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Thierry Coste: « La ruralité est au-delà des partis »

Sous nos yeux, un monde menace de disparaître. Un monde négligé, souvent méprisé par les responsables nationaux, sans cesse critiqué. Frappé par les préjugés les plus grossiers alors que vingt-deux millions de femmes et d’hommes y vivent et y travaillent. Ce monde, nos campagnes, semble ne compter pour rien depuis trente ans. Ce sont les habitants de cette France des bourgs de moins de deux mille habitants, des villages, des hameaux et des fermes isolées que je veux défendre.

Pour les élites, il faudrait briser la campagne telle que nous la connaissons: rayonnante et indépendante. Les technocrates et les écologistes ont chacun leur plan secret pour faire des villages sans service publics. Des champs sans cultivateurs. Des éleveurs sans animaux. Des campagnes sans ruraux. Un monde sans nous!

Désormais, il faut penser la ruralité au-delà de l’idéologie. Ce moment précis a marqué cette prise de conscience. Nous étions en décembre 1988. Je passais trois jours complets dans la froideur de l’hiver franc-comtois à observer des cerfs en forêt de Chaux. La neige me permettait de suivre les traces et d’approcher les bêtes. Car ces animaux ainsi que les biches sont toujours en hardes, à plusieurs dizaines. J’adorais me mesurer à leur vigilance naturelle en rampant à bon vent, ou en me dissimulant derrière des arbres et des roches pour être à bonne distance et faire de magnifiques observations.

Le soir, devant mon petit poêle à bois , dans une cabane de chasseurs, je me fis le serment de ne plus être dans un seul camp et de travailleur pour tous, quelles que soient leurs sensibilités, de gauche ou de droite. Je trouvais ridicule que le sort du monde rural soit dépendant des alternances politiques. Je voulais faire de l’écologie pragmatique , aider à accompagner des transitions pour les collectivités comme pour les industriels et promouvoir une ruralité dynamique et vivante qui ne se réduise pas à l’agriculture. Je savais déjà que neuf habitants sur dis de nos campagnes avaient d’autres sujets de préoccupation que la production agricole, et pourtant, nos responsables politiques de l’époque pensaient qu’une bonne politique rurale devait avoir une très forte orientation agricole.

Devant mon feu de bois qui crépitait alors qu’un hibou moyen-duc hululait dans la nuit noire, je me répétais plusieurs fois à haute voix: « Plus jamais ça! » , mais je ne voulais plus connaître la paralyse stérile des idéologues

Thierry Coste est auteur « Le plan secret de nos élites contre le monde rural » aux éditions Plon

https://www.fnac.com/a18301255/Thierry-Coste-Le-plan-secret-de-nos-elites-contre-le-monde-rural

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