espérés d’une inversion des conséquences du réchauffement climatique avec le « green supporting factor ». De même pour compléter cette politique d’investissement dans le changement de modèle énergétique il faut créer un sur amortissement vert capable de favoriser l’efficacité énergétique industrielle pour baisser le recours aux énergies fossiles. La vraie souveraineté est dans l’économie d’énergie et l’optimisation de notre potentiel énergétique renouvelable (éolien,hydraulique, etc.)

Un grand plan de relance « green new deal » et plus de décentralisation

Pour l’après COVID la priorité sera bien sûr le réseau de santé français au-delà même des mesures prises dans
le cadre du Ségur de la santé (grande concertation avec les acteurs du système de santé). L’Hôpital public, la réorganisation de la médecine libérale doivent être des priorités. Dans ce domaine la responsabilité des collectivités territoriales durant la pandémie a été cruciale et leur rôle demain dans la construction de territoires et de réseaux de soins sera essentiel. La décentralisation d’une partie de la politique de santé avec une responsabilité et une compétence pour les intercommunalités, les départements et les régions doit maintenant être reconnue en particulier pour les investissements dans les maisons pluridisciplinaires de santé, la télé médecine, les centres de santé, la prise en charge des personnes âgées et la coordination des établissements privés publics avec les Groupements Hospitalier Territoriaux.

C’est la même nécessité pour le domaine de l’énergie dont les collectivités dans le droit fil des analyses de Jeremy Rifklin doivent devenir les interlocutrices privilégiées pour définir des territoires énergétiquement neutres en carbone ou mieux, à énergie positive, comme le proposait Ségolène Royal. Il faudra pour cela revoir les critères d’attribution des projets par la commission de régulation de l’énergie pour prendre en compte les réseaux énergétiques des territoires et non pas les opérations prises isolément.

Cela n’aura de sens que si toutes ces innovations trouvent un relais puissant à l’échelle par un grand contrat
de relance de l’économie par le développement durable, comme l’a proposé Martine Aubry.

C’est un appel au gouvernement à sortir du contrat de Cahors pour construire un contrat de confiance
entre l’État, les Régions, les Intercommunalités et les Métropoles.

Pour changer la donne énergétique, il faut « se hâter vers le soleil » en partant des Métropoles. L’énergie solaire, le monde des hommes modernes l’ignore, alors que la nature par la photosynthèse a toujours cherché à l’optimiser.

En tant que Maire et Président de Le Mans Métropole, je mène une politique énergétique avec l’isolation
thermique à large échelle des logements sociaux pour redistribuer du pouvoir d’achat par la baisse des charges et garantir une meilleure qualité de vie. Cela permet également de soutenir les entreprises locales et les emplois locaux et d’accompagner des projets innovants pour isoler et produire de l’énergie. Ces investissements sont l’exemple type de l’Eco Keynésianisme, l’investissement opère directement une redistribution.

À côté de cette stratégie d’économie d’énergie nous avons développé une stratégie de production énergétique en se « hâtant vers le soleil » que j’applique déjà sur la Métropole et le Pays du Mans dans le cadre
d’un plan climat énergie ambitieux :

 

Développer la captation de l’énergie solaire avec toutes les nouvelles techniques de panneaux photovoltaïques, en particulier de films souples et de production française, la mise en route de deux fermes photovoltaïques et d’ombrières sur tous les parkings disponibles avec des branchements électriques pour les voitures et les vélos. La mise en réseau de l’ensemble permettra de développer le stockage de l’électricité produite l’été par la production d’hydrogène. Enfin l’ouverture d’une plate-forme hydrogène pour voitures et bus en lien avec le projet des 24 Heures du Mans de voitures de course à
hydrogène viendra compléter ce dispositif.

Utiliser la géothermie pour capter les calories disponibles dans le sol : nous allons porter le projet d’un chapiteau permanent de cirque avec ce dispositif et soutenir toutes les innovations dans ce domaine.

Concrétiser la bio économie, c’est-à-dire l’économie de la photosynthèse. Pendant cinq ans, ce fut mon ambition en tant que Ministre de l’agriculture avec l’agroécologie, la biomasse, les produits biosourcés, la méthanisation et j’ajouterai la gazéification. En Sarthe, un projet de gazéification d’un entrepreneur innovant permettra au choix de produire du méthane ou de l’hydrogène avec la production de chanvre, gros pourvoyeur de matière végétale. En plus de son utilité énergétique,
cette culture ne nécessite aucun produit phytosanitaire et avec son système racinaire elle permet de stocker du carbone dans le sol. Le soleil fournit l’énergie, la photosynthèse nous permet de stocker du carbone, de l’air et de transformer cette énergie en énergie disponible.

Tous ces projets ont en commun l’innovation, car la révolution énergétique de demain ne se décide pas, elle s’invente.

Les conséquences de la crise sanitaire exacerbent la tension sociale, déjà forte dans notre pays. Pour préparer l’avenir de la France et de l’Europe, calme, sérieux, souci de l’apaisement et du dialogue seront des atouts précieux dans ce moment.

Pourtant, même les leçons et les mémoires qui devraient éclairer le présent, être l’armature de fer du socle républicain, sont devenues l’arme de la division. La gauche ne peut pas entrer dans la guerre des mémoires. Il est impératif qu’elle demeure l’aiguillon vigilant de l’antisémitisme, de l’antiracisme, de la laïcité et de la justice devant l’histoire. De même, la gauche ne doit jamais céder aux violences si elle veut défendre et maintenir l’équilibre social entre les colères, si elle veut garantir l’ordre républicain indispensable à la vie en société. Personne ne peut être absout de sa responsabilité dans l’exercice de
son droit ni dans celui de son devoir.

Ainsi, je crois aux vertus de la social-démocratie, en confortant la démocratie représentative et la démocratie sociale, en renforçant la démocratie locale. C’est pourquoi je milite pour plus de décentralisation et je suis favorable à une réflexion sur les modifications à apporter au quinquennat, qui précipite trop le débat démocratique vers une seule élection, l’élection présidentielle. De nombreuses initiatives politiques sont prises aujourd’hui et elles marquent une volonté de trouver des solutions. Dans ces débats la gauche et les écologistes se cherchent et c’est un point positif, mais pour gagner une élection présidentielle il ne s’agit pas de s’allier, mais de convaincre une majorité de Français sur un projet.

 

« Quelle hâte invisible cette course des blés vers le soleil. » Antoine de Saint-Exupéry, Courrier Sud

 

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